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Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?

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Gil Roy

Sans le limonadier autrichien, Felix Baumgartner en serait encore au même stade que Michel Fournier. En acceptant de se transformer en homme sandwich, il est devenu le premier homme à franchir le mur du son en chute libre.



Le saut de Felix Baumgartner aurait couté 50 millions d’euros (ou de dollars ?) à Red Bull. Si le chiffre est exact, il est compréhensible que le limonadier qui l’a rendu possible attende un retour sur investissement. Faut-il l’en blâmer ou au contraire, faut-il lui pardonner de nous avoir imposé son logo, pendant des mois, sur toutes les images de la préparation de la tentative de records et bien évidemment pendant le saut suivi en direct, par des millions de téléspectateurs et d’internautes ?

Parmi ces millions d’individus qui ont vécu cette aventure humaine par procuration, il y avait Jean-François Clervoy, Patrick Baudry, Claudie Haigneré ou encore Michel Fournier. Tous se sont exprimés longuement sur l’exploit de Baumgartner, pendant la tentative et dans les heures qui l’ont suivie. Et pour eux, de toute évidence, la question ne se pose probablement pas. Tous en ont rêvé. Certains s’y sont préparés. Fournier y croit encore. Mais tous ceux-là ont du, jusqu’à présent, y renoncer, à cause de problème de financement… public !

Le premier fut le spationaute français Jean-François Clervoy qui avait été désigné dans le cadre du programme S38, lié au projet de la navette spatiale européenne Hermès. Un changement de majorité politique. Un nouveau ministre de la défense. Un directeur de cabinet opposé. Et le projet est passé à la trappe, en 1989, alors que la nacelle avait été construite et que le sauteur était prêt. Quant à Michel Fournier, depuis la fin des années 80, il promène son projet à travers le monde, en quête de mécènes.

Le fait que le premier homme à avoir passé le mur du son en chute libre ait pu le faire grâce à un vendeur de soda, démontre la dépendance actuelle de la recherche scientifique aux financements privés. Les états n’ont plus d’argent, ni surtout la motivation. Il faut aller chercher les fonds, là où ils se trouvent, là où il existe des entreprises prêtes à investir. En d’autres temps, la NASA aurait financé le projet d’un avion spatial. Au XXIème siècle, c’est un milliardaire du nom de Richard Branson qui s’en charge.

Comparé au projet S-38 de la France des années 80, le programme Red Bull Stratos de 2012, apparaît moins scientifique et plus ludique. Ce n’est en fait qu’une question d’habillage. Car à la sortie, la communauté des scientifiques devraient recueillir autant d’informations utiles pour les développements en cours des avions suborbitaux que si le saut avait été financé par un ministère quelconque. Sauf qu’un logo de marque a été substitué à un drapeau national.

Personne ne nous fera croire que la motivation première de Baumgartner était évidemment d’enrichir les connaissances scientifiques en la matière. Pas plus que les constructeurs aéronautiques et les compagnies aériennes ont vocation à sauver la planète du réchauffement climatique. Le premier s’était mis en tête de relever un défi personnel. Les seconds tentent de faire du profit en vendant des avions de ligne et en transportant des passagers d’un point à un autre.

Red Bull Stratos n’échappe pas à la dictature du politiquement correct. Baumgartner a suffisamment de cran pour s’attaquer au mur du son protégé d’une simple combinaison, mais pas assez toutefois pour admettre qu’il le fait pour son plaisir exclusif. Ce n’est pas un reproche, mais une simple constatation. Il a eu besoin d’une légitimité scientifique. Et comme ce garçon l’a prouvé, il ne fait jamais les choses à moitié. Il s’est entouré de spécialistes du spatial et a mis les moyens nécessaires pour recueillir le maximum d’informations. Ces données devraient permettre de gagner du temps et de l’argent aux différents programmes en gestation, d’avions de transport suborbitaux. C’est du moins ce que pensent Jean-François Clervoy ou Claudie Haigneré.

Tant mieux, si tout le monde y trouve son compte …

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?
    C'est un début de démonstration de la faisabilité de l'extraction de spaciaunaute avec un dispositif léger (qui deviendra encore plus nécéssaire avec le tourisme spatial).
    Cela démontre qu'il y a de la R&D a faire pour stabiliser la chute (vrille)

  • Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?
    Rien a voir avec cet article, mais la discussion n'étant pas ouverte sur celui sur le G1 amphibie, je ne comprends pas pourquoi son auteur dit qu'il n'est pas homologué ULM en France en raison de son poids (495 kg), alors que ce poids correspond précisément au maximum indiqué dans l'instruction du 4 mars 2004, c'est à dire 450kg + 10% ?

    Merci pour la réponse :

  • Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?
    Pour Eltoto, en espérant que cela n'intéresse pas que lui,
    Petit exercice de modélisation simplifiée pour élève de math'sup :

    Au début de la chute, le corps est quasiment dans le vide, sa traînée est négligeable. il accélère donc à 9,8 m/s2, avec une sensation d'apesanteur.
    Il atteint la vitesse du son (1096 km/h, voir message précédent) en 4435 mètres et les 1342 km/h homologués en 7082 m et 38 secondes (si on néglige l'air, mais plus en fait).
    Il est encore à plus de 30 km d'altitude (peut-être 25 dans la réalité), et commence à ralentir, par définition, puisque c'est la vitesse maxi atteinte...

    Forcément, suivant la loi fondamentale de la dynamique (Newton), à cet instant sa traînée est égale à son poids. Il flotte dans l'air comme un chuteur, facteur de charge 1G. Sa traînée commence à augmenter avec la densité de l'air, ce qui le ralentit.

    Mettons qu'il ouvre son parachute à 2000 mètres (?) et à 300 km/h, cela fait 23000 mètres pour perdre 1042 km/h, soit une décélération sous un facteur de charge moyen de 1,29 G pendant moins de deux minutes.
    En comparaison, les astronautes d'Apollo 13, je crois, ont fait une entrée mal contrôlée dans l'atmosphère à 28.000 km/h et ont subi 6 ou 8 G pendant plusieurs minutes.

    J'arrive à 3 minutes, alors qu'il en a mis 4, c'est l'effet d'avoir négligé la densité de l'air dans la deuxième phase de la chute.

    Voilà pourquoi il n'y a pas trace de "mur du son" dans cette chute supersonique.

    jCe n'est qu'un calcul très approché pour comprendre, et ne pas dire de bêtise, mais je parie que depuis le temps qu'ils calculent avec précision et expérimentent des corps de rentrée balistique et des trajectoires, les ingénieurs de la NASA, de l'ONERA ou du CNES peuvent les faire à 1% près, sans sponsor privé.
    Et quoi qu'en disent les esprits chagrins, les états ont donné et donnent encore des centaines de millions par an pour financer cette recherche pour la seule science. On a quand même eu Mars cette année, on ne va pas se plaindre non ?

  • Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?
    Pourquoi blâmer aujourd'hui Red Bull, alors qu'ils ont tant fait pour le développement des sports extrêmes, notamment dans le milieu aéro...

  • Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?
    Le cocorico sera pour la prochaine fois mon cher Gil.....
    Un peu d'ouverture d'esprit et d'accepter son mode de financement ... l’exploit est fait....avec des bulles...

  • Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?
    Felix Baumgartner a trouvé un sponsor qui lui a financé son projet.

    Red Bull s'implique dans le sport extrème et pas mal de sportif y trouve des financements.

    C 'est sur une Red Bull que le vainqueur du dernier GP de F1 a couru.

    Les gens qui ont des projets se dirigent vers ceux qui ont de l'argent

    Critique t on le PSG avec son sponsor Quatarie ?

    Après le Red Bull n'est pas une boisson sans dangers mais c'est un autre sujet.

  • Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?
    Est-ce le travail de journalisme que de donner son avis sur les bienfaits ou non d'une initiative comme celle ci? Non. Ou alors ce n'est plus du journalisme mais de l'éditorialisme.

    Sur quel titre, sur quelles qualifications, pouvons-nous juger cet évènement? Est-ce le seul dans l'Histoire de l'Aéronautique à avoir bénéficié de soutien financier privé? L'exploit reste beau quelque soit les motivations de celui ci.
    La réalité semble nous montrer toutefois que, dorénavant, seul le secteur privé sera capable de financer de tel projets grâce à l'incapacité grandissante de nos élus à gérer un pays.

    Amts

    • Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?
      @ Sy et à tous ceux qui pensent que l'auteur de l'article a donné son avis. D'après vous suis-je pour ou contre ? Prière d'argumenter… Je me suis contenté d'ouvrir le débat après avoir recueilli des commentaires contre le parrainage de Red Bull. Et si vous souhaitez vraiment connaître mon opinion sur la question, je vous conseille de vous référer à l'article que j'ai signé, quelques minutes après le saut de Felix Baumgartner.

      Gil Roy

  • Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?
    Comment reprocher aux "mécènes" de bien vouloir faire avancer les choses à grands pas s'en s'embrouiller de la valse politico-financière des projets "étatiques" ou de grands groupes privés ?
    Est-il utile de rappeller que pas mal de très belles inventions "indispensables" de nos jours ont été créés grace aux mécènes ?
    Pour ce qui est de l'aviation, ce sont des privés très argentés qui ont créé l'aviation ! Les Blériots, Voisins, Santos-Dumont, etc... Devenus ensuite industriel de ce domaine (sauf Santos-Dumont). Ils étaient poussés à l'époque par des sportifs et des casse-cou cherchant la performance et les premières, par exemple Farman. Plus tard des constructeurs tels Bernard ou Caudron ont sortis sur leurs fonds propres des avions de sport et de grand raid qui ont tout simplement permis d'inventer l'aviation de ligne avec des avions performants ! Un Caudron de course de 1935 était tout simplement deux fois plus rapide et solide que les avions alors en activité dans les escadrilles !!!
    Qu'aurait été les performances de l'aviation en 1940 si de nombreux mécène n'avaient pas sponsorisés des coupes diverses et nombreuses dans la période 1910-1939 ? Les Coupe Deutch de la Meurthe, la coupe Schneider, la coupe Michelin, les grands raids autour du monde, les courses au Etats-Unis...
    Merci au Daily Mail d'avoir "sponsorisé" par un prix important le premier aviateur qui traverserait la manche en 1909 ! Ce qui à permis à plusieurs aviateurs de travailler vite et bien en ayant espoir de se voir renflouer les frais en gagnant le prix !
    Il existe la même chose dans le domaine de l'art ou des monuments historiques. Doit-on en vouloir à de riches mécènes de racheter, restaurer, et transmettre à leur descendance des chateaux, des voitures, des tableaux de maitre... qui aurait sans cela fini en poussière depuis longtemps ?

  • Faut-il condamner Red Bull d’avoir aidé Baumgartner à sauter ?
    on ne peut pas condamner Red bull....Ceux qui ont été à la ferté cette année, on tous pu admirer en vol le P38 de leur magnifique collection.
    Le patron de Red bull, Dietrich Mateschitz, a également une magnifique collection et un musée de Warbirds au siège de sa société à Salzbourg. Si l'on aime les avions, on ne peut pas condamner red bull. Il faut de l'argent pour faire voler ces engins, sinon on dénigre aussi les grey, jacquard, hallen et bien d'autres....
    Je pose une question: combien de pages aéronautiques ont été écrites ces 10 dernières années, en comparaison des années 20,30,40,50, 60? années ou tout ou presque à été inventé, défriché, testé?
    Qu'avons-nous eu comme événements majeurs? virgin galactic, solar impulse, jet man, et red bull stratos.....tiens donc, que du meccenat privé....et bien même si ne bois pas de red bull (je n'aime pas le gout du gingembre tout simplement), j'aime la marque et je leur dis merci....

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