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La Ferté Alais… Comment tout a commencé !

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Philippe Chetail

Les passionnés d’aviation ont rendez-vous, les 7 et 8 juin 2014, sur le plateau de Cerny, pour le traditionnel meeting de Pentecôte de la Ferté-Alais. La plus grande fête aérienne de France qui célèbrera cette année les 70 ans du Débarquement et les débuts de 1914-1918 prend ses racines dans les années 20, avec Jean-Baptiste Salis, un pilote de la Première guerre mondiale.


L’édition 2014 du «Temps des Hélices » va réunir, comme chaque année lors du weekend end de la Pentecôte, le must des machines de collection et faire converger vers le plateau de Cerny des dizaines de milliers de passionnés de belle aviation.

Actualité oblige, le thème retenu cette année va commémorer le début de la grande guerre et le 70ème anniversaire du D-Day, avec présence en force de Dakotas, parachutistes et chasseurs de 1914 à 1945… Un plateau riche, varié et grandement renouvelé, du à une équipe qui se mobilise depuis plus de huit mois pour qu’une nouvelle fois la fête soit belle, que la tradition et le mythe perdurent.

Au départ de l’aventure , il y a un homme dont le nom résonne comme celui d’un pionnier : Jean Baptiste Salis. Né en Auvergne à la fin du 19ème siècle, il se forme à la mécanique d’aviation et apprend à voler en 1912 sur un avion Libellule Hanriot à l’aérodrome de Clermont-Ferrand/Aulnat. Blessé sur le front de Verdun en 1915, il entre à l’école de pilotage militaire de Pau et sera breveté pilote militaire au Camp d’Avord. Puis, l’expérience aidant, il sera nommé moniteur, puis pilote d’essais et participera à la mise au point de nombreux avions et prototypes… A l’issue du conflit, après avoir accumulé 1900 heures de vol sur avions militaires, le pilote Salis revient à la vie civile, n’ayant de cesse que de récupérer des avions dans les surplus de l’Armée.

Dans les années 20, les fêtes aériennes, qui sont l’occasion pour le public d’approcher les avions ayant combattu lors de la Grande Guerre, commencent à prendre de l’importance. Cet engouement n’échappe pas à Jean-Baptiste Salis qui organise une série de meetings en France et crée, aux côtés d’Alfred Fronval et du Lieutenant Charles Robin, la première patrouille d’acrobatie au monde avec trois Morane AI qui évoluent reliés par un ruban tricolore. Dans le même temps, il participe au développement de l’aérodrome de Toussus-le-Noble, en installant des ateliers et une école de pilotage.

Fin 1933, Jean Baptiste dépose les statuts d’une association, « Les Casques de Cuir », dont l’un des buts, clairement mentionné sera de : « Propager le goût et le sens de l’aviation parmi les foules et plus particulièrement parmi les jeunes ». Ce pionnier avait vu juste… combien d’aéroclubs ont vu nombre de jeunes frapper à leur porte au lendemain d’un meeting ?


En 1938, il acquiert des terrains sur le plateau de l’Ardenay à La Ferté-Alais. Pendant la seconde Guerre Mondiale, l’armée Allemande qui a réquisitionné les établissements Salis, détruit les avions et les pièces détachées et la collection qui débute est fortement mise à mal. Entré dans la Résistance, Jean-Baptiste et ses hommes déboise, aménage le plateau en champ d’aviation et propose sa propriété aux alliés qui vont utiliser le terrain pour des parachutages d’armes et préparer un aérodrome de secours à une portée d’ailes de Paris.

Dès la fin du conflit, Jean Baptiste Salis crée un Centre de Vol à Voile dont l’activité va permettre un nouveau développement de l’aérodrome qui deviendra, en juin 1946, et par arrêté Ministériel : « l’aérodrome de Cerny-La Ferté-Alais ». J.B. Salis remonte alors des ateliers pour se consacrer à la reconstitution et la restauration d’avions historiques, notamment pour le Musée de l’Air (ailes de l’Antoinette de Latham, Spad de Fonck, Blériot de Pégoud, Pfaltz allemand…) mais aussi pour son propre compte. Sous ses hangars, il reconstruit un Caudron G III, restaure un Fokker DVII pour le Mémorial de Verdun et pour tous, devient le « pilote du souvenir » ou « l’homme qui fait voler le passé ». Il restaure un avion Blériot XI type Première traversée de la Manche.

Dans les années 50, Jean, son fils, qui a grandi sur le terrain, souvent bercé par la musique des moteurs en étoile, est un adolescent passionné. Père et fils réalisent la construction d’un Deperdussin, puis entreprennent la construction du « Flyer » des frères Wright pour les besoins de la série télévisée « les Faucheurs de Marguerites ». Le témoin se passe progressivement… Les reconstructions s’enchainent et le septième art se fait de plus en plus présent sur le plateau, chaque fois qu’un réalisateur veut mettre en scène une ou plusieurs machines volantes. Le Jour Le Plus Long, les Faucheurs de Marguerite, l’As des As, Saint Exupéry la dernière mission et bien d’autres sont autant de productions qui s’attachent les services de Salis Aviation. Le champ d’aviation de Cerny est lui-même le décor de séquences qui montrent un aérodrome.

L’environnement s’y prête à merveille, les hangars et les avions qu’ils abritent, la vieille ferme, tout contribue à la véracité du scénario. Il suffit le plus souvent de quelques aménagements mineurs pour que le lieu se transforme soudain en plateau, travellings, projecteurs et caméras en action. Cette vocation ne cessera pas jusqu’à aujourd’hui.

En 1965, deux ans avant la disparition du père fondateur, se crée le Club de La Ferté-Alais et dans le même temps l’Escadrille du Souvenir, deux associations aux activités complémentaires, dont le but, outre de recenser les petites histoires de l’aviation et d’en perpétuer le souvenir, est aussi de « mettre en oeuvre la rénovation et la reconstruction fidèle d’avions anciens et historiques » L’activité meeting aérien sur le plateau de Cerny ne revoit le jour qu’à partir de 1970, année où est organisée une « fête aéro-folklorique ». Jean Nohain anime cette journée parrainée par Jacqueline Auriol. Les journaux de l’époque recensent 5.000 spectateurs. Succès d’estime qui donne aux dirigeants des associations basées l’idée d’organiser, en 1974, un premier grand rassemblement d’avions anciens qui sera suivi deux ans plus tard, du premier vrai meeting organisé par la toute nouvelle Amicale Jean Baptiste Salis (AJBS)… Le meeting de la Pentecôte, qui va devenir une tradition.

Les années se suivent et chaque édition du meeting, alors que « Jeannot » Salis est aux commandes de l’Amicale, voit des nouveautés au programme. Le plateau s’enrichit de la présence de nouvelles machines, des démonstrations tonitruantes des warbirds qui, peu à peu, arrivent dans le paysage français, et de la présence d’avions de ligne.

En 1994, le rassemblement annuel devient un vrai spectacle aérien avec l’apparition de scénarios dont les avions sont les acteurs d’une histoire particulière de l’aviation, bien mise en valeur par un commentaire approprié, de la musique et de la pyrotechnie. Mais, alors que le meeting devient de plus en plus important au fil des éditions, l’ampleur de la tâche d’organisation, qui ne repose que sur le bénévolat, devient lourde et alors que l’AJBS garde à sa charge la constitution du plateau et la mise en œuvre des avions, décision est prise de confier la partie logistique à une organisation professionnelle. Un accord avec « Larivière Organisation » est conclu et cette association de compétences se perpétuera jusqu’en 2008. Certaines années, le spectacle atteint son paroxysme. Des formations les plus « improbables » se constituent. On assiste notamment au passage d’un Super Constellation escorté de 4 Skyraider, d’un Morane H en patrouille avec un Mirage 2000, dix sept North American T6 en formation…. On frise la démesure… Nulle part ailleurs on ne voit çà !

Depuis 2009, l’AJBS, forte d’une nouvelle équipe, a repris les rênes de l’ensemble de l’organisation du meeting et revisité totalement le programme, permettant désormais aux spectateurs d’approcher au plus près des avions et échanger avec les équipages, grâce à une exposition statique le matin de chaque journée, mais aussi de se muer le temps d’un vol dans une machine historique en passager des années 40 (JU 52) ou des fifties (Antonov AN2). Des initiatives grandement appréciées !

Ainsi, grâce à cette équipe de passionnés, celui que l’on peut qualifier de premier meeting d’avions de collection en Europe vit une seconde jeunesse en ce lieu chargé d’histoire, où plane le souvenir d’un homme qui, avec la foi et l’audace du pionnier, a porté le site au rang de conservatoire de l’aviation de collection. Le flambeau est passé mais l’œuvre se perpétue.

Philippe Chetail

Le meeting de Pentecôte un spectacle aérien comme nulle part ailleurs !.
Alors moniteur, Jean Baptiste Salis à l'issue d'une mission sur Caudron G4 pendant l'hiver 1918.
Les années 20 voient le retour des meetings aériens. Jean Baptiste Salis sera l'un des acteurs de leur résurrection.
Les hangars et la ferme dans les années 50 alors que l'activité vol voile bat son plein. Le développement d'Orly et de Brétigny précipiteront le transfert de l'activité vers Buno-Bonneveaux.
C'est sur ce Blériot XI qu'il a restauré que Jean Baptiste Salis, traversera 2 fois la Manche (1955 et 1959) sur les traces de Louis Blériot.
Tournage à La Ferté Alais mettant en scène un Boeing Stearman.
les meetings s'enchainent, mettant en scène des formations d'avions provenant de toutes les collections européennes.
L'un des grands moments du meeting de Pentecôte en 1987. Concorde se présente escorté de la PAF. Tout un symbole !
Les effets spéciaux ajoutent au fracas sonore des formations qui s’enchainent devant le public. Le Tora tora tora devient une grande classique du meeting.
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Philippe Chetail

Président d’Airshow, spécialiste de l’organisation de manifestations aériennes, Philippe Chetail a organisé plus de 230 meetings aériens depuis 1973. Egalement co fondateur de France Spectacle Aérien, il est l’un des meilleurs connaisseurs européens de tous ceux qui gravitent autour des spectacles aériens. Il a rejoint Aerobuzz en juillet 2011. Philippe Chetail couvre, en particulier, l’aviation de collection et les évènements aéronautiques.

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  • La Ferté Alais… Comment tout a commencé !
    bonjour
    je cherche a savoir si ce brassard a un raport avec ces metting des années 20 ou 30
    quelqu n le sais t il?

    merci

  • La Ferté Alais… Comment tout a commencé !
    Je me souviens d 'avoir fait du vol à voile dans le sud ouest de la France avec un petit fils Salis dans les années 79 80 . Un garçon calme et passionne aussi . J aimerais bien pouvoir le recontacter , si quelques uns ont une piste! Merci

    • La Ferté Alais… Comment tout a commencé !
      Je pense que c'était àBrive en août 82
      J'étais à Brive à cette date je faisais du
      CAP 21 et je me rappelle de jean Salis qui était en stage planeur.

    • La Ferté Alais… Comment tout a commencé !
      Petit fils Salis dans les années 70 - 80 ? C'est probablement Frank, l'un des fils de Jean...
      Vous pouvez appeler Salis Aviation au 01 64 57 52 89... en précisant le terrain sur lequel vous l'avez rencontré.... Peut-être en apprendrez vous plus sur ce mystérieux vélivole au nom célèbre.
      Bien à vous
      Philippe Chetail

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