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La France championne du monde de voltige 2007

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Martin R.

Après deux saisons cauchemardesques, les voltigeurs français signent un retour magistral sur le devant de la scène. La relève a de la ressource.


Depuis 2000, c’est-à-dire depuis les championnats du monde organisés à Muret, la Marseillaise n’avait plus retenti à ce niveau de la compétition. Ces notes en ont été d’autant plus émouvantes à Grenade, le 4 juillet dernier quand Renaud Ecalle, Olivier Masurel et Matthieu Roulet sont montés sur la plus haute marche du podium des 24èmes mondiaux de voltige pour recevoir leur médaille d’or, que les deux saisons qui ont précédé resteront comme l’une des périodes les plus sombres de la voltige française.

Nos pilotes ont été brillants. Particulièrement Kathel Boulanger chez les femmes, et Renaud Ecalle chez les hommes, qui décrochent tous les deux l’argent.  » C’est d’autant plus beau, qu’il y a seulement onze mois, nous ne savions pas si nous pourrions continuer à faire de la voltige « , déclare avec émotion Thierry Amar, président de l’aéro-club de l’Hérault et Midi-Pyrénées, où a été formée Kathel par Francis Itier et où vole Renaud sur Cap 231EX. Les Cap 231EX et 232 étaient cloués au sol suite à l’accident mortel de Jean-Michel Delorme avec le Cap 232 de l’Equipe de voltige de l’armée de l’air en 2005.

Démonstration de force

S’il doit  » se contenter  » d’une médaille d’or par équipe, Olivier Masurel aura été la révélation individuelle de ce Mondial. Le jeune palois de 26 ans, pour sa première participation à une compétition Unlimited, se classe 6ème au général et se permet de terminer deuxième au programme libre, derrière Renaud Ecalle. Instructeur ULM dans le civil, Olivier s’est très peu entraîné, mais son entraînement s’est déroulé sous les yeux de deux experts : Coco Bessière, l’entraîneur national, et Eddy Dussau, pilier de l’équipe de France de 1995 à 2005, ave qui Olivier partage un Cap232. Ce garçon, particulièrement bien entouré, présente un potentiel énorme de l’avis de ces coéquipiers qui dans l’ensemble ont fait un remarquable championnat.

D’entrée de jeu, dès le programme connu, Renaud Ecalle a affiché ses ambitions, en se classant deuxième. Même si cette manche qualificative n’entre pas en ligne de compte dans le classement final, elle lui a permis d’envoyer un message fort à ses adversaires, mais aussi aux juges. Fort de son titre de vice-champion d’Europe décroché l’année dernière et de sa médaille d’argent au mondial 2005, il est venu à Grenade pour confirmer. Il a remporté la première épreuve, le libre, où, d’emblée, les français ont frappé très fort : Olivier Masurel finit deuxième, Kathel Boulanger 5ème et Matthieu Roulet 6ème. L’expérience de Coco Bessière, l’entraîneur de la sélection française, a joué à fond.  » Nous répétions nos vols au sol une dizaine de fois avec Coco, si bien que lorsque nous partions, nous avions l’impression d’avoir déjà fait le vol « , explique Frédéric Chesneau.

Au terme de la première journée, deux français occupaient les deux premières places du classement général provisoire. C’était inespéré. Ecalle fait deuxième au programme Inconnu 1, mais conserve sa première place au général. Il fait troisième au programme Inconnu 2 et se fait doubler au poteau par le régional de l’étape, l’espagnol Alonso, pour une poignée de centième. La voltige est un sport jugé et il faut se faire un nom avant d’avoir des résultats. Concourir sur son terrain est aussi un avantage indiscutable. Néanmoins, Renaud a réussi à garder Mamistov à l’écart. Masurel glisse à la 6ème place, Roulet à la 12ème et Chesneau à la 41ème.

Fédéric Chesneau qui possède une grosse expérience en AWAC (il a été champion du monde de la catégorie en 2002) savait que la marche était très haute.  » Le niveau technique est plus élevé et le niveau individuel des pilotes est également supérieur « , reconnaît-il. Il doit aussi apprendre à maîtriser son nouvel avion, un Extra 300, très différent des Cap sur lesquels il a été formé. Quant à Matthieu Roulet, en finissant 12ème, il a fait un championnat à sa hauteur.

Chez les femmes, dès la première manche, la compétition a tourné au duel entre la redoutable russe Svetlana Kapania, seule femme à avoir réussi à battre les hommes, et Kathel Boulanger, qui a fait preuve d’une assurance à toute épreuve. 5ème au programme libre, elle fait 15ème à l’inconnu 1 et 8ème à l’inconnu 2. Elle finit à seulement à 40 points de Kapanina (sur un total de plus de 9000 points) et relègue l’autre monstre russe, Elena Klimovitch, à plus de 170 points derrière elle.

La voltige française à la croisée des chemins

Les résultats des français, mais plus encore, la manière avec laquelle ils ont été obtenus, laissent présager un bel avenir pour la voltige française, à condition toutefois de lui donner les moyens de ses légitimes ambitions et de ne pas replonger dans certains travers préjudiciables.

Cette nouvelle génération de compétiteurs s’est révélée parce que les militaires se sont retirés. En effet, la France a pris l’habitude de sous-traiter à l’armée de l’air sa représentation. C’est confortable et surtout économique. Et en plus c’est efficace. Mais le revers de la médaille est que les civils deviennent, par la force des choses, les faire-valoir des militaires quand ils ont la chance d’intégrer la sélection nationale. Le verrouillage de la situation a découragé de nombreux pilotes de haut niveau qui ont arrêté prématurément leur carrière.

Il faut que l’équipe de voltige de l’armée de l’air revienne. Tout le monde le souhaite. Ce devrait être chose faite dès la saison prochaine. Le ministère de la Défense vient en effet de lancer un appel d’offres pour acquérir de nouveaux avions de voltige (monoplace et biplace). Les doutes sur l’avenir de l’Equipe de voltige de l’armée de l’air (EVAA) sont donc levés. Mais il faut aussi laisser la place aux civils. Cela ne devrait pas être trop difficile de trouver le bon équilibre, à condition toutefois, pour la fédération aéronautique d’accepter d’y mettre le prix.

Ce serait un juste renvoi d’ascenseur aux clubs qui ont permis à la France de relever le défi cette année. Sans ces associations qui se battent pour permettre à quelques compétiteurs de haut niveau de s’entraîner dans des conditions acceptables, nous aurions été absents des mondiaux en 2007 et du championnat d’Europe en 2006. Le dosage sera sans doute délicat, d’autant que Renaud Ecalle (pilote de Mirage F1) ne cache pas sa volonté de rejoindre l’EVAA dans les mois à venir, et que cette formation compte encore des pilotes de bon niveau malgré son interruption momentanée d’activité. Le vivier des civils est suffisant pour parvenir à constituer une équipe masculine complète. Ce sera plus difficile du côté des filles, mais là encore, cela passe par une volonté fédérale.

Il faut  » vendre  » nos champions

Dans l’immédiat, la FFA doit absolument tirer, médiatiquement, parti des résultats de nos pilotes. Le profil des nouveaux champions est un atout. Ils sont jeunes (26 ans) et la parité homme / femme est respectée. Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait un hasard puisque contre l’avis général, dès sa prise de fonctions, l’actuel président de la FFA, Jean-Claude Roussel, a poussé en ce sens. Le milieu de la voltige n’a pas toujours été favorable à cette nouvelle politique. Les résultats lui donnent raison.

Kathel Boulanger, pilote de ligne sur 777 à Air France et Renaud Ecalle, pilote de chasse de l’armée de l’air, sont une aubaine pour l’aviation légère. Olivier Masurel, aussi. Ce sont tous trois de purs produits d’aéro-club qui peuvent incarner une nouvelle image dynamique de l’aviation de loisir. Tout le monde a quelque chose à gagner. Les voltigeurs évidemment en quête de reconnaissance et de moyens. La Fédération qui a compris que la communication grand public est un passage obligé et qui doit faire flèche de tout bois. Et enfin, les pilotes privés de base, sur lesquels peuvent rejaillir les retombées médiatiques.

Ce n’est pas facile. Mais le jeu en vaut la chandelle. Il n’est pas facile non plus de devenir champion du monde. Mais quel bonheur lorsque après des années d’entraînement et de sacrifices, l’objectif est atteint ! Bravo à nos cinq pilotes et à leur entraîneur, l’insatiable Coco Bessière.

Gil Roy. Aviasport N°629. Aoùt 2007

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Martin R.

Martin R. est le développeur et webmaster d’Aerobuzz depuis sa création en 2009. Développeur de formation, il a fait ses classes chez France Telecom. Il lui arrive d’oublier ses codes le temps de rédiger un article sur un nouveau produit multimedia ou sur un jeu.

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