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Aviation Générale

La France se mobilise face aux risques des feux de forêt

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Frédéric Marsaly

De passage sur la base de Sécurité Civile de Nîmes-Garons, le Président Macron a donc ouvert la saison estivale, celle des feux de forêt. Aucune annonce majeure fracassante n’a été faite, mais tout ce qui avait été annoncé en septembre est confirmé, notamment les locations d’appareils supplémentaires pour renforcer la défense des forêts française et l’annonce que le DHC-515 sera sans doute le successeur du CL-415.

En faisant du Canadair une « fierté française » (on peut se demander ce qu’on va penser de cette déclaration du côté de Cartierville ?) le président a confirmé que le DHC-515 était le candidat déclaré à la succession des avions en service actuellement et pour le renforcement annoncé de la flotte, d’autant plus qu’il a, pour la première fois, évoqué clairement DeHavilland comme partenaire. Il a aussi ajouté « nous avons relancé le processus industriel » sans définir précisément les contours de cette affirmation pourtant essentielle.

Deux avions neufs sont d’ores et déjà annoncés pour 2027, ce seront les deux avions promis dans le cadre de la commande financée par l’Union Européenne. « Le financement des autres appareils a été budgétisé dans la loi Lopmi » (de modernisation des moyens du ministère de l’intérieur). Les CL-415 devront donc continuer leur missions jusqu’aux alentours de 2030 si le constructeur canadien parvient à tenir les délais annoncés l’an dernier.

On notera que le Président a salué la disponibilité des avions de la Sécurité Civile « largement supérieure à celle d’autres branches ! » et de louer la MCO de Sabena Technics même si on sait qu’elle a été source de tension au début de la saison des feux 2022. Avec une disponibilité moyenne annuelle de 90%, les avions de la Sécurité Civile affichent bien un score enviable, avec pour corollaire de rendre leurs rares absence particulièrement cruelles et visibles.


Le président a aussi évoqué la possibilité d’autres solutions européennes et appelle à diversifier l’offre industrielle adaptée. Le marché s’y prête !

Néanmoins, il s’agit d’évolutions à long terme. Pour cet été de tous les dangers – en raison de la sécheresse on compte déjà 20.000 hectares détruits par le feu de puis le début de l’année – le Président a confirmé les locations annoncées, en hélicoptères, avions lourds et légers, l’ensemble des moyens aériens, nationaux et départementaux, passant de 38 aéronefs en 2022 à 47 cet été. Parmi ces aéronefs supplémentaires, deux Dash de plus dont le « Milan 80 », dernier avion de la commande annoncée en 2017 et livré début mai. Il était visible sur le Pélicandrome à Nîmes lors de la visite présidentielle de ce 2 juin 2023 et devrait effectuer ses premières missions opérationnelles sous peu.

La cellule de coordination qui s’est ouverte sur la base de Nîmes est opérationnelle et permettra de positionner les moyens avec précision. De son côté, l’Europe a aussi singulièrement renforcé les moyens aériens susceptibles d’être activés dans le cadre du programme RescEU.


Mais si ils ont été au cœur de la polémique l’été passé, les moyens aériens ne sont pas omnipotents. Si ils ne sont pas appelés à temps, si ils sont déjà tous engagés sur des incendies sévères où si leurs équipages ne sont pas assez nombreux, ils ne pourront pas être efficaces. Comme tout conflit, la guerre des feux se gagne au sol. Et elle se gagne parfois même avant le déclenchement de la bataille lorsque les plans sont prêts et bien renseignés.

C’est ainsi qu’à partir de ce 2 juin, Météo France publie quotidiennement une carte « feux de forêt » permettant de mieux définir les zones à risques avec quelques jours d’avance. Elle indique le niveau de danger par département pour les deux jours suivants avec un classement des risques allant de faible à très sévère. Elle est établie à partir des observations sur le terrain et des analyses des équipes de prévisionnistes spécialisées en équipes renforcées dont la tâche va aussi être de fournir des outils d’aide à la décision pour les acteurs de la lutte anti-incendie.

La carte des risques « feux » pour ce vendredi 2 juin avec une vigilance modérée pour la vallée de la Loire. © Météo France

De son côté, l’Office Européen des brevets vient de dévoiler une nouvelle plateforme destinée à favoriser l’accès à l’innovation par le partage des connaissances dans les domaines de la prévention et la détection des feux, sur l’extinction des sinistres et le matériel nécessaire mais aussi sur le traitement des conséquences des feux. Les différents brevets déposés dans ces domaines sont donc accessibles facilement sans avoir besoin de lancer des requêtes spécifiques. Les inventions et évolutions relatives aux aéronefs, aux systèmes optroniques, aux outils dédiés à la détection des départs de feux, sont désormais facile à trouver.

D’autres annonces ont été faites sur le renforcement des unités terrestres, qui ont aussi particulièrement souffert de l’intensité de la saison. D’importants investissements vont être faits aussi pour moderniser les véhicules d’intervention.

De son côté, l’ancien Maire de Toulon, Hubert Falco, a rendu le rapport qui lui a été demandé dans le cadre de la Mission nationale de Modernisation de la Sécurité Civile et Risques Majeurs qui lui a été confiée. Il fait 116 propositions pour améliorer la lutte contre les feux de forêt dont plusieurs ont d’ores et déjà actées, notamment l’extension de la mission Héphaïstos, qui implique les armées dans ce combat, à l’ensemble des départements français.

Mais la clé reste la sécheresse et l’ensoleillement, ainsi que la prudences des gens qui se rendent en forêt pour se promener ou travailler, la plupart des causes de départs d’incendies étant humaines. Néanmoins, 95% des incendies restent cantonnés à moins de 5 hectares. Le problème, c’est que pour contenir les 5% qu’il reste, les moyens à engager seront toujours considérables.

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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