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Aviation Générale

La french connection de la Red Bull Air Race

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Bastien Otelli

Le Red Bull Air Race est de retour les 14 et 15 avril 2017 à San Diego. Six français sont présents cette saison sur le circuit : 3 dans la catégorie reine (Masters) et 3 dans l’antichambre (Challengers). La filière d’excellence française qui produit en continu des champions et des championnes du monde de voltige offre aux recruteurs de Red Bull un casting de belles gueules talentueuses. Toutefois, il ne suffit pas de bien prendre la lumière et d’avoir un palmarès, il faut aussi être discipliné. Si vous rêvez de slalomer entre les pylônes rouges et blancs, voilà ce que vous devez savoir…

Postes de pilotes de course aérienne à pourvoir chez Red Bull. Expérience exigée : avoir déjà participé à une compétition internationale de voltige de la FAI. Avoir obtenu de bons résultats serait un plus significatif. Type de contrat : CDD d’1 an minimum (reconductible).

Candidatures spontanées et chasseurs de têtes

Si cela peut faire sourire, ces critères sont authentiques et Red Bull est bel et bien un employeur qui propose chaque année du travail à des voltigeurs de niveau international. Cependant, inutile de chercher sur le site de Pôle Emploi et il n’y a pas 36 manières d’envoyer son CV au comité de sélection.

L’Extra 330LX, commun à tous les concurrents de la Challenger Cup, est aussi l’appareil sur lequel les candidats doivent faire leurs preuves lors du « Red Bull Air Race Training Camp ». © Chris Tedesco/Red Bull Content Pool

Pour avoir une chance d’être convoqué par Red Bull, vous pouvez effectuer une candidature spontanée, comme Baptiste Vignes dernièrement, ou bien faire marcher vos relations comme Daniel Genevey qui connaît Sergio Pla, un ancien cadre de la Red Bull Air Race : « Il m’a donné « la » bonne adresse mail, j’ai envoyé mon CV et j’ai été convoqué », dit-il. Cependant, ce genre de candidature porte rarement ses fruits car, en réalité et la plupart du temps, c’est Red Bull en personne qui va chercher les pilotes comme François Le Vot, Mika Brageot ou encore Mélanie Astles.

De gauche à droite : François Le Vot, Mikael Brageot et Nicolas Ivanoff.  © Red Bull Content Pool

La manufacture autrichienne de boissons énergétiques a également essayé de débaucher Aude Lemordant, mais la Française championne du monde en titre de voltige aérienne a décliné l’offre à plusieurs reprises : « C’est devenu une routine : Red Bull m’appelle tous les ans pour leurs sélections, et à chaque fois je refuse. Je tiens à privilégier mon métier de pilote de ligne et la compétition de voltige. », précise-t-elle.

Des sélections pour faire ses preuves

Les pilotes invités (voire retenus sur CV) sont envoyés au « Red Bull Training Camp ». Ne cherchez pas dans les Pages Jaunes ou sur Google, car il n’existe aucune adresse officielle. Le « Training Camp » est une base purement itinérante qui peut s’installer n’importe où sur la planète.

Baptiste Vignes

Mélanie Astles

Ainsi l’a-t-on parfois vu aux USA ou en Asie même si, la plupart du temps, c’est en Europe que ça se passe. D’ailleurs, une des dernières campagnes de recrutement s’est déroulée en toute discrétion à Ocaña (Espagne) fin novembre 2016. C’est là qu’ont été sélectionnés Baptiste Vignes et Daniel Genevey.

Daniel Genevey concentré avant son vol, lors de ses sélections à Ocaña, en Espagne. © Sebastian Marko/Red Bull Content Pool

Impossible de savoir combien de participants étaient présents, et quand on pose la question aux deux Français, leur silence gêné trahit des consignes très strictes de la part de l’organisateur. La raison est simple : le secteur communication de Red Bull est intransigeant et les pilotes ont ordre de ne rien dire d’autre que ce qui est publié dans les communiqués de presse ou diffusé par la chaîne de TV officielle.

Savoir-faire et savoir-être

Durant le « Camp » et dans un premier temps, les postulants doivent passer une visite médicale, suivie d’un entretien avec un psychologue avant de présenter leurs motivations face au comité de sélection. Somme toute, une première étape classique, comme on en trouve dans l’armée de l’Air ou dans une compagnie aérienne.

Mélanie Astles à Indianapolis en 2016. © Balazs Gardi/Red Bull Content Pool

Viennent ensuite les tests en vol sur Extra 330LX, l’appareil de la Challenger Cup. Ce sont des exercices aériens très décomposés, assez simples, mais où la rigueur et la sécurité sont primordiaux : d’abords quelques passages assez haut au-dessus d’une porte aérienne composée de deux pylônes, puis de plus en plus bas, et finalement à altitude de course. Puis, la séquence est répétée avec plusieurs portes à la fois.

En piscine et à bord d’une maquette de cockpit, les pilotes apprennent à s’extraire de l’avion en cas d’immersion, et à utiliser la réserve d’air et son respirateur présents dans chaque appareil. © Predrag Vuckovic/Red Bull Content Pool

Encore une fois, l’accent est clairement mis sur la sécurité : les têtes brûlées n’iront pas loin, car le comité de sélection recherche des pilotes capables de reproduire à la virgule près les consignes : « Ca ne sert vraiment à rien de vouloir aller plus vite que les autres. Au contraire, même. Leur maître-mot, c’est la safety et la précision », explique Baptiste Vignes. « Dès le premier jour, ils ont été formels et nous ont dit qu’ils ne cherchaient pas à nous chronométrer. Au Training Camp, ils s’en fichent qu’on aille plus vite que les autres », confirme Daniel Genevey.

Un entraînement spécifique

Une fois le « Camp » achevé, chacun repart chez soi. Red Bull contactera plus tard les heureux élus qui auront décroché la Superlicence, Graal qui ouvre les portes de la Challenger Cup. Par la suite et avant la première course, ils recevront d’autres formations, principalement liées à la sécurité, dont notamment un passage obligatoire en piscine à bord d’une maquette de cockpit immergée, afin d’apprendre à s’extraire de l’avion en cas de crash dans l’eau.

Nicolas Ivanoff, chef de file de la French Connection, le 9 février dernier pendant les essais libres de la première course de la saison 2017, à Abu Dhabi. © Balazs Gardi/Red Bull Content Pool

Une fois en Challenger Cup, si la sécurité reste la priorité, la compétition sera lancée et, durant la saison, les meilleurs feront tout pour impressionner les sponsors afin de s’attirer leurs faveurs et accéder à la catégorie Reine.

Ivanoff, Le Vot, Brageot, Vignes, Astles, Genevey… et les autres

Ivanoff, Le Vot, Brageot, Vignes, Astles et Genevey : cette année, ils sont six Français titulaires d’une Superlicence à participer à la Red Bull Air Race et donc, à être passés par le Training Camp. Précisons toutefois que si Daniel Genevey a bien une carte d’identité Française, il vole néanmoins sous bannière hongroise, comme il l’a fait lors des championnats du monde de voltige WAC 2015 et d’Europe EAC 2016.

François Le Vot. © B. Gardi/Red Bull Content Pool

Mika Brageot. © B. Gardi/Red Bull Content Pool

Cependant, une question se pose : pourquoi autant de Frenchies dans cette compétition ? La réponse coule de source : parce qu’ils sont les meilleurs, bien sûr ! La France est en effet un grand vivier d’excellents voltigeurs de niveau international qui viennent de milieux très différents : pilotes de lignes ou instructeurs professionnels qui s’envoient en l’air le week-end comme Mélanie Astles et Daniel Genevey, ex-militaires comme François Le Vot qui volait au sein de l’EVAA (Equipe de Voltige de l’Armée de l’Air), mais aussi et surtout de purs produits aéroclubs, comme Nico Ivanoff, Mika Brageot ou Baptiste Vignes.

Francois Le Vot en pleine action à bord de son Edge 540-V2, lors des essais libres d’Abu Dhabi. © Daniel Grund/Red Bull Content Pool

Ceux-là, comme beaucoup d’autres, ont pu voltiger, s’entraîner régulièrement en club et participer à des compétitions internationales de la FAI – et donc, pouvoir prétendre à la Superlicence – grâce au statut associatif, unique au monde, dont bénéficient les aéro-clubs français.

Avec autant de pilotes français sur le circuit Red Bull Air Race, on se demande encore pourquoi le championnat du monde n’est jamais passé par la France !

Bastien Otelli

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Bastien Otelli

Bastien Otelli travaille depuis 2004 avec la presse et l'édition des choses de l'air… Il a rejoint l'équipe d'AeroBuzz.fr en 2016. Depuis 2013, il est également photographe aéronautique professionnel.

View Comments

  • Salut Bastien,
    Merci pour ce bel article, intéressant. C'est moi qui suis chargé de traduire le contenu du site GB en français et c'est sympa d'avoir des infos fiables qui viennent d'ailleurs.
    Un détail : Red Bull France me demande de dire plutôt LE Red Bull Air Race que LA ;-)
    Bon weekend de Pâques/San Diego,
    Stéphane MARTIN LAPRADE

    • Bonjour Stéphane et merci pour votre message.
      C'est noté, "LE" Red Bull Air Race aura désormais droit à sa masculinisation dans mes prochains articles.
      Bien à vous,
      B.O.

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