Le 432, nouvel atout de l’AVA

Sur l’aérodrome de Dreux, dans son hangar, l’Amicale de Voltige Aérienne (AVA) construit un monoplace de voltige pour le championnat du monde 2015. Il vient de recevoir son moteur Lycoming 6 cylindres de 315 ch. L’AVA432MXS s’inspire du fuselage du Cap231EX et de l’aile carbone du MXS américain. L’Amicale n’a décidément pas fini de nous surprendre.

Fidèle à ses habitudes et dans la plus grande discrétion, l’Amicale de Voltige Aérienne (AVA), à laquelle la voltige française doit le sauvetage du Cap232 et le Cap332, un 232 musclé, travaille depuis plusieurs mois, derrière les portes de son atelier, sur un nouvel avion de voltige. Elle vise le championnat du monde 2015, qui aura lieu en août prochain à Châteauroux. Poursuivi par d’autres que cette association, cet objectif pourrait paraître d’autant plus prétentieux que l’avion, encore en croix la semaine dernière, vient tout juste de recevoir son moteur : un Lycoming 6 cylindres de 315 ch. Mais avec ceux de l’AVA, tout est possible. Là où d’autres se dépensent en com’, l’équipe préfère avancer sur du concret.

Le futur avion est baptisé d’un nom qui résume à lui seul ses origines multiples. L’AVA432MXS est un pur produit AVA. Reprenant le fuselage du Cap 231EX, il vient après le Cap 332, version sur-motorisée du Cap232, développée en interne : d’où le « 432 ». Quant aux trois lettres « MXS », elles font référence au monoplace américain MXS qui prête son aile. Si le « 432 » est un savant cocktail franco-américain, il n’en est pas moins un monoplace original à la personnalité affirmée, construit dans la plus pure tradition du CNRA, sous catégorie « surpuissant » (selon l’Instruction CNRA de la DGAC).

Certes le fuselage est dérivé du Cap231EX, mais il a été très largement modifié avec le conseil avisé des sorciers d’Air Menuiserie. Il ne reste en fait pas grand-chose de l’original : l’étambot peut-être… Il a pris au passage quelques kilos du fait d’un double cadre voilure-fuselage (dont le collage est aussi renforcé carbone) qui remplace l’épais renfort carbone du cadre unique Cap232. Pour mémoire, rappelons que ce renfort carbone du cadre principal est aussi un STC (Supplemental Type Certificate) développé par l’AVA et certifié par l’EASA : il avait « sauvé » les Cap monoplaces d’une interdiction de vol. Toutefois, malgré cette surcharge pondérale locale, la masse à vide de l’avion devrait être contenue.

La voilure du « 432 » est dérivée de l’avion de voltige américain MXS, très proche de celle du Cap232, légèrement plus effilée pour améliorer le roulis. Elle est aussi entièrement en fibre de carbone. A noter que l’équipe de l’AVA, sous l’impulsion de son président Régis Alajouanine Régis Alajouanine qui préside l’Amicale de Voltige Aérienne, est non seulement l’animateur d’une écurie qui a permis à de jeunes talents de se hisser sur les plus hautes marches des podiums internationaux. Il est aussi un constructeur aéronautique de premier plan, malgré un emploi du temps professionnel qui lui laisse peu de répit. Si ses projets avancent à la vitesse V, c’est qu’il a su s’entourer d’une équipe restreinte, aussi soudée que discrète. et de Jean-Noël Jourdan Jean-Noël Jourdan, dit « Nono » est toujours en bleu de travail. Membre de l’Equipe de France de Voltige dans les années 80, il se classa 16ème pour son premier championnat du monde, à Oshkosh. S’il vole maintenant sur des avions plus sages comme le Super IV, celui de Jacques Brel, il a gardé une « bonne main » et sera parmi les premiers à donner son avis sur les qualités de voltigeur du « 432 ». Ce « travailleur de l’ombre », comme il aime à se définir, est aussi doué pour travailler le bois, le composite, le métal ou la mécanique. Il conçoit le soir (sur CAO) et construit le jour. C’est lui qui est à l’origine du TR260 sur lequel Catherine Maunoury est devenue championne du monde en 1988, à Red Deer (Canada). De bon augure pour le nouveau « 432 » ! , a choisi de revenir à la solution de fixation du train sur le fuselage afin de faciliter le démontage de la voilure qui peut ainsi se faire avec 3 personnes (pratique pour le transport à l’occasion de compétitions lointaines).
L’AVA, habituée des challenges de haut niveau, n’ambitionne « que » de donner à l’Equipe de France de Voltige un avion français capable de monter sur les plus hautes marches du podium et de rivaliser, avec de faibles moyens, avec l’armada d’avions « tout carbone » qui ne va pas manquer d’occuper le box de Chateauroux cet été. Le club n’est aidé financièrement que par le Ministère Jeunesse et Sports, le Conseil Général des Yvelines et Total qui soutient l’AVA depuis de nombreuses années. Nul doute, Auguste Mudry aurait apprécié.

Le premier vol du « 432 » pourrait avoir lieu en tout début d’année.

Jean-Marie Klinka