Le Breguet XIV de retour en Amérique du Sud

Après son vol commémoratif entre Toulouse et Cap Juby, en 2010, le Breguet XIV d’Eugène Bellet va refaire, en 2015, une partie de l’itinéraire défriché en 1924 et 1925 par la mission Roig, au Brésil, en Uruguay et en Argentine. Le projet de construction d’une réplique du mythique biplan des lignes Latécoère lancé en 1992 n’en finit pas de rayonner.

En 2015, un Breguet XIV devrait voler dans le ciel d’Amérique du Sud. Ce sera pour Eugène Bellet et les membres de son association « Breguet XIV », qui sont à l’origine de ce retour aux sources, leur manière de commémorer les 90 ans de la mission « Roig », mission de prospection des futures lignes aéropostales du Brésil, de l’Uruguay, de l’Argentine, en 1924 et 1925. Le biplan jaune « F-POST » sera acheminé, démonté, par bateau, comme à l’époque, et remonté à Rio de Janeiro pour rejoindre, par étapes commémoratives, Buenos Aires.

Cette virée sud-américaine s’inscrit logiquement dans le prolongement de l’expédition africaine, qui en 2010, a conduit le Breguet XIV toulousain, à Cap Juby, l’escale la plus évocatrice sans doute de l’épopée des lignes Latéocère et de l’Aéropostale. En 1992, quand Eugène Bellet a lancé l’idée de construire une réplique du biplan qui aurait osé imaginer cette suite ? D’autant que le contenu pédagogique du projet aurait pu se suffire à lui-même.

Comme toujours, il s’agit d’une affaire de passionnés. Ils y associeront des élèves des lycées et des centres de formation professionnelle de la région. L’assemblage final du biplan de 14,80 m d’envergure pour presque 50 m2 de surface alaire, se fera dans l’atelier de Léo Chagnès (société Star) qui participera, bénévolement, à la fabrication des ailes et à la finition de l’appareil. Il fera don d’un moteur Lycoming IGO de 350 ch, réducté. Ce moteur est intégré, en lieu et place de l’introuvable moteur Renault 12 cylindres en V, dans le capot moteur, conformément au dessin original. L’hélice de presque 3 m de diamètre est réalisée par Evra et tourne à 1850 t/mn. Les plans complets ont été refaits par Roland Payen à partir de la reconstitution de documents d’origine.
Le premier vol sera réalisé par Christian Briand (pilote d’essai SOCATA), accompagné de Léo Chagnès, le 11 novembre 2003, suivi de Luc Gimazane, Baptiste Salis et de Jean-Claude Bordenave (pilote d’essai CEV). Christian Briand se souvient des 80 kg qu’il avait dû appliquer sur un côté du palonnier pour tenir la ligne droite, ainsi que du manche, en roulis, quasiment planté dans du béton. D’où l’utilité d’avoir un bon pilote d’essai et de la présence du copilote.

Je suis personnellement attaché à cet avion car, alors que j’étais à la DGAC, il nous a servi de « cas d’école » lors de l’élaboration du règlement CNRA, dit « surpuissant ». Nous avions appliqué, avec mon collègue du GSAC, au cours d’une visite technologique et réglementaire approfondie, la check-list de certification FAR 23, plutôt exigeante en matière de sécurité. Ce canevas, qui s’appuyait sur l’amendement 9 de la FAR23, plein de bon sens, avait appelé quelques modifications, sur l’installation motrice notamment, et de rares exemptions, acceptées par l’équipe qui, au départ, se demandait bien à quelle sauce l’administration allait les croquer.

Aujourd’hui, c’est une fierté pour tous ceux qui ont participé à un niveau ou un autre dans cette grande aventure, d’imaginer le Breguet XIV « F-POST » se poser à Buenos Aires.

Jean-Marie Klinka

Si vous êtes Toulousain et passionné de l’histoire « Breguet », vous ne devez manquer la conférence que donnent Eugène Bellet (président de l’association Breguet XIV) et Emmanuel Breguet (petit fils du constructeur), samedi 15 novembre 2014, à 10h15, à la Cité de l’Espace dans le cadre du Festival des Etoiles et des Ailes.

Les Avions Louis Breguet

C’est en 1775 qu’Abraham Breguet installe à Paris une grande marque française de montres qui se rendra célèbre 5 ans plus tard avec une montre automatique « perpétuelle». L’horloger ne cessera d’innover, notamment dans le domaine aéronautique (la type XX de l’Aéronavale) et ce, en dépit d’une une faillite en 1987. La Société sera reprise par le Groupe Swatch.

La Société des Avions Louis Breguet est fondée en 1911 par Louis Charles Breguet, arrière-petit-fils d’Abraham, et produira, dès 1916, 8.000 exemplaires du Breguet XIV, pour des besoins militaires puis civils, dans son usine de Villacoublay, mais aussi avec l’aide de nombreux autres constructeurs, dont Michelin à Clermont-Ferrand. Après la guerre, dans sa version civile, il sera rendu célèbre par des pilotes comme St Exupéry, Mermoz et bien d’autres.

Et puisqu’on l’évoque souvent, rappelons que le Point d’Interrogation de Costes et Bellonte, était un Il y aura ensuite le Breguet XIX, construit à 2.000 exemplaires à partir de 1922 dont le Point d’interrogation de Coest et Bellonte sera évidemment l’exemplaire le plus célèbre. Puis viendront le Breguet Deux Ponts, en 1950, et les célèbres planeurs Br 901 et 904. L’aventure toulousaine se concrétise en 1959 avec la création d’une usine à Blagnac, où sera construit le Breguet Atlantic, patrouilleur maritime produit à 115 exemplaires.

La société sera rachetée en 1971 par les Avions Marcel Dassault (AMDBA)