Le Fouga Magister quadriplace CM191 reprend l’air.

Le 23 août dernier, un Potez Heinkel CM 191, version quadriplace du Fouga Magister, a repris l’air depuis le terrain de Valparaiso, dans le sud-est de Chicago (Etats-Unis). Aux commandes, Fred Bourdais, un français installé en Californie.

En 25 ans de présence dans le pays, Fred Bourdais est peu à peu devenu le spécialiste du Fouga Magister Outre-Atlantique. Il en possède lui-même quelques-uns… En 2004, il est contacté une première fois par le propriétaire du CM191 qui souhaite lui acheter une pompe hydraulique de Fouga. L’homme est un ancien pilote de l’USAF qui a poursuivi une carrière de businessman et qui avait acheté le CM191 quelques années auparavant pour le plaisir de disposer d’une pièce unique. Deux CM191 seulement ont été construits en 1961 : les prototypes 01 et 02. Si le premier totalise environ 650 heures de vol à ce jour, le second n’a jamais volé et il est exposé aujourd’hui dans un musée allemand.

Le CM191 est un quatre places extrapolé du Fouga Magister. Il a été conçu comme avion de liaison rapide pour répondre aux besoins français. Un avion simple d’entretien et d’usage : quatre places très confortables (pas de siège éjectable) dans une cabine pressurisée, capable même de passer la voltige simple. Atterrisseurs, moteurs (Marboré VI) et quantité d’autres équipements sont identiques à ceux du Fouga. La France optera finalement pour le Morane Saulnier Paris, très similaire, mais sans l’avantage de la communauté des équipements avec le Fouga.

Au milieu des années 80, notre collectionneur a donc acheté l’unique CM191 en état de vol. Il s’est un peu amusé avec, avant de rapidement le ranger dans un hangar. Vingt ans plus tard, on est alors en 2004, il se décide à le remettre en vol. Et dix ans passent… En septembre dernier, dring dring, nouveau coup de fil sur le portable de Fred Bourdais. C’est de nouveau le propriétaire qui lui demande cette fois s’il peut venir travailler à la remise en vol de son avion. Dix ans qu’il travaille dessus et il n’a trouvé personne de compétent pour remettre son avion en route. Au fil des ans, divers aigrefins se sont présentés, lui ont soutiré quelques poignées de dollars et l’avion n’a pas bougé d’un inch.

« Je suis venu à Chicago, j’ai sorti l’avion du hangar et 45 minutes plus tard, je faisais tourner les moteurs raconte Fred Bourdais. Le propriétaire n’en revenait pas… » Après un premier point fixe, Fred Bourdais procède au remplacement de toutes les tuyauteries flexibles, fait une boroscopie des moteurs qui s’avèrent en parfaite santé. Un roulage rapide sur la piste l’amène ensuite à 90 kt. Le CM191 ne demande qu’à voler. Nouvel étonnement du propriétaire. Entretemps, la FAA donne son accord à Fred Bourdais pour qu’il soit le « check pilot » de l’avion immatriculé en Experimental. Les radios sont refaites et l’avion est préparé pour son premier vol qui a lieu finalement le 23 août dernier.

« Décollage sans forcer à 100 kt, l’avion ne demande qu’à prendre l’air raconte notre pilote. Toutes les vitesses d’évolution sont identiques à celles du Fouga. J’ai gardé le train sorti quelques minutes, puis je l’ai rentré, j’ai accéléré, j’ai fait un passage bas sur la piste à 240 kt et je suis parti me balader pendant une petite demi heure… ».

Pour la petite histoire, on notera que Fred Bourdais était seul dans l’avion. Après l’avoir beaucoup encouragé, tous les spectateurs étaient restés prudemment au sol, laissant le Frenchie se débrouiller seul en vol. Pour celui-ci, qui passe sa vie de pilote dans les Fouga, ce premier vol fut un non-événement ! RAS !

Frédéric Lert