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Aviation Générale

Le premier rapport d’enquête du BEA sur un « vol en partage de frais élargi ».

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Gil Roy

Le 10 avril 2022, un DR400 de l’aéro-club de Saint-Brieuc-Armor décroche en montée initiale et s’écrase au sol. Le pilote et ses deux passagers sont tués. Selon le BEA qui vient de publier son rapport sur cet accident, le pilote effectuait ce jour-là son premier vol à frais partagé élargi.

Ce 10 avril 2022, en fin de matinée, le pilote (62 ans), accompagné de deux passagers, décolle de la piste 24 de l’aérodrome de Saint-Brieuc – Armor. Le BEA précise qu’il s’agit d’un vol à frais partagés sur la côte nord bretonne (retour prévu à Saint-Brieuc – Armor). Dans le rapport, il est noté qu’« une personne au sol voit tout d’abord l’avion monter avec une forte assiette à cabrer et une faible vitesse d’ascension. L’avion semble ensuite reprendre de la vitesse avec une assiette plus faible. L’avion décroche puis entre en collision avec le sol 400 m après le seuil de piste 06 et à environ 200 m au nord de l’axe de piste. »

Pour les enquêteurs, « il est probable que le pilote a maintenu l’avion en second régime de vol lors de la montée initiale. L’avion a ensuite décroché, possiblement après les « actions après décollage », et en particulier consécutivement à la rentrée des volets. L’enquête n’a pas permis de déterminer comment le pilote a réagi à ce décrochage. »

Pour expliquer ce décrochage, le BEA avance « une prise en compte probablement insuffisante lors de la préparation du vol et au décollage de la masse de l’avion proche de la masse maximale autorisée au décollage, de son centrage arrière ainsi que des conditions aérologiques particulières (turbulences, rafales et vent de travers) ». Il estime aussi qu’«  une gestion inadaptée de la vitesse de l’avion en montée initiale, possiblement liée à la diminution des performances de l’avion (taux de montée par exemple) dans les conditions du jour. » a pu contribuer à cet accident.

D’autre facteurs ont pu influencer la perception de la situation et les actions du pilote. Le BEA retient un manque de pratique récente (2h35 de vol dans les 90 jours précédant l’accident et 0h dans les 30 derniers jours) et les effets de la fatigue liée au décalage horaire (le pilote était rentré la veille d’un voyage aux Antilles). Les enquêteurs retiennent également comme facteurs contributif « la pression ou l’excitation liée à l’emport de passagers inconnus lors d’un premier vol à frais partagés. » Le BEA note que « L’expérience récente du pilote pour entreprendre un vol à frais partagés était inférieure à celle demandée par l’aéroclub. Ceci peut s’expliquer par un oubli par le pilote de ce critère pour ce type de vols et par une absence de suivi de ce type de vols par l’aéroclub. »

C’est un rapport qui va sans doute alimenter la polémique rampante et offrir des arguments aux opposants au vol à frais partagé en aéro-club. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) prend toutefois la précaution de préciser qu’« À la date de l’accident, depuis 2015, environ 35.000 vols en Europe étaient enregistrés par la plate-forme, sans aucun accident ayant conduit à des blessures. » A notre connaissance, depuis cet accident du 10 avril 2022, il n’y a pas eu d’autres accidents mortels, alors que l’activité est en plein développement au sein des aéro-clubs français.

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • ... et la suite ? Quelle est la responsabilité - celle du président, des instructeurs - dans ce type d'accident ?
    Les passagers ont fait confiance à l'aéro-club en confiant leur vies en échange d'un pilote compétent et d'un avion en bon état, règlementairement parlant.
    La prudence ou les statistiques ? Que dit le Droit ?

    • Si j'ai bien compris le principe du vol à frais partagé élargi, les "clients" ne contractent pas avec l'aéroclub mais avec un pilote qui propose un vol. Il me semble donc pour le moins exagéré de mettre en cause l'aéroclub. Sur le plan réglementaire, ce vol entre dans les prérogatives d'un pilote breveté de pouvoir emmener des passagers et comme dans tout vol, le CDB est responsable d'engager ou pas ledit vol. Pour autant, la responsabilité de l'aéroclub sera peut être recherchée sur un plan administratif pour ne pas avoir mis en place un moyen efficace de contrôle permettant d'empêcher ce vol. Pas simple d'être président d'aéroclub !

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