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Les drones civils se professionnalisent

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Gil Roy

Les 9, 10 et 11 septembre 2014 aura lieu, à Bordeaux-Mérignac, la troisième édition du salon biennal UAV Show qui rassemble les acteurs du drone en France. En l’espace de quatre ans, le marché a explosé. Il se structure sous l’impulsion des professionnels comme l’explique Jean-Christophe Drai, responsable commercial du salon UAV Show.


Aerobuzz.fr – Est-il possible de dater l’apparition du premier drone civil dans le ciel français ?

Jean-Christophe Drai – Les premiers drones civils sont apparus, en France, vers 2007. Il s’agissait alors d’aéromodèles qui ont été utilisés pour faire de la photo. Tout de suite s’est posé le problème réglementaire puisqu’il s’agissait du détournement de la réglementation propre à l’aéromodélisme à des fins commerciales

En 2009, quand Bordeaux Technowest a lancé l’idée d’un salon du drone français à Bordeaux, que représentaient alors les drones en France ?

A l’époque, on était au tout début de ce marché. La DGAC commençait à se poser des questions réglementaires. Il y avait trois ou quatre fabricants en France. Dans les années qui ont suivi, beaucoup de nouveaux sont apparus et presque autant ont disparu. En 2009, le drone n’était pas encore perçu comme un marché d’avenir, notamment du côté des pouvoirs publics.


Dans un tel climat de scepticisme, qu’est ce qui vous a néanmoins convaincu de l’intérêt de créer un salon dédié au drone ?

François Baffou, le directeur de Bordeaux Technowest, était persuadé que le drone pouvait avoir des débouchés civils. A l’époque, nous travaillions avec les militaires et nous pouvions constater qu’ils utilisaient de plus en plus les drones, et que les applications étaient de plus en plus diverses. De son côté, la Direction de l’aviation civile Sud-Ouest nous a apporté son plein support. Cela nous a encouragé à créer le salon UAV Show.

A quelques semaines de la troisième édition du salon UAV Show, les 9, 10 et 11 septembre prochain, combien compte-t-on d’opérateurs de drones en France ?

La DGAC recense environ 600 opérateurs ayant déposé un MAP (manuel d’activité particulières) dans lequel sont précisés les activités, le personnel, le matériel et les procédures. Cela va de l’opérateur qui fait de la photo aérienne avec un drone acheté sur internet, au constructeur du type LH Aviation. Si nous nous limitons aux seuls constructeurs titulaires d’un certificat de type, nous en comptons une quinzaine. Sur les 600, 20 à 25% seulement ont une activité économique tout en sachant que pour l’heure, le marché ne s’est pas encore régulé.

L’arrêté du 11 avril 2012 qui encadre la conception et la mise en œuvre des drones en France, distingue quatre scénarios opérationnels en fonction des catégories de drones. Dans quel scénario se développe actuellement l’activité ?

L’immense majorité des opérateurs intervient dans le cadre des scénarios S1 et S3, c’est-à-dire avec des drones légers pilotés à vue, à moins de 100 mètres de distance. L’enjeu est le S-4, c’est-à-dire le S-2 sans limitation. C’est celui qui permet d’aller plus loin. C’est celui qui ouvre le vrai marché du drone civil.

Combien d’opérateurs sont agréés dans le cadre du scénario S-4 permettant de mettre en œuvre de drones complexes ?

Ils sont trois pour le moment. Ils mènent des expérimentations dans le domaine de la surveillance des feux de forêt par exemple, ou de pipeline.

Qui sont les principaux constructeurs de drones ?

En France, ils sont comme nous l’avons déjà vu, une quinzaine. Il s’agit de Novadem, Fly’n Sense, Infotron, Delair-Tech, Delta Drone, Xamen Technologies, … Les allemands avec notamment Microdrones et Aibot sont également en pointe. Il y aussi les chinois. Sur le site internet de la DGAC figure la liste de tous les constructeurs ayant reçu une attestation de conception de type avec leurs modèles.

Quelles sont les différentes catégories de drones ?

Les plus répandus sont les multirotors, plus facile à piloter parce que plus stables.

Les écoles de formation de télépilotes se multiplient en France depuis quelques mois. Quels sont les enjeux selon vous ?

La réglementation actuelle précise juste que les pilotes de drones doivent posséder l’examen théorique du brevet de pilote d’ULM, voire le brevet complet avec une centaine d’heures de vol en tant que commandant de bord sur avion, planeur ou hélicoptère. Mais rien n’est précisé en ce qui concerne la formation. Tout le monde peut s’improviser école de pilotage de drone. Et il n’est d’ailleurs pas nécessaire de passer par une école pour obtenir une autorisation, il suffit de déposer un MAP. La DGAC travaille sur la question et nous espérons qu’elle dévoilera le nouveau cadre réglementaire au moment du salon UVA, en septembre prochain.

Avec une réglementation spécifique, une fédération des opérateurs et même un centre d’essais, la France fait figure de précurseur en matière de drones civils. Qu’en est-il réellement ?

La France a, en effet, été le premier pays à se doter d’une réglementation encadrant l’activité des drones. La Grande-Bretagne a également une réglementation, mais elle est beaucoup plus contraignante. Les USA y travaillent. Ils ont reporté la date de 2013 à 2015. L’Europe prépare un encadrement. Il est probable qu’elle s’inspire du meilleur texte existant. Il vaudrait mieux, pour l’industrie française, que ce soit le nôtre.


En septembre 2014, aura lieu la troisième édition du salon français des drones, UAV Show, à Bordeaux-Mérignac. Comment a évolué ce rendez-vous biennal depuis sa création en 2010 ?

Le salon devient réellement professionnel. Les exposants ne sont désormais que des professionnels du secteur. Outre les opérateurs et les constructeurs, il y aura aussi présents cette année, des spécialistes de la propulsion, des systèmes électriques ou encore des matériaux composites. Nous sortons véritablement de l’amateurisme pour entrer dans une démarche industrielle et aéronautique. Le constructeur israélien IAI sera présent pour la première fois.

Qui sont les visiteurs d’UAV Show ?

Toutes les applications ont leurs visiteurs. Sécurité / sûreté, agriculture, maritime, environnement, génie civil, infrastructures, etc. Nous leur offrons la possibilité d’assister à des démonstrations privées sur la Camp de Soue. Il leur suffit de nous faire part de leurs attentes et nous les soumettons aux opérateurs présents qui peuvent ensuite leur proposer de mettre en œuvre des solutions.

Propos recueillis par Gil Roy

2. Sur les 600 opérateurs français de drone, 20 à 25% seulement ont une activité économique
2. La formation des télépilotes de drones est un enjeu d'actualité pour la profession
Jean-Christophe Drai
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Les drones civils se professionnalisent
    superbes articles comme tjrs !
    Je monte une entreprise dans le développement du drone civil et je suis convaincu que c'est un énorme enjeux économique de notre avenir!

  • Les drones civils se professionnalisent
    J.ai commencé l'utilisation d'un drone hélicoptère en 2005,
    En France. Trop tôt pour que cela soit rentable mais j'ai duré 6 ans. Cordialement

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