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Les drones n’ont pas fini de nous étonner

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Gil Roy

Le succès de la troisième édition de l’UAV Show (Bordeaux-Mérignac 9-11 septembre 2014) reflète l’effervescence qui règne sur le marché du drone civil en France. Les professionnels n’hésitent plus à parler d’une filière industrielle, certes naissante, mais prometteuse.


Avant la fin de cette année, un millier d’opérateurs de drones devraient avoir obtenu, de la DGAC, une autorisation de voler au-dessus du territoire français. Il s’agit pour la plupart d’entrepreneurs individuels qui espèrent se faire une place sur le segment de la prise de vue aérienne, moyennant un investissement de quelques milliers d’euros. Ils représenteraient 80 à 85 % du total. Le créneau serait d’ores et déjà saturé. Les segments promis à un fort développement demeurent la production audiovisuelle, la construction, la surveillance ou encore l’agriculture, des domaines où la plus-value est incontestable et le bénéfice palpable pour le client. Mais pour les opérateurs, le ticket d’entrée est également sensiblement plus élevé.

Quoi qu’il en soit, tous ceux qui ambitionnent de jouer un rôle sur ce marché en pleine effervescence, se sont donnés rendez-vous, du 9 au 11 septembre 2014, à Bordeaux-Mérignac, à l’occasion du salon UAV Show. Cette troisième édition, par l’éventail de l’offre exposée, mais également par la qualité de ses visiteurs, est la preuve de l’émergence d’une véritable filière industrielle. La présence parmi les exposants, non seulement de constructeurs de drones, mais également de développeurs d’applications, de fournisseurs d’équipements embarqués, de motoristes, d’héliciers, d’écoles de pilotage et même de plusieurs courtiers d’assurance en est la preuve.

Le salon de Mérignac a aussi mis en évidence que la frontière entre civil et militaire devenait perméable. Les poids-lourds du marché que sont Airbus Defence and Space, Thales ou Sagem (Safran), et qui étaient tous présents en force à UAV Show, approchent le civil via la sécurité territoriale, en faisant remarquer que des contrats gouvernementaux aux ventes à des opérateurs privés, la transition apparaît naturelle. Surveillance forestière et côtière, surveillance de pipe-line et de sites d’extraction, de réseaux ferrés ou de lignes à haute tension, les débouchés sont multiples, voire infinis. Chez Thales, on estime que le marché sera mature d’ici à cinq ans et que dans une dizaine d’années, il existera de grands segments de marché et des drones spécifiques adaptés à chacun.

Pour l’heure, le marché est en ébullition. Les clients finaux, qu’ils soient gestionnaires d’infrastructures industrielles ou géomètres, agriculteurs ou réalisateurs audiovisuels, entrevoient chaque jour de nouvelles opportunités. Pour des sociétés comme la SNCF, ERDF ou encore les sociétés d’extraction pétrolière, on assiste d’ores et déjà à une montée en gamme pour permettre l’emport d’une plus large panoplie de capteurs. Il existe déjà sur le marché des outils performants de recueil d’information susceptible de répondre à ces besoins et surtout le futur proche va encore élargir le champ des possibilités. Pendant la durée du salon, le stand de l’ONERA a été une vraie ruche où les chercheurs présentaient au public des outils impressionnants dans les domaines de la collecte d’informations et de leur traitement.

Mais l’ONERA travaille aussi sur des nouvelles motorisations (microturbine à gaz), ainsi que sur les moyens de rendre autonome les drones. L’idée est de permettre à l’engin volant de se déplacer de manière autonome sans GPS, grâce à la modélisation en temps réel de l’environnement dans lequel évolue le drone. C’est le moyen de naviguer dans des espaces, comme une forêt par exemple, où la liaison satellites n’est pas garantie. C’est aussi un moyen d’éliminer le risque de permettre un moyen de guidage. Une démonstration avec un drone client doit avoir lieu avant fin 2015. C’est en devenant plus autonome que les drones gagneront le droit d’évoluer dans l’espace aérien parmi les aéronefs pilotés.

Jusqu’en 2011, les anglo-saxons parlaient d’Unmanned Aerial Vehicule (UAV), c’est-à-dire d’engins volants sans pilote. En 2011, l’OACI ont introduit la notion de système, en remplaçant le V de Vehicule par le S de System pour englober l’engin volant, la liaison et la station de pilotage. Aujourd’hui, les drones sont des RPAS, autrement dit des Remotely Piloted Aircraft Systems. L’homme est réintroduit dans la boucle. Certes, il est à l’extérieur de l’engin volant, mais c’est lui qui le pilote. Cette évolution sémantique reflète en fait une évolution au niveau de la sécurité exigible.

D’une certaine manière, cet impératif sécuritaire, freine le développement du drone. La France a été l’un des premiers pays au monde à se doter d’une réglementation spécifique à la mise en œuvre des drones. Elle date de 2012. A l’échelle du salon UAV Show, c’était lors de la précédente édition. Tout va très vite sur ce marché, même la réglementation ! L’arrêté de 2012 permet d’encadrer l’activité, mais aussi de rendre possible la mise en oeuvre des drones légers dans l’espace aérien. D’autres pays européens ont tout simplement interdit les drones civils en attendant que l’EASA indique la voie à suivre.

La réglementation française qui pourrait servir de brouillon à la réglementation européenne, doit évoluer pour permettre les évolutions des drones dans l’espace aérien aux côtés des aéronefs pilotés. Les constructeurs industriels sont mobilisés aux côtés de la DGAC. La filière est également partie prenante au travers de la Fédération française du drone civil. Il y a une volonté de tous les acteurs, administration comprise, d’avancer vite sur le dossier. La présence, à Mérignac, du secrétaire d’Etat aux Transport accompagné du directeur général de l’aviation civile, est un signal fort adressé au marché du drone.

La clé du problème réside en grande partie dans la capacité des drones à voir et à éviter. C’est à cette condition qu’ils seront autorisés à évoluer dans l’espace aérien. La balle est dans le camp des ingénieurs et des chercheurs. Thales qui propose le Watchkeeper, le seul drone certifié en Europe, affirme que c’est là le seul obstacle au développement de ce drone d’origine militaire sur le marché civil où l’attente est forte. Détecter et éviter. Telle est donc la clé du problème sur lequel sont mobilisés les ingénieurs des grands groupes industriels mais aussi, plus en amont encore, les chercheurs des différents instituts aéronautiques de la planète.

En attendant que ces recherches débouchent, il faut s’attendre à court terme à une évolution de la réglementation relative à la formation des télépilotes. Les notions du brevet théorique d’ULM apparaissent de moins en moins bien adaptées aux exigences requises pour un pilote de drone. Une formation théorique spécifique est réclamée par les professionnels. Preuve supplémentaire de l’émergence d’une filière à part entière.

Gil Roy

2. La société française Danielson a développé une gamme de trois moteurs diesel (100/140/180 ch) pour drone
2. Avec le Watchkeeper, Thales est le premier constructeur à avoir décroché une certification européenne pour un drone.
2. La France compte déjà près de 1.000 opérateurs de drones
2. Conçu pour une utilisation militaire, le Patroller de Sagem pourrait également être utilisé pour des opérations de surveillance
2. La formation de pilote de drone est en cours de refonte
2. Le Tanan d'Airbus Defence and Space doit faire son premier vol dans les semaines à venir
2. Les systèmes initialement développés pour des applications militaires intéressent désormais les opérateurs civils
2. Pour tirer tout le potentiel des matériels existants, les opérateurs attendent une réglementation adaptée
2. Les écoles de télépilotage se multiplient en France
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Les drones n’ont pas fini de nous étonner
    pour répondre à Palmeri, je crois qu'il ferait bien de faire une révision de ses notions aero concernant les autogires et les hélico.
    à titre indicatif, un rotor contra-rotatif ne se met par sur la queue...contre tenu que le principe même de ce système fait qu'il n'y en a pas besoin...avec le contra-rotatif.( en rotor principal ) ..rien sur sur la queue, généralement une simple dérive, bien souvent en V
    seul inconvenient, cela nécessite une BTP assez compliquée, donc lourde et couteuse.
    les russes sont des spécialistes...mais sur de grosses machines.

  • Les drones n’ont pas fini de nous étonner
    attention a l'utilisation des moteurs certifies ce qui est une veritable rente pour les constructeurs , et NON obligatoire
    pour les dromes;
    heureusement que la très vive concurrence va solutionner ce probleme;

  • Les drones n’ont pas fini de nous étonner
    Dévelloppement, ébulition, industrialisation... Voila qui nous change de la grisaille habituelle. Ce n'est pas pour autant que je suis prêt à voir un espace aérien déja bien réduit se ratatiner encore, ou à prendre un drone de 150 Kg sur le pare-brise.
    Méfiance donc, et j'espère que toute modification des conditions de circulation des aéronefs fera l'objet d'une consultation préalable des usagers...

  • Les drones n’ont pas fini de nous étonner
    Bonjour,

    Membre 3AF et fréquentant de temps en temps l'aérodrome de Coulommiers, je m'intéresse aussi aux aéronerfs "pas comme les autres". En ce qui concerne les concepts hélicoptère et autogyre, il suffit de lire ceci sur Wikipédia :

    Un autogire est un aéronef qui ressemble à un hélicoptère. ... pas voler de manière stationnaire et avait besoin de plus de place pour décoller, les autogires furent oubliés. ... Dans un monde où le carburant coûte de plus en plus cher, les autogires reviennent sur le devant de la scène grâce à leur faible consommation.

    Or, en vitesse de croisière, c'est la configuration autogyre qui prime et en ascension ou en piqué, la configuration hélicoptère est plus sûr! Les innovations concernant les possibilités d'orientation d'un fan sont-elles évidentes? Ou bien faut-il un système de pales fixes contrarotatives en queue d'aéronef?

    Enfin, pourquoi n'a-t-on pas construit d'école d'ingénieurs et de techniciens maintenance, sur cet aérodrome?

    Bien cordialement

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