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Les moyens aériens sur le feu de Gonfaron

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Frédéric Marsaly

Avec, à ce jour, plus de 8 100 ha dévastés, l’incendie de Gonfaron, dans le Var, est le feu de forêt le plus important à avoir frappé la France métropolitaine depuis 2003. On compte 2 victimes civiles et quelques blessés légers chez les pompiers, 10 000 personnes évacuées, mais les dégâts sont considérables. Pour les moyens aériens, l’engagement a été massif et d’une intensité rare.

Si la France a rapatrié ses deux avions en détachement en Algérie dès le 15 août c’est sans doute que les prévisions pour la semaine suivante dans le sud de la France laissaient prévoir la nécessité de pouvoir disposer de tous les moyens aériens.

Et effectivement, dès le lendemain, lundi 16, en fin d’après-midi, un départ de feu au niveau d’une aire de repos de l’Autoroute A57 s’est avéré rapidement incontrôlable.

Cet après-midi-là, les avions de la Sécurité Civile avaient été engagés sur un départ de feu du côté de Marseille, ils ont vite été réclamés dans le Var. Lorsque la nuit aéronautique est arrivée, 7 Canadair et 3 Dash, épaulés par un Super Puma et plusieurs Écureuil bombardiers d’eau (HBE) des moyens nationaux et départementaux étaient intervenus.

Les hélicos relevant des moyens départementaux du Var en action à Gonfaron. © SDIS 83

Attisé et poussé par le vent, le feu passait la ligne de crête dans la nuit. La catastrophe était en marche.

Carte des différents feux qui ont touché cette zone réputée particulièrement sensible au phénomène au cours des décennies précédentes.  © SDIS 83

Au cours des deux jours suivants l’ensemble des moyens aériens, les 12 Canadair, les 5 Dash et plusieurs hélicoptères bombardiers d’eau (HBE) ont été amenés à intervenir parfois presque tous ensemble pour tenter de juguler le feuLes inévitables besoins de maintenance ont fait que tous les avions n’ont pas été disponibles en même temps mais ça s’est joué à peu en appui des nombreux moyens terrestres. Au soir du 19 août, les avions de la Sécurité Civile totalisaient 800 largages à l’eau ou au retardant sur ce seul feu !

Un Dash 8 au largage retardant. © Ministère de l’Intérieur

Dans le même temps, un feu près de Beaume-de-Venise (Vaucluse), un autre non loin de Martigues (Bouches-du-Rhône) nécessitèrent aussi les moyens aériens. Un autre départ près de Bizanet dans l’Aude entraîna l’intervention des trois Air Tractor loués pour la saison par le département voisin de l’Hérault mais aussi d’un Dash et de plusieurs Canadair, ainsi que des HBE car la priorité est toujours donnée à l’attaque des feux naissants.

Les Air Tractor du département de l’Hérault sont intervenus pour épauler les pompiers du département voisin. © F. Marsaly

Même si les moyens aériens ont donc été particulièrement mis à contribution la France n’a pas eu besoin d’activer les procédures de renforts européens.

Lorsque les trois derniers Dash seront livrés d’ici quelques mois et qu’il faudra se pencher sur la succession des Canadair, peut-être faudra-t-il envisager une augmentation numérique de cette flotte, pour les besoins propres de la France mais aussi pour avoir plus de ressources à fournir aux missions européennes.

Si les nouvelles provenant du Var étaient plutôt rassurantes ce matin, avec un affaiblissement du vent et un net ralentissement de la progression du feu, la situation n’est toujours pas considéré comme maîtrisée ce soir. Le combat est toujours engagé et pourrait encore durer quelques jours.

 

Frédéric Marsaly

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

View Comments

  • Ne pas oublier qu'un drone qui se crashe, c'est un gros risque d'incendie, voir ce qui se passe souvent en crashant un modele reduit electrique avec à la clé un accu lipo qui entre en court-circuit.

    • J'aimerais bien lire les rapports des pompiers à propos des accidents de voitures électriques. Car je ne vois jamais passer de "news" signalant "encore" un feu de voiture électrique. Et ne sont toujours pas interdites en parking sous-terrain, même en cours de recharge haute intensité (cas le plus critique de problème).

    • Souvent ? Ha bon, on doit pas traîner sur les même terrains alors... Parce de mon coté, à par dans des cellules vraiment broyées menues et des accus très abîmés (cas très rares), je ne vois quasiment jamais un accu lipo prendre feu au moindre crash, qui sont par ailleurs assez peu courants. (si on enlève de la dénomination crash ce qui ne sont que des attéros dur ou très dur)
      En fait, le dernier que j'ai vu brûler, ça date de plusieurs années.
      Par contre, des accus plié et qui chauffent fortement, puis qui sont mort, oui, il y en a.
      Il faut vraiment de très gros chocs sur ces accus, avec un gros broyage de la cellule qui vient percer les accus et les plier, pour les couches internes de ces accus se mettent en court-circuit.
      Celà est heureusement très rare. Surtout sur les machines "courantes" de petites tailles qui n'ont pas assez d’énergie pour ça.
      C'est encore plus rare sur les drones ou les accus sont encapsulés.
      Pourtant, des accus lipo, on n'a quasiment plus que ça dans nos avions et planeurs. En propulsion, en réception, et même dans nos radios.
      Mais libre à vous d'alarmer les gens pour pas grand chose.
      Heureusement que les accus lipos de nos smartphones ne prennent pas feu à chaque fois qu'ils tombent ou qu'on les plie dans une poche trop serré !

  • Selon un officier des pompiers au journal régional de France 3 Marseille lors du départ du feu une colonne d’intervention se trouvait à seulement 4km et il a été attaqué presque tout de suite par 3 HBE et malgré cela il leur a échappé , de son propre aveu il n’avait jamais vu de feu de forêt démarrer aussi vite.

    • Intéressant... resterai à connaître ce que signifie "tout de suite" : 5 minutes ? 15 minutes ? 30 minutes ? mais si cela se confirmait, la réaction des autorités doit désormais être de fermer par arrêté préfectoral toutes les aires d'autoroutes - les jours de canicule + grand vent - qui ont une végétation à risque et de plus en continuité immédiate avec de grands massifs forestiers.

  • J'ai visualisé sur google Earth la zone exacte de départ de feu suite à un visuel de France 3. Sur les images d'alors de l'aire d'autoroute, on constate que le sol est bien débroussaillé sur une distance de 10 mètres des voies de passages voitures. autour de l'aire d'autoroute on a une végétation basse plutôt type Garrigue entrecoupée de zones non boisées. J'aimerai savoir quel a été le délai entre le départ de feu / l'alerte / et le premier largage aérien ? comment se fait-il que sur ces quelques journées où on a une configuration de "guerre" (canicule + dessication forte + fort vent), on arrive pas à intervenir pour mater un feu dans les 20 minutes ? Pourquoi 2 canadairs chargés ne survolent-ils pas en permanence le territoire forestier prêts à larguer pendant ces quelques journées là ? (canicule + très fort vent)

    • ça s'appelle le GAAr (guêt aérien armé) et c'est le rôle des Dash 8 désormais qui ont passé de longues heures à surveiller le massif lors des périodes à gros risque. Une enquête est en cours sur les causes de ce feu. En général, le GAAr permet de juguler une grande partie des feux naissants. Ce sont ceux qui leur échappent qui font ensuite les gros titres.

      • vous avez écrit plus bas "Lorsque le feu est parti, de gros moyens ont été rameutés très vite, mais c’était une poudrière" savez vous le délai réel qu'il y a eu avant le premier largage ? - En fait les société d'autoroutes devraient être obligées à affréter des véhicules légers genre 4x4 jaune DFCI avec 1m3 d'eau, en alerte maximale les jours de grand vent, et prêt à intervenir en 5 minutes.... ils ont bien des patrouilleurs.... et ils en ont parfaitement les moyens. Il faut partir du principe que les autoroutes véhiculent des milliers d'inconscients totalement étrangers à une quelconque problématique locale de risque... Ces dernières étant un domaine privé /concession , elles doivent assumer sur le plan pénal et financier...

  • Voir un mégot jeté sur une zone de repos être à l'origine d'un tel incendie, c'est sidérant, triste.
    Le départ de l'incendie est si rapide que les automobilistes présents ne peuvent que partir au plus vite ? En donnant l'alerte, je suppose ? Personne n'a d'extincteurs, le moyens d'eau des toilettes ne sont pas utilisables ? Le débroussaillage de la zone de repos n'est pas possible en préventif ?
    Je suppose qu'il ne se passe rien et d'un seul coup tout s'enflamme. J'aurai bien aimé entendre dans les médias un témoin présent dire comment cela se passe réellement.

    • Ça fait des dizaines d'années que les "pompiers" du sud-est de la France se moquent de nous avec leurs hypothèses de départ de feu. Je note qu'en ce moment les tessons de bouteilles ne sont pas évoqués.
      Je leur recommande de regarder "retour à l'instinct primaire" sur le canal 24 et ils verront que sans allumettes ou briquet il est très difficile d'allumer du feu et les candidats ne sont pas confrontés à des vents de 80-100 km/h.
      C'est marrant c'est quand le mistral se déchaîne que les incendies démarrent. Tout le monde sait que pour allumer son BQ il faut se munir d'un très gros ventilateur.
      Il faut que la Sécurité Civile investisse dans des drones munis de caméras IR pour faire de la prévention ou si lorsque le mistral souffle trop fort pour les drones qu'ils utilisent d'autres moyens de surveillance plutôt que d'investir dans de somptueux PC roulant.

      • Scuzi, signore !
        Quand est de la région et que l'on a assisté à une démonstration de départ de feu par les pompiers, on ne va pas sur canal 24.
        Jour de mistral - un pailler - une cigarette = un feu de 10 m² en 20 min.

    • on ne sait pas trop ce qu'il s'est passé, mégot ou pot d'échappement... Un appel à témoin a été lancé par la Gendarmerie.

  • Ces feux sont plus intenses et plus fréquents
    Airbus doit proposer des modules citernes prepates d avance sur base et largables par l arrière du A400m qui est bien motorisé en regard des thermiques violents au dessus feux

    • on a parlé ici même du projet pour l'A400 proposé par Akka. On verra le proto. Mais l'A400M n'est sans doute pas une solution. Les militaires, en particulier en France, ont besoin de ces machines pour leurs missions principales et on sait aussi que les missions feux, ça ne s'improvise pas, il faut s'y former et s'y entraîner. Au coût de l'A400M, il y a bien d'autres solutions bien plus abordables.

      Et de toute façon, les systèmes à largage ou déversement arrière ont moins d'impact et donc moins d'efficacité que les systèmes ventraux.

  • Merci Frédéric pour ces précisions toujours utiles.
    Il faudra quand même dans les prochains mois (évidement a froid et sans parti pris ni recherche de bouc émissaires ) évaluer l'impact de l'absence du dispositif trackers en GAAR continu au dessus des massifs des Maures et de l’Estérel comme c’était les cas les années précédentes jusqu'à leur retrait du service (mais aussi le déficit capacitaire subit par la mise a la retraite des trackers sans avoir de remplaçant immédiatement à iso perimetre) .
    Évaluer également l'impact potentiel du déplacement de la BASC à Nîmes sur le temps de réaction des renforts et leur temps de présence sur le sinistre.

    Je pense surtout au déroulé du début du sinistre, pas une fois que l'incendie a pris une ampleur telle que même les moyens aériens lourds deviennent dérisoire à l'exception de la protection rapproché de bâtiments et des moyens engagés au sol.

    my 0.02€

    • cette info là, je l'ai. Aucun impact négatif. Les Dash ont assuré les missions GAAr sans problème et on pouvait les voir tourner régulièrement au-dessus de cette zone identifiée depuis longtemps comme à très haut risque. Et les avions se relayaient. Lorsque le feu est parti, de gros moyens ont été rameutés très vite, mais c'était une poudrière.

      • Merci Frédéric pour ces précisions encore une fois,
        même si pour moi "aucun impact négatif" sans évaluation précise et chiffrée reste du ressenti (intéressant à chaud mais pas plus significatif que ça à mon humble avis) et ne doit en aucun cas écarter une réelle évaluation approfondie du nouveau dispositif intérimaire actuel (9 Trackers vs 5 Dash 8).
        Une dernière variable a évalué pour ce feu en particulier que j'avais oublié dans mon précédent commentaire est le temps de rotation précis des dash (40 km du sinistre vers le pélicandrome de Hyères + remplissage 10t) en comparaison du temps de rotation des trackers depuis l'ancien pélicandrome du Luc (4 km du sinistre et 3t) qui ne peut accueillir les Dash car la piste est trop courte.

        Comme déjà dit ce n'est pas pour trouver des bouc émissaire mais pour avoir une idée précise de la différence des usages entre les différentes "générations" d'avions à la SC surtout dans cette phase ou la totalité des avions "remplaçant" n'ont pas encore étaient livrés.

        my 0.02€

        • Le terme exact utilisé par certaines personnes bien informées et très proches du dossier c'est : "au niveau des opérations on a vite oublié les Tracker !"

          Au niveau sentimental les choses sont bien sûr très différentes.

      • Je parlais des drones pour la surveillance uniquement. Bien sûr pour le larguage ce n est pas possible.
        Content que mon message ne soit pas censuré cette fois.

        • De la modération : les hors-sujets, les accusations, l'agressivité, la grossièreté et l'évidente volonté de créer des polémiques inutiles font que les messages passent à la trappe.

      • Ca doit pas etre le meme tarif un dash ou un tracker en l air.
        Des drones seraient tres utiles pour ce genre de mission.

        • Le Dash est sensiblement moins cher mais ce ne sont pas tout a fait les mêmes missions ni le même usage. Le coût à l'heure des Tracker avait sensiblement augmenté vers la fin.

          Les Drones ? Pas encore assez de charge utile et pour le moment la règle est claire : bombardiers d'eau en action, drones (de "loisir" et assimilés) interdits. (Des machines en reco et recherche des points chauds a l'IR depuis la moyenne ou haute altitude par contre ça peut être intéressant)

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