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Categories: Aviation Générale

Où sont les voltigeuses ?

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Gil Roy

L’élégance et le palmarès d’Aude Lemordant, égérie de Breitling et double championne du monde de voltige, occultent la réalité de la voltige féminine. La discipline ne compte pas assez d’individualités pour constituer une équipe nationale. Même l’arrivée annoncée de Caroline Paillier, prometteuse recrue de l’EVAA, ne résout pas le problème.


Si la Fédération française aéronautique peut se vanter à juste titre d’être parvenue à mettre en place une filière de haut niveau performante, une fabrique à champions sans équivalent dans le monde, elle avoue aussi son incapacité à attirer des femmes dans la discipline. Aux derniers championnats de France monoplace qui ont rassemblé 43 pilotes à Darois (28 juin-1er juillet), il n’y avait qu’une féminine, en l’occurrence Bénédicte Blanchard qui concourait sous les couleurs de Dijon Voltige.

La voltige est victime du désintérêt des femmes pour les sports mécaniques. La course automobile, que ce soit, la Formule 1 ou le Rallye, est logée à la même enseigne. Avec sa BMW qui déborde de chevaux sous le capot, Mélanie Astles qui a rejoint cette saison le circuit Red Bull Air Race, fait figure d’exception. Sa passion pour tout ce qui va vite, dans les airs comme sur la route, est unique. Et avec 7% de femmes dans les effectifs des aéro-clubs français, il n’est pas sûr que la féminisation de la voltige soit pour demain. Au championnat du monde de voltige 2015, il n’y avait que 7 femmes présentes de quatre nationalités (Russie 3, France 2, Allemagne 1 et USA 1).

Les deux françaises de l’équipe de France 2015 ont mis la saison 2016 entre parenthèses. Elles étaient toutes deux absentes du championnat de France. La double championne du monde, Aude Lemordant, a choisi de faire une pause sportive pour se ressourcer. Quant à Mélanie Astles, elle privilégie le Red Bull Air Race qu’elle découvre cette année. Mener de front les deux disciplines est un pari auquel Nicolas Ivanoff a renoncé et que François Le Vot, n’a pas cherché à relever. Chez les français, seul Mikael Brageot tente la passe de deux cette saison. Son statut particulier dans le championnat Red Bull Air Race, le lui permet. Mais en 2017, lorsqu’il aura intégré la catégorie Masters, ce sera sans doute plus difficile de jouer sur les deux tableaux.

Actuellement, en France, les voltigeuses de niveau international se comptent sur les doigts d’une seule main. Depuis le retrait de Kathel Boulanger, en 2013, après les mondiaux, elles ne sont que trois : Aude Lemordant, Mélanie Astles et Bénédicte Blanchard. Une quatrième pourrait rapidement faire ses débuts au plus haut niveau. Il s’agit évidemment que Caroline Paillier qui a intégré l’Equipe de voltige de l’armée de l’air en 2015.

Pierre Varloteaux, le commandant de l’EVAA, la voit déjà sur la plus haute marche du podium, devant les hommes. La pilote de chasse qualifié sur Mirage F1CT et sur Tornado débute en voltige sportive. Elle va devoir gravir une à une les marches qui mènent à la catégorie reine Unlimited avant de pouvoir viser l’objectif que lui a assigné son chef.

Cette saison, Caroline Paillier, tout comme Victor Lalloue, qui a rejoint l’EVAA en même temps qu’elle, doit se qualifier en monoplace. Elle a quatre compétitions biplace à son programme 2016. Et si tout se passe comme prévu, elle débutera son entraînement sur monoplace, avant la fin de la saison. Pierre Varloteaux est confiant. Ses deux nouvelles recrues sont très motivées, elles se donnent à fond et sont très bien préparées physiquement. Le renfort arrive.

Le Directeur technique national a déjà intégré, que dans les années à venir, il pourra compter sur une quatrième féminine. Ce n’est évidemment pas suffisant. Son problème est d’inciter de jeunes voltigeuses débutantes à viser le haut niveau. Si les femmes ne représentent que 7% des effectifs des aéro-clubs, chez les moins de 25 ans, cette proportion passe à 14%.

La médiatisation d’Aude Lemordant et de Mélanie Astles peut susciter des vocations de voltigeuses. Encore faut-il être capable au niveau des clubs de détecter les nouvelles venues qui ont le potentiel de faire de la compétition en monoplace afin de les encadrer au niveau fédéral. Il y a un débat entre la Direction technique nationale et les grandes écuries. Certaines, à l’image de l’Amicale de Voltige Aérienne, plaident pour que soient réservées plus de places aux femmes en équipe de France. La FFA estime pour sa part qu’intégrer à tout prix des femmes qui n’auraient pas le niveau, ne favoriserait pas le sport féminin.

Le débat est ouvert et comme toujours entre la DTN et les grands clubs de voltige il est animé. Une chose est sûre, d’un côté comme de l’autre, la volonté de féminiser la voltige française est là. C’est aussi un objectif du ministère de la jeunesse et des sports. Mais chacun sait qu’il faut du temps pour former un voltigeur ou une voltigeuse. La volonté politique et les moyens financiers ne suffisent pas.

Gil Roy

Caroline Paillier, la nouvelle recrue de l'Equipe de voltige de l'armée de l'air est le nouvel espoir féminin de la voltige française
Aude Lemordant, double championne du monde de voltige
Mélanie Astles a privilégié les pylônes de Red Bull à la voltige
Bénédicte Blanchard, championne de France 2016, est la seule féminine de la catégorie Unlimited, cette saison
… L'une des plus titrées voltigeuses françaises se consacre à son fils
Kathel Boulanger a mis la voltige entre parenthèses après le Mondial 2013 aux USA…
Si en voltige, comme sur le circuit Red Bull Air Race, elle doit encore faire ses preuves, Mélanie Astles a déjà su imposer une nouvelle image de la voltigeuse
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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    • Où sont les voltigeuses ?
      Julien,
      J'ai utilisé le crowdfunding cette année pour financer la moitié de ma saison. Mais je me vois mal utiliser cela tous les ans. J'ai trouvé une petite entreprise mais ce n'est pas non plus une entreprise internationale avec des donations hors-normes, elle ne m'a donné qu'une petite somme... J'ai du faire plus d'une centaine de demandes en 1 an auprès des grandes marques et entreprises. Ça n'a rien donné.
      Merci en tout cas!

  • Où sont les voltigeuses ?
    Le monde de la voltige aérienne est difficilement accessible pour des jeunes pilotes voltigeuses. J'ai participé à ma première compétition à la coupe Sud, début juillet. Payer mes heures d'entrainements n'a pas été facile, je n'ai que 17 ans et je suis encore au lycée. Je n'ai pas encore reçu de soutiens financiers de la part du CNDS ou d'autres organismes du même type. J'ai donc dû trouver d'autres moyens pour financer ma saison de voltige 2016 sur l'extra200 de mon aéroclub qui est à 230€/heure. Je vise le haut niveau pour mes années futures mais cela ne sera possible seulement si des aides me seront accordées, malheureusement...

  • Où sont les voltigeuses ?
    Juste pour éviter les mauvaises interprétations, je n'ai jamais été en faveur d'envoyer des personnes à la compétition qui n'ont pas le niveau mais par contre j'ai toujours défendu ceux qui auraient dû y aller...
    Pour le Championnat d'Europe UNLIMITED 2016 j'avais suggéré en début d'année qu'il y ait au moins deux filles en Equipe de France de manière à avoir un classement féminin ( 3 nations et 5 femmes minimum) et pouvoir ainsi ramener plus de médailles qui sont en général très médiatisées pour les filles et qui ramènent ainsi des sponsors importants pour nos sportives et sportifs de haut niveau... Aude et Mélanie illustrent parfaitement cette situation grâce notamment à notre CAP 332 SC F-HERA très performant même si aujourd'hui elles sont sur leur propre EXTRA "BREITLING" ou "BMW"... C'est le cours normal des choses et cela ne me choque pas.
    Avoir un classement féminin est à mon avis nettement plus motivant surtout avec l'excellence et la quantité importante de pilotes masculins très talentueux que l'on connait au niveau national et international et qu'il sera très difficile à battre.
    De plus si ma mémoire est bonne, au classement général mixte les russes Kapanina et Klimovitch ont été 4èmes, Pascale Alajouanine 5ème et Aude Lemordant 6ème l'an dernier.
    De plus pour mémoire jusque dans les années 80 on était bien heureux que nos 3 à 5 filles ramènent systématiquement des médailles par équipe vis à vis du Ministère de la Jeunesse et des Sports pour avoir des subventions... et que Catherine Maunoury médiatise la voltige aérienne en devenant championne du monde il y a déjà presque trente ans.
    Je souhaite à Bénédicte qui se retrouve toute seule malheureusement en 2016 en ELITE / UNLIMITED et aux nouveaux venu(e)s de l'EVAA une excellente saison et une ascension très rapide en ayant été dispensés notamment de faire la Coupe Espoirs 1er Cycle. Que l'on soit clair, cela ne me choque pas compte tenu de leurs talents, entrainements et EXTRA 330, mais que cette dérogation soit aussi offerte aux civils...
    La relève féminine et masculine se prépare dans les clubs et rien qu'à l'AVA en 2016 on dénombre plus de quinze filles très motivées qui ont hâte de passer en monoplaces et ainsi démontrer sportivement leurs talents à armes égales...
    Bons vols à toutes et à tous en étant les meilleur(e)s par rapport à vous mêmes et en espérant aux plus grandes marches des podiums nationaux et internationaux où tout se joue à pas grand chose entre les 5 premiers en général...

  • Où sont les voltigeuses ?
    42 pilotes masculins et une féminine au championnat de France!
    pour les masculins cela ne représente que 0,1% des pilotes en France. et avec moins de 10% de femmes dans les aéroclubs, cela l'est pas anormal de retrouver ce manque.
    D' autre part, l'entrainement nécessaire à ce niveau est représente une petite fortune, et sauf à être militaire, il faut avoir un métier ou une famille aisée ( conjoint ou ascendants) pour faire face.....
    La voltige est à haut niveau. , tout comme la plupart des sports mécaniques,loin du sport de masse.

  • Où sont les voltigeuses ?
    Il faut multiplier au sein des clubs concernés les opérations de promotion de la voltige féminine, comme l'aéro-club de Bordeaux qui fait des tarifs réduits aux voltigeuses débutantes grâce au soutien du CNDS (l'accès des féminines à la pratique sportive fait partie des rares objectifs encore subventionnés). Plus largement, il y a des actions destinées à favoriser les projets des jeunes filles dans le domaine du pilotage, comme l'opération "Elles Volent" organisée par l'AMSA avec le soutien de la région Nouvelle Aquitaine. Certes, le volontarisme ne suffit pas, mais ça aide!

  • Où sont les voltigeuses ?
    Je regarde les résultats de la Coupe Sud qui vient de se terminer à Nîmes :
    4 filles en Espoir sur 18 participants
    5 filles en Promotion (dont le Capitaine Pailler) sur 29 participants

    C'est pas encore la parité mais on a connu de moins bonnes années (et c'est nettement plus que la proportion de filles dans les aéroclubs que je fréquente).

  • Où sont les voltigeuses ?
    Les chiffres parlent d'eux-même. Sur les quelque 50.000 pilotes qu'il y a en France, seulement 3.000 sont des femmes. Sur ces 3.000 féminines, beaucoup plus se cantonnent aux Tours de piste plutôt qu'à la voltige aérienne, qui demande un engagement total. Il y a aussi l'aspect financier qui peut rebuter bien des pilotes. Pour un avion de base de voltige tel que le cap 10 ou encore le cr-100, l'heure de vol atteint rapidement les 180 euros même en club. France Voltige propose des subventions pour les pilotes les plus méritants mais cela suffit-il ? Malgré tout, on a en tête des noms comme Aude Lemordant ou encore Catherine Maunoury qui prouve que la voltige aérienne n'est pas qu'un domaine réservé aux bonshommes ! (heureusement)

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