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Retour réussi dans le box pour les voltigeurs français

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Martin R.

Les championnats de France 2007 ont clos une saison riche d’enseignement pour la voltige française qui, contre toute attente, a fait forte impression, cette année, au plus haut niveau international.


La page est définitivement tournée. La saison 2007 s’est achevée sous le soleil de la Creuse, dans un fumet de porcelet rôti. Les voltigeurs ont retrouvé l’appétit et le goùt de la compétition. Un trait est tiré sur les deux années sombres que vient de connaître la voltige française à la suite de l’accident mortel de Jean-Michel Delorme, lors du championnat de France 2005.

Après ce drame survenu à Saint-Yan, le doute s’était installé dans les têtes. Les mois de quasi inactivité qui ont suivi, suite à l’interdiction de vol des Cap 231/232, n’ont rien arrangé. A l’exception des membres de l’équipe de France, la plupart des pilotes ont renoué avec la compétition, en septembre dernier seulement, deux ans après donc, à l’occasion de ce championnat 2007. Apparemment, ils ont retrouvé confiance dans leurs avions et ils ont à nouveau envie de se battre. La compétition s’est déroulée dans une ambiance détendue grâce notamment à la petite équipe de l’aéro-club d’Ussel qui avait pris en charge l’organisation matérielle et la logistique. Avec un évident sens de l’hospitalité, les bénévoles du club qui se faisait une joie d’accueillir les voltigeurs, ont fait ce qu’il fallait pour que tout le monde se sente bien.

Une saison riche

Les résultats obtenus par la France dans les championnats internationaux avaient également redonné le sourire aux français, en les réconfortant. Auréolée de son titre de championne du monde acquis en juillet en Espagne, l’équipe de France  » unlimited  » était présente à Ussel, quasiment au complet. Renaud Ecalle et Kathel Boulanger, nos deux nouveaux vice-champions du monde, étaient rayonnants et d’une disponibilité totale. Les cinq pilotes  » Advanced  » étaient également présents, leur titre de champion d’Europe en poche. Le nouveau champion d’Europe de la catégorie, Alexandre Leboulanger, était lui aussi en grande forme. Le plateau était donc des plus relevés pour cette rencontre nationale.

A l’exception de quelques cumulus qui ont fait leur apparition dans le box et ont contrarié le déroulement de la compétition, la météo a également été de la partie. Le soleil a inondé cette magnifique région de la Creuse. Outre le programme qualificatif, les deux épreuves nécessaires à l’homologation de la compétition ont tout de même pu être organisées normalement. Le titre a été décerné officiellement à Renaud Ecalle en  » Elite  » qui succède ainsi, au palmarès à Jean-Michel Delorme, champion de France 2004, le titre n’ayant été décerné ni en 2005, ni en 2006. Alexandre Leboulanger devient champion de France en  » Excellence  » et Emmanuel Foulon en  » National 1 « .

Le DTN en première ligne

Ces résultats renforcent la position de Jacques Carriquiriberry, le Directeur technique national de la Fédération française aéronautique qui s’est fortement impliqué dans la composition des deux équipes de France (Unlimited et Advanced). Depuis que la FFA a repris aux voltigeurs (regroupés au sein de l’association France Voltige) la gestion de la voltige française, le DTN est devenu l’homme incontournable. Le problème est qu’une partie de la communauté sportive ne lui reconnaît aucune légitimité technique. S’il ne cache pas sa méconnaissance de la discipline, le DTN rappelle que, d’une certaine manière, le patron du sport de haut niveau à la Fédération, c’est lui et personne d’autre.

Son statut administratif lui confère cette autorité et il a la volonté de faire respecter à la lettre, les directives de son ministère, à savoir Jeunesse et Sports. Il entend notamment privilégier les jeunes compétiteurs et respecter, dans la mesure du possible, une relative parité homme – femme, alors que jusque-là, l’expérience et la maturité étaient les valeurs recherchées par Coco Bessière, l’entraîneur national, également sélectionneur. Entre les deux hommes, la divergence de point de vue est flagrante.  » Les textes précisent bien que le DTN est responsable de la sélection « , insiste Jacques Carriquiriberry.  » Coco fait la sélection, mais je me donne un droit de veto « .

Ce discours à le mérite de la clarté. Si l’entraîneur national reconnaît qu’il existe  » des petits désaccords avec le DTN  » sur le choix de certains pilotes, en revanche il souligne que  » Jeunesse et Sports apporte à la voltige française des moyens que les autres nations n’ont pas « . C’est un fait, des aides matérielles sont accordées aux sportifs de haut niveau français pour leur permettre de s’entraîner avec le meilleur coach au monde, ce qui est loin d’être négligeable et qui permet souvent de faire la différence.

En fait le DTN et le sélectionneur se rejoignent sur la plupart des noms. Ils divergent uniquement sur certains  » anciens  » qui, pour l’un, bloquent la progression des espoirs en verrouillant des places en sélection nationale sans pour autant obtenir des résultats, pour l’autre, ces  » anciens  » constituent la  » mémoire de l’équipe de France  » et à ce titre, ils lui sont utiles pour assurer la continuité. Jusqu’à présent, dans la durée, les choix de Coco Bessière se sont révélés payants. Ils sont le fruit de son expérience de la compétition, mais également d’un travail méticuleux d’observation des compétiteurs pour évaluer leur potentiel et en particulier pour tenter de savoir s’ils seront en mesure de gérer les contingences matérielles qui souvent viennent interférer avec leur carrière.

Des sacrifices librement consentis

Une saison de voltige au niveau international représente, au minimum, entre neuf et dix semaines de bonheur, de sueur et de sacrifices, essentiellement concentrées sur le printemps et l’été. Il faut compter cinq ou six semaines pour les stages, deux pour la compétition internationale et une ou deux pour les compétitions nationales. Il est évident que tout le monde ne peut pas mettre ainsi sa vie entre parenthèses dix semaines par an, voire plus. Le statut de sportif de haut niveau dont bénéficient une quarantaine de pilotes est un avantage pour ceux qui travaillent dans des grandes entreprises ou dans l’administration et dont la carrière est installée sur des rails, mais il n’apporte rien à celui qui travaille à son compte.  » Je bénéficie de 14 jours supplémentaires par an pour m’entraîner « , explique Kathel Boulanger, pilote à Air France, qui vole sur son propre Sukoï31.

La disponibilité d’esprit des uns et des autres n’est toutefois pas la même.  » Je coupe mon téléphone pendant les stages et les compétitions « , avoue Frédéric Chesneau, membre de l’équipe de France  » Elite  » et patron d’une agence immobilière employant une vingtaine de salariés.  » C’est évidemment préjudiciable à mes activités. La voltige m’a coùté très cher cette année « . Il évoque ici simplement son manque à gagner, pas ce que lui a coùté son Extra 300. Mais la passion n’a pas de prix et il continuera à se battre pour conserver sa place dans la sélection nationale, d’autant qu’il sait que la concurrence est grande. Derrière, les jeunes compétiteurs poussent.

Une génération prometteuse

Jacques Carriquiriberry et Coco Bessière ont eu la confirmation, à Ussel, que le réservoir de la voltige française est riche. Renaud Ecalle (26 ans) et Kathel Boulanger (27 ans) ont démontré qu’ils étaient au meilleur de leur forme et qu’ils étaient insatiables. Il leur reste à conquérir le titre mondial en individuel. Un bel objectif. Olivier Masurel (27 ans), même s’il ne finit que quatrième au championnat de France, confirme qu’il faudra compter avec lui dans les années à venir. Il en est de même pour Alexandre Leboulanger (30 ans) qui a survolé le championnat de France  » Excellence  » et sans doute gagné sa place en équipe  » Elite « .

D’autres pilotes ont également marqué des points. C’est le cas d’Emmanuel Antal ou encore de Bénédicte Blanchard, deuxième en  » Excellence  » et qui pourrait devenir la deuxième féminine de l’équipe  » Elite « . Reste le cas de Nicolas Ivanoff , le français du circuit Red Bull Air Race, qui s’est classé deuxième de la catégorie  » Elite  » et qui ambitionne de retrouver sa place en équipe de France. Le DTN n’en est pas convaincu. L’entraîneur compte sur cet  » ancien « . Ivanoff est un point de friction entre les deux hommes.

En attendant les militaires

Avec un tel potentiel, la saison 2008 s’annonce bien. D’autant mieux que les pilotes militaires pourraient revenir dans la boucle. A la suite de l’accident de Jean-Michel Delorme, membre de l’Equipe de voltige de l’armée de l’air, le ministère de la Défense a mis en sommeil cette structure. L’appel d’offre lancé cet été dans le but de doter l’EVAA de nouveaux avions de voltige en remplacement des Cap est le signe de la volonté de réactiver cette unité. La décision pourrait être prise cet automne ou au plus tard dans l’hiver. Coco Bessière ne cache pas qu’à ses yeux ce serait une excellente nouvelle. Outre le fait que l’armée permet de renforcer l’équipe de France avec des pilotes de bon niveau, elle offre des moyens d’entraînement exceptionnels. L’équipe de France peut en particulier bénéficier, pour ses stages, de la présence du caméraman de la PAF. Les entraînements peuvent aussi se dérouler sur les bases aériennes, sans riverains et ni soucis d’hébergement.

Dans l’hypothèse où l’EVAA est réactivée dans les mois à venir, Renaud Ecalle et François Rallet (qui a gagné, à Ussel, sa place en  » Elite « ) pourraient rejoindre François Le Vot’, le coéquipier de Jean-Michel Delorme, meilleur espoir de l’EVAA. Renaud et François sont tous deux pilotes militaires, le premier sur Mirage F1à Colmar, le second sur Mirage 2000 à Orange. Deux recrues de choix pour l’équipe de l’armée de l’air, à condition toutefois que leurs candidatures soient retenues…

Tout cela laisse présager de très bonnes choses, d’autant que cette nouvelle génération de pilotes est attachante.

Gil Roy. Aviasport N°632. Novembre 2007

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Martin R.

Martin R. est le développeur et webmaster d’Aerobuzz depuis sa création en 2009. Développeur de formation, il a fait ses classes chez France Telecom. Il lui arrive d’oublier ses codes le temps de rédiger un article sur un nouveau produit multimedia ou sur un jeu.

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