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Aviation Générale

Rien ne s’oppose légalement à la fermeture de l’aérodrome d’Oyonnax

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Gil Roy

La mairie d’Oyonnax (Ain), propriétaire de la majorité des 38 hectares sur lesquels s’est développé l’aérodrome local, a décidé de récupérer ce terrain dédié à l’activité aéronautique depuis 1933, pour créer une zone industrielle et aménager des espaces verts. Le dossier n’offre apparemment aucune faille juridique. La fermeture du terrain est programmée fin 2023. Les usagers étudient avec la mairie les solutions de replis sur les aérodromes avoisinant. Certains y croient encore…

« Ce sera l’assemblée générale la plus importante de l’histoire de l’aéro-club depuis sa création en 1933 », affirme Vincent Bonnet, président de l’aéro-club Jean Coutty d’Oyonnax. Elle aura lieu le 31 mars 2022, et il veut pouvoir présenter à la centaine de membres de l’association, une proposition de relocalisation négociée avec le maire d’Oyonnax. Dans la vallée de la plasturgie, l’heure n’est pas à la résistance, mais à la concertation.

Le maire d’Oyonnax a géré le dossier de la fermeture de l’aérodrome avec une extrême rigueur qui n’offre aucun angle d’attaque à ceux qui voudraient s’opposer à sa décision. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés la Direction de l’aviation civile Sud-est et les usagers de la plate-forme aéronautique. Il a enclenché le mouvement fin 2018 et il respecte scrupuleusement le préavis de cinq ans qu’impose la réglementation dans le cas de la fermeture d’un aérodrome civil. L’avis défavorable du rapporteur sur le projet de SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) n’étant que consultatif, il n’a eu aucune conséquence.

L’Etat, par l’intermédiaire de la DAC-SE, a essayé de convaincre le maire de revenir sur sa décision, en expliquant que chaque fois qu’un terrain est fermé, c’est la filière aéronautique qui est affaiblie. Sans succès. Les fonctionnaires de l’aviation civile ont également tenté de démontrer que dans le futur, compte tenu des évolutions technologiques en gestation, un aérodrome comme celui d’Oyonnax pourrait être un atout pour le développement de la ville et de sa région. Trop abstrait.

L’objectif du maire est de tirer parti des 38 hectares pour implanter, sur la moitié de cette superficie, de nouvelles entreprises. L’élu s’inscrit dans le court terme.

La mairie étant à la fois propriétaire du fonciers et gestionnaire de l’aérodrome, elle est libre de ses choix. La Direction de l’aviation civile ne peut pas s’y opposer. La seule obligation est de réaliser une étude technique sur les conditions préalables à la fermeture. Le contenu de cette étude n’est pas défini par la réglementation. En général, cette étude englobe un état des lieux techniques, un état des lieux administratifs et un état des lieux des activités. Les usagers basés doivent être consultés et des propositions de relocalisation doivent leur être proposées.

Outre les avions et l’ULM de l’aéro-club, une dizaine d’avions privés devront également trouver une nouvelle base. © AC J. Coutty

Toutes ces étapes ont été respectées. Parmi les solutions de relogement à l’étude, il a été envisagé initialement d’installer l’aéro-club Jean Coutty, avec ses 100 membres et ses 3 avions et son ULM, sur l’aérodrome de Bellegarde. Le maire s’est déplacé lui-même pour rencontrer son homologue de Bellegarde et les usagers locaux. Il faudrait construire un nouvel hangar.

Bellegarde, situé près de Genève, est un terrain actif, avec notamment un aéro-club de 250 membres et l’importateur français du constructeur aéronautique italien Tecnam. La piste est courte.

La plate-forme de Bellegarde peut-elle accueillir un nouveau club, avec une centaine de membres, trois avions et un ULM ? La question est posée. A Bellegarde, cette idée n’en pas déclenché un grand enthousiasme.

A Oyonnax, outre l’aéro-club Jean Coutty, il y a aussi un centre de vol à voile (40 membres et 7 planeurs en incluant les « privés ») qui pourrait rejoindre celui de Bourg-en-Bresse. Quant à la dizaine d’avions de propriétaires, elle risque d’être éclatée sur les terrains avoisinant. La section BIA de l’aéro-club (45 élèves par an) ne pourra pas suivre le club.

La flotte de l’aéro-club Jean Coutty d’Oyonnax. © AC J. Coutty

Tout n’est pas encore écrit. A Bellegarde, Jean-Claude Guyard refuse de croire que la fermeture est une fatalité. Il préside l’association « Le poumon vert » créée en février 2021 dans la continuité d’un collectif qui s’était constitué pour défendre l’aérodrome.

Outre les associations aéronautiques présentes sur le site, « Le poumon vert » regroupe des membres à titre individuel ainsi que des associations extra aéronautiques pour lesquelles, la présence de l’aérodrome est la meilleure garante des zones vertes existantes. Il y a notamment une association qui milite en faveur des déplacements en vélo, une association ouvertement écologiste ou encore des riverains.

Jean-Claude Guyard, membre de l’aéro-club Jean Coutty dont il a également assuré la présidence, est convaincu que beaucoup de personnes du bassin d’Oyonnax n’ont pas envie de voir disparaître l’aérodrome. Son objectif est de les fédérer pour peser face au maire. Il est prêt à étudier des solutions d’aménagement qui permettraient à un plus grand nombre de profiter de ces hectares de verdure qui entourent la piste et ses servitudes. Il espère réussir à mobiliser le public sur cette idée de partage.

« On ne baisse pas les bras pour le moment », déclare-t-il.

Gil Roy

 

 

 

 

 

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Virer le terrain pour mettre des entreprises. Pourquoi pas... mais vu comment la ville est enclavée, quand l'aérodrome aura disparu, les chefs d'entreprise demanderont une piste pour poser leur pc12...

    • Pas de Pilatus ostentatoire dans cette vallée. Pas dans la mentalité de la génération encore aux manettes à cette heure 😊

  • Si le Maire à en effet le droit de demander la fermeture définitive de l'aérodrome en accord avec la convention signée avec l'état (DGAC/ DTA), le délai légal est de 3 ans après en avoir fait la demande écrite ( ce délai peut être plus court en cas d'accord entres les parties).
    Il a cependant l'obligation de trouver une solution de relogement de toutes les associations aéronautiques basées et de prendre en charge le relogement des dites associations.
    « la collectivité ou le groupement bénéficiaire du transfert ne peut engager la procédure de fermeture de l’aérodrome transféré sans avoir recueilli préalablement l’avis des tiers détenteurs de droits et obligations se rapportant aux activités aéronautiques présentes sur les lieux et constitué à cet effet un dossier
    proposant des solutions de relocalisation des activités aéronautiques sur un autre site agréé par l’État. »

  • Cet aérodrome est malheureusement pour lui et ses usagers la cible idéale d'une fermeture. Enclavé presque en cœur de ville, avec les deux montées initiales l'une sur le centre et l'autre sur une périphérie habitée, un "cul de vallée" dans lequel les zones plates et saines sont difficiles à trouver, et le magnifique tissu de PME de la plastic vallée qui ne demande qu'à se développer.
    Passons sur le climat eurosceptique ambiant...
    Bien triste pour la communauté aéronautique.

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