Solar Impulse 2 prêt pour la grande traversée

L’équipe Solar Impulse de Bertrand Piccard et André Borschberg a conçu un avion plus performant mais aussi plus sûr. Le HB-SIB doit notamment être capable de voler 150 heures au-dessus du Pacifique dans défaillance.

L’avion solaire présenté par Solar Impulse ce mercredi 9 avril à Payerne (Suisse) doit débuter ses essais en vol dans les semaines à venir, pour un tour du monde par étapes en 2015. Bien que très proche au premier coup d’oeil de son prédécesseur HB-SIA, Solar Impulse 2 HB-SIB a été entièrement repensé pour des vols plus longs. Plus grand, plus performant et plus confortable, il se veut aussi plus sûr.

Lorsqu’on prévoit une traversée trans-Pacifique de cinq jours, la fiabilité devient critique. « Nous visons 150 heures sans maintenance », explique André Borschberg, co-fondateur, directeur général et pilote. Une durée sans commune mesure avec celles des vols commerciaux sur Airbus ou Boeing. Ceux-ci peuvent être inspectés toutes les 12 ou 15 heures au plus. Rien de tel sur Solar Impulse 2 mais divers paramètres – dont la position – sont transmis en permanence à l’équipe au sol.

Outre la fiabilité de chaque composant, « la conception de Solar Impulse 2 doit nous éviter de nous retrouver à l’eau pour une seule panne, » poursuit André Borschberg. Ainsi, des redondances on été introduites sur davantage d’instruments. Chaque groupe de batteries peut alimenter son propre moteur ou le voisin. Les moteurs, sur chaque aile, ont été rapprochés. En cas de panne, la dissymétrie est donc moindre. Ainsi, la panne d’un moteur ne devrait pas empêcher l’avion de terminer un vol transocéanique – à condition toutefois que le soleil brille sur les cellules photovoltaïques dès le matin. L’entreprise française d’ingénierie Altran a réalisé une analyse de sécurité globale de l’avion.

Tous les systèmes ont été étanchéifiés, de l’électronique aux cellules. Solar Impulse 2 pourra ainsi supporter une pluie légère – ce qui n’était pas le cas sur le HB-SIA. Les orages devront toujours être évités absolument. Afin de peaufiner l’optimisation de la trajectoire en fonction de la météo probable, un tour du monde virtuel est en cours. Il prend en compte la météo réelle de 2014. Fin mars, le monoplace virtuel était en Chine et devait quitter la zone avant la mousson.

Sur Solar Impulse 2, la masse au décollage passe de 1,6 à 2,3 t (dont un quart pour les batteries). L’aile affiche 72 m d’envergure afin d’offrir de meilleures performances aérodynamiques et plus de surface photovoltaïque. Avec l’empennage horizontal et le fuselage, elle est ainsi recouverte de 17.200 cellules. Celles-ci ont un rendement de 23 %. Elles alimentent des batteries dont la densité énergétique a été poussée à 260 Wh/kg. La finesse augmente d’un point, à 34. Quant au pilote, il devra se contenter d’un volume habitable de 3,8 m3, soit tout de même trois fois plus que dans le HB-SIA.

Thierry Dubois