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Aviation Générale

Sonaca Aircraft armé pour enclencher la remontée en cadence

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Fabrice Morlon

Sonaca Aircraft prévoit de livrer 25 monomoteurs Sonaca 200 en 2022. Adossée à un puissant groupe industriel, sa nouvelle usine, inaugurée juste avant le Covid, lui offre une capacité totale de 80 avions par an. Pour l’heure Sonaca Aircraft se concentre sur le marché des avions école de début.

Depuis la livraison du premier biplace fin 2018, plus de 50 exemplaires du Sonaca 200, toutes versions confondues, ont été assemblés dans l’usine située sur l’aérodrome de Namur. Début 2019, l’avionneur belge estimait une montée en cadence à 40 avions puis 50 en 2021.

Mais la crise sanitaire est passée par là, qui a fait revoir les ambitions à la baisse. « Le Covid a tout ralenti » explique Pierre Van Wetter, directeur commercial et co-fondateur de Sonaca Aircraft, « y compris les décisions des aéroclubs : les négociations s’étalent sur trois ans, ce qui nous impose d’être prudents encore pour 2022. »

En 2019, 8 avions ont été assemblés puis 20 en 2021. Sonaca Aircraft espère sortir 25 avions de son usine en 2022.

La production a été transférée en 2019 d’un atelier exiguë, où quatre avions tenaient à peine, à une véritable usine d’assemblage de 2.000 m², disposant de deux lignes en parallèle et capable d’assembler 80 avions sur un an.

La 56ème cellule vient de rentrer en assemblage dans l’usine de Namur.

La cellule n°50, tout juste vérifiée avant le début de l’assemblage final. © Fabrice Morlon/Aerobuzz.fr

Au moment de notre visite, le n°50 venait d’être livré et vérifié avant de débuter l’assemblage. L’avion approche désormais de l’étape finale de la mise sous tension et des essais moteur.

30 personnes travaillent à plein temps sur le site d’assemblage de Namur et entre 20 et 25 personnes, réparties dans les usines du groupe Sonaca, travaillent sur les différents éléments. Deux personnes travaillent par poste et plus l’avion avance sur la ligne d’assemblage, plus le personnel est qualifié.

« Il faut 40 jours pour assembler un Sonaca 200 » explique Pierre Van Wetter, directeur commercial et co-fondateur de Sonaca Aircraft, « nous comptons en moyenne 10 jours par poste et plus nous assemblons d’avions, plus nous réduisons le nombre d’heures de travail par poste. »

Les cellules avancent en parallèle sur deux lignes composées de quatre postes d’assemblage. © Fabrice Morlon/Aerobuzz.fr

Pour arriver à un prix hors taxes à partir de 199.000 euros, Sonaca Aircraft a adopté plusieurs solutions.

Le Sonaca 200 est un avion cosmopolite aux origines variées : une structure faite en Belgique et en Roumanie, des freins et des pneus français, un moteur autrichien, des instruments made in USA…

La force de Sonaca Aircraft et sans conteste d’être adossé au groupe Sonaca et à son réseau d’usines. Le groupe Sonaca dispose de 17 usines réparties majoritairement en Europe, aux États-Unis, au Canada et au Brésil. Ainsi, Sonaca Aircraft bénéficie de la supply chain de la maison-mère. Les ailes et la structure en métal du biplace sont, par exemple, fabriqués dans l’usine du groupe en Roumanie, là où les becs de bord d’attaque de l’Airbus A320 sont également fabriquées depuis la création de l’usine en 2015.

Les éléments en matériaux composite sont sortis de leur stock, prêts à être affecté à la cellule en fonction de son avancée sur la ligne d’assemblage. © Fabrice Morlon/Aerobuzz.fr

Grâce à cette force industrielle internationale, l’un des projets de Sonaca Aircraft est d’aller positionner son Sonaca 200 sur les marchés brésiliens et étasuniens. Avec des usines implantées sur le continent américain, Sonaca Aircraft envisage sans peine, dans un avenir proche, de fabriquer des Sonaca 200 en-dehors de l’Europe.

Pour l’heure, lorsque les différents composants du Sonaca 200 arrivent à Namur pour leur assemblage final, la première étape consiste à vérifier chacune des pièces.

Malgré un premier contrôle qualité au sortir de l’usine, cette nouvelle vérification permet de s’assurer que le transport n’a pas eu d’impact négatif sur les pièces.

La cellule n°50 reçoit son bâti moteur. © Fabrice Morlon/Aerobuzz.fr

Un avion avance ainsi sur la ligne d’assemblage suivant quatre postes.

Une fois vérifiée, la cellule, livrée équipée du câblage et dotée de la verrière, des trains d’atterrissage et des roues Berigner, est installée au premier poste, désigné numéro 4. Les ailes, qui sont fabriquées au même endroit que la cellule, sont en attente sur un chevalet. L’assemblage final peut alors débuter, sur les deux lignes parallèles.

Au poste n°4, le bâti moteur est fixé sur la cellule. Le moteur Rotax et son hélice Duc sont ensuite installés. Les techniciens procèdent à la mise en crois de l’avion, installent le stabilisateur puis préparent et installent les deux réservoirs d’ailes.

Les réservoirs d’ailes sont préparés avant leur fixation. © Fabrice Morlon/Aerobuzz.fr

Au poste n°3, le tableau de bord est installé et les instruments raccordés. La réalisation de la planche de bord est sous-traitée et arrive pré-équipée, sauf celle du NG, réalisée en interne, qui met en œuvre des instruments GI 270 de Garmin. Les commandes du moteur, le sélecteur carburant et la commande des freins sont également installées, de même que l’habillage de la console centrale.

La planche de bord fixée, le câblage est en cours sur MSN 47. © Fabrice Morlon/Aerobuzz.fr

L’avion reçoit ses sièges au poste n°2. La trappe d’accès au câblage depuis la cabine est fermée. Les carénages de roues sont positionnés et l’empennage reçoit sa dérive et les derniers équipements avant le capot moteur.

Le dernier poste, n°1, est dévolu à la mise sous tension et aux essais moteur avant les essais en vol.

L’installation de la cabine progresse au poste n°2 et l’avion va bientôt passer au stade des essais. © Fabrice Morlon/Aerobuzz.fr

Tout est prêt alors pour transférer l’avion au showroom où le client viendra prendre livraison de son avion.

Lorsqu’on lui parle d’autres projets, Pierre Van Wetter reste prudent et focalisé sur le biplace dédié principalement à la formation au pilotage. « Nous sommes placés sur un marché de niche, celui de la formation » explique Pierre Van Wetter qui poursuit « mais nous restons attentifs aux besoins de nos clients. Le biplace évolue, il devrait aller vers les vrilles intentionnelles dès l’année prochaine, c’est une demande pressante de la part de certains clubs qui exploitent un Sonaca 200 et qui veulent explorer les positions inusuelles. »

Trente personnes travaillent sur le site d’assemblage de Sonaca Aircraft. © Fabrice Morlon/Aerobuzz.fr

Dans l’immédiat, les évolutions prévues pour le biplace sont l’ajout d’un Flarm et de l’ADS-B in. En parallèle, Sonaca Aircraft étudie actuellement, avec sa maison-mère, la faisabilité d’une motorisation électrique à moyen terme pour le Sonaca 200.

Parce que Sonaca Aircraft a choisi de se focaliser sur le biplace VFR de nuit, la version IFR du Sonaca 200 n’est pas encore d’actualité, de même pour la version quadriplace. « Pour le moment, nous restons sur le créneau de la formation ab initio et du gain d’expérience pour monter les heures pilote » explique encore Pierre Van Wetter.

En plus d’être adossé au groupe Sonaca, l’une des autres forces de Sonaca Aircraft est de disposer d’un bureau de design certifié, le DOA (Design Organisation Approval) qui permet faire évoluer facilement le Sonaca 200 et de retrofiter les appareils déjà livrés.

« Pour nous, le bureau de design est très important » souligne encore Pierre Van Wetter qui précise que « Sonaca Aircraft modifie constamment le design de son biplace en fonction des retours d’expérience des clients ou de leurs besoins particuliers. Le DOA permet d’apporter des modifications mineures sans avoir à recertifier l’avion. Nous en sommes ainsi au 6e design.»

La flotte des Sonaca 200 dépasse les 15.000 heures de vol. © Sonaca Aircraft

L’ambition de Sonaca Aircraft est aussi d’offrir à ses clients et aux centres de maintenances un « carnet de santé » complet de leur avion avec la plate-forme MySonaca.

« Aujourd’hui, chez Sonaca Aircraft, nous sommes déjà capables de diagnostiquer et d’analyser à distance tout dysfonctionnement de l’avion ou de son utilisation par le pilote » explique Carl Mengdehl, Responsable Engineering.

« Avec les données transmises de température des cylindres et sur la santé du moteur, les calcul de l’usure de la cellule, nous sommes en mesure d’offrir à nos clients et aux centres de maintenance un état de santé de l’avion ou d’une flotte en temps réel » complète Pierre Van Wetter qui ajoute que « des accéléromètres et un enregistreur de facteur de charge vont prochainement équiper le Sonaca 200 de manière à affiner encore les données d’utilisation et d’usure des cellules. »

Les données moteur du Sonaca 200 sont scrutées par l’avionneur mais aussi par les propriétaires de l’avion pour une maintenance prédictive. © Fabrice Morlon/Aerobuzz.fr

En plus des données moteur et des données de vol de l’avion, MySonaca dispose d’une boutique en ligne avec un catalogue de 400 pièces allant de l’outillage aux consommables. Un logiciel de visualisation en 3D permet de consulter les plans des pièces, des assemblages et des sous-ensembles du Sonaca 200. La plate-forme donne aussi accès aux manuels d’utilisation et de maintenance mis à jour automatiquement  ainsi qu’à tous les Bulletins de Service.

En 2022, Sonaca Aircraft vise à développer les deux réseaux de centres de maintenance et de distributeurs, lancés en 2021.

Côté maintenance, sans entrer dans les détails, Sonaca Aircraft dit travailler actuellement à la constitution d’un réseau de centres agréés dans plusieurs pays.

En 2021, Sonaca Aircraft a initié la constitution d’un réseau de distribution. Au Royaume-Uni, trois distributeurs ont été choisi. En France, un accord avec un distributeur devrait aboutir dans les prochaines semaines.

Fabrice Morlon

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Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

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