Contre toute attente, les français font main basse sur le 20ème championnat du monde de voltige organisé en août 2000 à Muret, près de Toulouse. Catherine Maunoury, Eric Vazeille et l’équipe de France masculine sont champions du monde. Les féminines vice-championnes du monde. Le niveau était pourtant relevé et les français aucunement favoris.
Il est intéressant de chercher, de mémoire, l’essentiel des événements les plus marquants d’une carrière professionnelle. En ce qui me concerne (mais ce ne sont pas les seuls) il y eut « mon » premier championnat du monde auquel j’assistais, comme observateur de ce que serait la voltige, venant d’arriver chez Mudry : celui de 1972 à Salon-de-Provence. Il y a eu aussi celui de 2000 à Muret. Auguste Mudry m’avait demandé de suivre, en observateur de ce qu’était devenue la voltige. J’étais d’autant plus concerné que le Cap 232, aboutissement de plus 20 années de travaux, de discussions, de rencontres avec les plus grands ingénieurs et pilotes de la spécialité, m’avait fait transpirer il y a plusieurs années devant mon écran CATIA (le CAP232 a sans doute été le premier avion léger entièrement conçu en CAO, mais fabriqué de manière entièrement artisanale). Notre avion se retrouvait en première ligne au sein de l’équipe de France, entièrement sur Cap, dans ce championnat organisé par la France. Il n’était pas question de passer à côté.
Pour ce 20ème championnat du monde, même si elle le disputait à domicile, l’équipe de France ne partait pas favorite face à l’armada russe entraînée par Victor Smolin. Nous redoutions une domination des Sukhoi 31. L’avion était entre les mains expertes de Mikhaïl Mamistov, Victor Tchmal, Elena Klimovitch ou encore Svetlana Kapanina. La championne de trempoline acrobatique était en embuscade depuis de nombreuses années. Toute jeune, presque frêle, mais quand même athlétique, elle était venue pour hisser son Sukhoi 31 surpuissant sur la plus haute marche du podium. Elle était en concurrence avec sa compatriote Helena Klimovitch, souvent à la 2ème place, valeur sûre, super sympa, décontractée, toujours souriante, d’un calme olympien. Kapanina remportera la première épreuve devant tout le monde… Elle passera complètement à côté des deux programmes inconnus qui l’enfonceront dans les profondeurs du classement. Elle finit le mondial à la 15ème place.
Il y avait aussi toute une brochette d’autres pilotes dont les français devaient se méfier, à commencer par le hongrois Péter Besenyei et son éternel Extra 300, l’espagnol Ramon Alonso sur Su 31, et les américains David Martin sur Cap 232 et Kirby Chambliss sur Edge 540.
A Muret, l’équipe de France avait la particularité d’être bien encadrée. Elle n’avait pas moins de deux entraîneurs de renom, Claude Bessière, champion du monde en 1991 à Yverdon et Patrick Paris en 1998. Tous deux étaient issus du même moule, autrement dit de l’EVAA (Equipe de Voltige de l’Armée de l’Air). Ils se connaissent bien et ils eurent l’intelligence de ne pas se marcher sur les pieds et travaillèrent la main dans la main. L’équipe de France, probablement moins entrainée que celle « d’en face », pu bénéficier de leur expérience dans le domaine de la gestion technique et mentale d’une compétition. Ce sera son atout.
Le championnat du monde 2000 n’aura pas manqué de suspense. Le départ en force de Kapanina ne semblait pas laisser beaucoup de chance aux françaises et en particulier à Catherine Maunoury, la seule à pouvoir lui tenir tête. Les erreurs de la russe et la combativité de la française vont renverser la situation. A chaque programme Catherine Maunoury va remonter au classement général pour décrocher un deuxième titre mondial, douze ans après le premier. Chez les hommes aussi, la décision se fera à la dernière épreuve. Eric Vazeille prendra la tête le dernier jour. Mamistov vient s’intercaler entre lui et Eddy Dussau.
La France remporte trois des quatre titres en jeu. Seul le titre par équipe échappe aux françaises. Chacun savoure cette réussite qui était loin d’être acquise à la veille du Mondial. C’était sans compter sur les deux sorciers français que sont Bessière et Paris.
Jean-Marie Klinka
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WAC 2000 : Les français éblouissants
Bonjour Jean Marie,
Là, aussi, comme Le Havre 1992, ce championnat du monde de voltige aérienne à Muret en 2000, est , pour moi, un grand souvenir !
J'étais, le commentateur officiel de ces WAC (World Aerobatic Championship), avec cerise sur le gâteau, les titres des français , Catherine Maunoury, et Eric Vazeille, sur un avion de conception française et normande, le Mudry CAP 232 des Avions Mudry de Bernay dans l'Eure !
N'oublions, pas qu'avant d'avoir des avions allemands en équipe de France, nous avions un constructeur d'avion de voltige national (Mudry) qui a permis à notre pays d'avoir de nombreux titres européen et mondiaux .
Je suis également, fier, d'avoir, contribué par mes commentaires, lors de ce WAC 2000 , à la passion pour la voltige aérienne, de notre championnat monde en titre , François Le Vot , (voir article d'info pilote en 2014 sur Zoul) !
Amicalement
Ivan Hairon