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Culture Aéro – brèves

Décès de l’aviatrice Margot Duhalde Sotomayor

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Jean Ponsignon

Margot Duhalde Sotomayor, née le 12 décembre 1920 à Río Bueno au Chili est morte le 5 février 2018 à Santiago du Chili à l’âge de 97 ans. Ce fut la seule aviatrice des Forces françaises libres pendant la Seconde Guerre mondiale. J’ai eu la chance de la rencontrer lors d’un Salon de la FIDAE à Santiago, où, très francophile, elle venait bavarder dans le hangar où se tenait l’exposition de « Paris vu du ciel »
Chilienne d’origine française, elle a seize ans, en 1937, lorsqu’elle obtient de ses parents l’autorisation de quitter sa campagne pour se rendre à Santiago, pour apprendre à piloter. Elle est brevetée (troisième femme pilote) en 1938. Quand elle apprend l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, elle décide de combattre pour la libération de son pays d’origine. Elle s’inscrit d’abord au consulat, puis au comité gaulliste local. Son engagement est accepté en mars 1941 par les Forces françaises libres.

Elle part avec un groupe de volontaires chiliens en avril 1941. Mais c’est une femme, et les Forces aériennes françaises libres refusent de l’admettre. Aussi est-ce dans l’Air Transport Auxiliary qu’elle est admise. L’ATA assure entre aéroports les transferts d’avions neufs ou réparés.

Mais sa formation est longue et difficile, car elle ne comprend pas un mot d’anglais et ne sait pas naviguer hors du Chili. Après un premier échec, elle obtient d’être employée pendant trois mois comme mécanicien, puis suit un entraînement à la navigation aérienne jusqu’en juillet 1942. Elle réussit ensuite sa nouvelle formation de pilote ; elle pilote un Hurricane pour la première fois le 21 décembre 1942.

En 2002, Jean Ponsignon a rencontré l’aviatrice chilienne Margot Duhalde Sotomayor à Santiago du Chili où il présentait son exposition photo « Paris vu du ciel ». © Jean Ponsignon / Aerobuzz.fr

Elle fut la seule femme pilote des Forces françaises libres. Il convient de rappeler que 147 pilotes ont été tués au cours de ces convoyages. A l’occasion de sa mort les journaux ont publié des chiffres fantaisistes : certains parlent de plus de mille trois cents convoyages jusqu’en 1945. Dans nos conversations elle m’avait donné le chiffre de 326 Spitfire livrés. De même il est difficile de savoir le nombre d’heures de vol qu’elle avait lors de son départ pour l’Angleterre ; certains parlent de 30 heures, mais elle m’en avait indiqué beaucoup plus.

Après la guerre, elle rentre au Chili où elle est chargée de l’entraînement des femmes pilotes et devient ensuite colonel de l’armée de l’Air chilienne. Pour les Chiliens elle était une icone, comme Mermoz pour nous. Sur le terrain de Los Cerillos, elle était chez elle partout, elle m’emmenait au foyer des Halcones (la patrouille acrobatique chilienne), et puis chaque fois au bout d’environ une heure et demie , elle expliquait qu’elle devait partir retrouver sa petite chienne qui s’ennuyait sans elle. Mais toujours elle me rappelait sa grande tristesse de s’être vue refuser la naturalisation française par de Gaulle qui pourtant l’avait décoré de la Légion d’Honneur, au grade de Commandeur. Elle méritait en tout cas l’hommage d’AeroBuzz.

Jean Ponsignon

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Jean Ponsignon

En parallèle d’une carrière de 29 ans dans le conseil en organisation et management et de 6 ans dans l'humanitaire, Jean Ponsignon a signé une centaine d’articles sur deux sujets principaux, l’aéronautique et l’humanitaire, pour Aviation & Pilote, Aventure, Bourgogne Magazine, La Croix… Il a rejoint Aerobuzz, début 2013. Jean Ponsignon traite l’actualité culturelle.

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  • Merci pour cette rétrospective assez précise. Espérons que l'Histoire la retienne, et qu'elle ne se retrouve pas dans quelques années, toujours aussi noyée dans un flot d'articles journaleux à sensations, de ceux qui gonflent chiffres et faits, pour le sacro-saint tirage.
    Quand à Margot, tous mes souhaits d'un bon dernier vol.

  • En regardant sa photo, on s'attend à voir apparaître Burt Lancaster, Gregory Peck ou Charlton Heston..Quelle beauté! et dire qu'elle voulait être Française..non mais franchement, comment a-t-on pu lui refuser notre nationalité??. Est-ce qu'on a eu , au moins, la délicatesse, le simple respect, de lui expliquer les raisons de cette fin de non recevoir?.
    Pour les chiffres fantaisistes, Monsieur Ponsignon, envoyez votre bel article à MidiLibre, mais vous savez dans le sud, 1=3 voire plus parfois..

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