Anne Reale et Thierry Vigoureux signent leur deuxième roman intitulé « Décrochage » (éditions JPO). Les grands sujets qui animent l’actualité aéronautique servent de ressort à l’intrigue policière.
Il était une fois une jeune pilote professionnelle, Léa Desanges, qui travaille pour le compte d’une compagnie aérienne antillaise. Cette compagnie utilise dans sa flotte un avion régional solaire, le SunFastBird. Il s’agit d’un quadrimoteur électrique de dix places, piloté par une seule personne, dont la propulsion est assurée par des capteurs solaires incrustés directement dans la structure de l’avion, ailes et carlingue.
La commandante de bord, fort appréciée de sa hiérarchie et surtout de son patron, vit une histoire amoureuse avec un jeune médecin urgentiste, le sympathique Hugo. Son ancien amant, le tortueux Dick Farell avec lequel elle a vécu auparavant, semble vouloir se venger de cette séparation. Et les pires cauchemars commencent à pourrir la vie personnelle et professionnelle de Léa.
Il est question ici de drones, d’éruption volcanique, de drame familial (avec un dénouement tellement tragique !) et évidemment d’amour passionnel. Un amour passionnel entre Léa et son métier de pilote. Elle pilote depuis son plus jeune âge, elle aime le ciel, l’azur, les nuages, et bien sûr son avion avec lequel elle ne fait plus qu’un…
Bâti selon les règles les plus strictes du thriller avec des alternances entre les différents protagonistes de l’histoire, avec ses flash-backs, et avec un style original qui multiplie l’utilisation de la première personne du singulier, « Décrochage » ne permet pas au lecteur de décrocher : sitôt la première page entamée, plus rien n’arrête la lecture. Il faut aller au bout. Et c’est infiniment bon ! Les héros sont des hommes et des femmes « comme-tout-le-monde » avec leurs qualités et leurs faiblesses.
Puis, petit à petit, une sorte de folie les gagne et l’univers devient de plus en plus obsédant. Est-on toujours dans le réel ? Grâce à des précisions techniques distillées ici et là dans ce roman, le lecteur qu’il soit pilote lui-même ou non, est capté par l’intrigue et la spirale démentielle dans laquelle est entraînée Léa.
On est dans un monde complètement fou mais que nos enfants connaîtront demain. En effet, toutes les technologies citées dans ce livre (énergie solaire, drones…) existent déjà et Thierry Vigoureux et Anne Reale ne font qu’extrapoler avec une rigueur presque maniaque le développement futur de ces nouvelles applications scientifiques. De sorte que l’histoire devient (presque) plausible, ce qui la rend effroyable !
On notera aussi que l’ouvrage distille par petites touches des interrogations sur des grands sujets telle que la protection de l’environnement, les changements climatiques, etc.
Au-delà d’un thriller, un roman d’anticipation ?
Bruno Rivière
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