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Culture Aéro – brèves

Dernier survol d’André Turcat

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Bruno Rivière

Cinq ans après sa disparition, André Turcat (1921-2016) réalise un beau clin d’œil du haut de son ciel qu’il a tant aimé et côtoyé. En effet, le premier homme aux commandes de Concorde publie à titre posthume un carnet de voyages : « Dernier survol, une soif d’apprendre » (Editions JPO)

On connaît bien l’aviateur Turcat : il a été le premier pilote d’essai de Concorde dès mars 1969. On connaît aussi l’écrivain avec la dizaine d’ouvrages qu’il a publié sur sa vie de pilote mais aussi sur la Bible ou l’Histoire. On découvre maintenant, avec « Denier survol. Une soif d’apprendre » le personnage toujours désireux de découvrir davantage le monde, sa géographie, son histoire et ses Hommes. Et c’est tout simplement surprenant. Car comment imaginer que le pilote d’essai français le plus célèbre, puisse continuer plusieurs décennies après une retraite bien méritée, à étudier et à assouvir sa soif de comprendre.

« Après quoi, j’entamai ce troisième ou peut-être quatrième métier dans la faculté de théologie catholique de Strasbourg… J’y ai poursuivi pour ma part une licence de théologie avec option de langues anciennes, le grec et l’hébreu… Ma dernière carte d’étudiant a expiré à 82 ans ! »

Même son ami de longue date, Germain Chambost, reste stupéfait de ses capacités intellectuelles exceptionnelles. « L’une des dernières fois où j’ai rencontré André, chez lui à Aix-en-Provence, très peu de temps avant sa mort, il était tout simplement en train de traduire le « Livre de Job » du yiddish au français… ! »

Là, il convient de préciser que ce livre posthume n’aurait pas été publié sans l’intervention de Germain Chambost. C’est à lui qu’André Turcat a remis son manuscrit pour avis… Bien lui en a pris. Donc, dans cet ouvrage, le lecteur va découvrir un homme finalement simple, érudit, curieux de tout, humble, et profondément croyant. « Qu’évoquer de ce voyage (en Terre Sainte) qui est en fait maintenant un pèlerinage ? » André Turcat raconte ici avec sa vision à la fois d’homme de Lettres et d’Histoire différents voyages qu’il a effectué à travers le monde, pour des raisons professionnelles ou personnelles, avec toujours ses yeux de curieux et son cœur en recherche. L’astrophysicien Pierre Léna, qui signe la postface du livre n’hésite pas à écrire : « Il y a du Saint-Exupéry chez André Turcat. »

Le lecteur devra aussi lire et relire ce très grand moment de littérature dans lequel André Turcat imagine qu’il rédige un discours de réception de Saint-Exupéry à l’Académie Française :

« Faisons l’hypothèse gratuite où Saint-Ex, ayant bellement achevé sa carrière militaire, eût été élu post mortem à l’Académie Française, pour que son nom fût l’honneur de ses registres, et qu’après lui j’eusse été reçu à l’illustre Compagnie et donc chargé de son éloge… »

C’est un livre rempli d’humanité dans lequel le lecteur va pénétrer l’intimité de Turcat. Ainsi par exemple, parlant de sa femme disparue trop tôt : « Trois ans de lutte mais si bien en commun qu’elle me sentit totalement revenu à elle et survécut comme heureuse et dans la foi. Au point que ses derniers mots articulés furent extraordinairement « tout est merveilleux, pourvu que ça dure. » Comment l’oublier ? »

Dernier Survol : une soif d’apprendre. Par André Turcat.
Editions JPO. 130 pages. 24,35 €. ISBN : 978237011432

C’est un livre aussi rempli d’anecdotes. Comme celle-ci lorsque Chirac, à l’époque où il crée son premier parti politique, téléphone un matin à Turcat : « Ici Chirac. Vous rejoindriez-nous… comme conseiller pour les industries et le nucléaire ? Ah Monsieur… laissez-moi le temps de la réflexion. Bien sûr, je vous rappelle à 15 heures ! »

« Je suis sincèrement très contente que ce livre soit édité, confie Francette Joanne, compagne d’André Turcat. C’est tout-à-fait dans l’esprit des éditions JPO destinées à des gens de l’Aviation. J’ajoute que la couverture est vraiment très réussie. » Bref, En éditant ce livre, JPO Editions rend un bien bel hommage à un héros qui aura et qui fait toujours rêver des générations de passionnés du monde.

Bruno Rivière

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Bruno Rivière

Reporter photographe par passion, Bruno Rivière a assuré la rédaction en chef d’Aéroports Magazine pendant près de 25 ans. Il a également enseigné le journalisme en faculté. Spécialiste du transport aérien, il a rejoint Aerobuzz en janvier 2011. Bruno Rivière réalise des reportages et des recensions de livres.

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  • " Une illumination soudaine semble parfois faire bifurquer une destinée. Mais l'illumination n'est que la vision soudaine, par l'Esprit, d'une route lentement préparée."
    Antoine de Saint-Exupery

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