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Transport Aérien – brèves

Qatar Airways prête à « aller jusqu’au bout dans l’affaire » des A350 qui l’oppose à Airbus

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Gil Roy

Le différend qui oppose Qatar Airways à Airbus à propos de la dégradation de la peinture extérieure d’une partie des appareils de sa flotte d’A350 vient de connaître un nouveau développement avec le jugement rendu par le juge Waksman lors d’une audience à la Haute Cour de Londres, le 26 mai 2022.

Dans un communiqué de presse daté du 1er juin 2022, Qatar Airways déclare que « le juge Waksman a indiqué qu’il n’y a pas de résolution simple du problème et que la seule solution proposée actuellement, impliquant des réparations importantes et potentiellement répétées du fuselage de tous les appareils concernés, traite les symptômes et non la dégradation elle-même. »

La compagnie cite les déclarations du juge Waksman : « La thèse d’Airbus, telle qu’elle a été plaidée dans son mémoire en défense, est que cette dégradation peut se produire à un moment ou à un autre de la durée de vie d’un Airbus A350 parce qu’elle résulte d’un coefficient de dilatation différent entre le polymère composite renforcé de fibres (« CFRP ») dont est constituée la cellule et la couche de cuivre expansé (« ECF ») qui y est collée ou durcie.

L’ECF agit comme un paratonnerre qui empêche de graves dommages en cas d’impact de foudre. Cette différence de coefficient de dilatation signifie que ces deux ensembles de matériaux se dilatent et se contractent à des vitesses différentes et, du moins sous la forme présente sur l’A350, entraîne au fil du temps (au moins) la fissuration des couches de peinture situées au-dessus.

La position actuelle d’Airbus est qu’en ce qui concerne les Airbus A350 déjà livrés au Qatar et les futurs appareils dont l’assemblage n’est pas encore terminé, il n’y a pas de solution simple au problème. La seule chose qui puisse être faite est d’appliquer des rustines sur toutes les zones touchées (principalement le fuselage), potentiellement au nombre de 900. C’est le chiffre cité par Airbus pour les avions dont les travaux de peinture ont été effectués à l’aéroport de Shannon.

Les réparations réalisées sur d’autres avions ne sont peut-être pas aussi étendues mais elles semblent en tout cas considérables. Le terme « patch » semble approprié dans cette situation. Il s’agit de traiter les symptômes de la dégradation et non la dégradation elle-même. Celle-ci ne peut pas être rectifiée en appliquant un autre revêtement, avec ou sans enlèvement de la peinture. Il n’est pas non plus possible d’y remédier en retirant l’ECF (très difficile puisqu’il est durci sur le PRFC) et en appliquant un ECF de remplacement. En tout état de cause, à moins que le nouvel ECF ne diffère de son prédécesseur par sa composition ou sa conception, le problème risque de réapparaître avec le temps. Il semble que la situation soit la même si l’avion est simplement repeint.

Il s’ensuit logiquement que la dégradation a résulté de la conception de l’aéronef. Il n’y a que deux possibilités. Soit l’utilisation de cette forme relativement nouvelle de cellule faite de PRFC (au lieu d’un métal comme l’aluminium), combinée à n’importe quel type d’ECF, provoquera inévitablement la dégradation ou un état similaire. Ou bien il est en fait possible de concevoir et de fabriquer les matériaux nécessaires, en restant fidèle à l’utilisation du PRFC mais d’une manière qui évite l’apparition de la dégradation en premier lieu. 

La première possibilité semble peu probable. Cela est dû au fait que l’appareil Boeing 787 Dreamliner est également fabriqué en PRFC et que ces avions (mis en service pour la première fois en 2011) ne semblent pas avoir présenté de dégradation. C’est un point qui a été soulevé par le Qatar dans ses observations. De son côté, Airbus n’a fourni aucune preuve suggérant que le B-787 avait manifesté de problème. »

La compagnie se dite « prête à aller jusqu’au bout de cette affaire afin de s’assurer que ses droits soient protégés et qu’Airbus soit tenu de remédier à un défaut sans précédent, impactant les Airbus A350 pour l’ensemble de l’industrie aéronautique et pour plusieurs transporteurs. » Qatar Airways « se réjouit du jugement de la Haute Cour de Londres et attend avec impatience le procès complet et accéléré. » 

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Les Quataris qui ne savent pas planter un clou se font juges de la haute technologie qui pourtant satisfait les autres clients d'Airbus.
    Qu'ils aillent faire leurs emplettes chez Boeing, des clients comme eux ... on n'en veux pas !

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