« Alpha Tango », Jean-Pierre Condat reçu 5 sur 5

Suggestive et enflammée comme un tango argentin, la nouvelle série de tableaux de Jean-Pierre Condat réveille en nous l’aventurier de la Ligne qui se rêve danseur mondain. A moins que ce soit le contraire…

Le bandonéon qui guide les pas du couple répond au trio Hispano-Suiza, sur le tarmac de Buenos-Aires. L’élégance des danseurs n’a d’égal ici que les lignes épurées de l’Arc-en-Ciel. Jean-Pierre Condat réunit une nouvelle fois deux univers dans une nouvelle série de collages, logiquement astucieusement intitulée « Alpha-Tango ». Fallait-il encore avoir l’idée et c’est précisément ce qui distingue l’amateur de l’artiste.

« Alpha Tango » sonne comme un indicatif de radio-navigation et c’est un peu cela. Les 10 tableaux de cette série évoquent l’Aéropostale à travers l’univers du tango. Des compositions mêlant couples de danseurs et avions qui ont traversé le temps, du Breguet XIV des années 20 aux liners d’aujourd’hui en passant par les mythiques Latécoères et autres Constellations. Une vision onirique et théâtralisée de cette belle épopée qui a relié Toulouse à Santiago en passant par Buenos Aires. Carlos Gardel, compositeur né à Toulouse, n’est pas loin…

Ces collages à base de papier canson de couleur associés à un travail de finition (crayons/buvard pour les nuances et marqueurs pour les détails) sont souvent très colorés et harmonieux. Le dessin est précis tout en autorisant une poésie certaine non dénuée d’humour et de sensualité. En les regardant, on oublie vite la technique totalement maîtrisée pour aller vers l’essentiel.

On a ainsi pu voir les « Détournements d’avions » où l’artiste revisitait les grands maîtres de la peinture tels Hokusaï, Dali, Vettriano, Matisse, Magritte, Michel-Ange… pour y ajouter une dimension aéronautique qui n’y figurait (évidemment) pas. En 2013, ce fut « L’épreuve des sens » qui était un hommage à la Patrouille de France à l’occasion de ses 60 ans, des tableaux « aérotiques » qui ont séduit les Athos. Un an plus tard « Classe et secrets d’enfance » pour les 80 ans de l’Armée de l’Air, et récemment « Plus belle la Ligne » en référence aux compagnies aériennes, série commandée par la ville de Toulouse dont est originaire le collagiste.

Comme régulièrement par le passé, Jean-Pierre Condat a réservé la primeur de sa nouvelle production au public des Rencontres Aéronautiques et Spatiales de Gimont, dont la douzième édition a eu lieu le week-end dernier, dans le Gers, à deux pas de tango de la place du Capitole, et du Grand Balcon.

Jean Ponsignon