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Categories: Culture Aéro

Au Bourget, la Cocarde reprend des couleurs

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Jean Ponsignon

La salle de la Cocarde qui rassemble les principaux avions qui ont équipé l’armée française à partir de 1948 jusqu’aux années 1970 vient d’être dépoussiérée. L’occasion de la redécouvrir au détour d’une visite du musée de l’air et de l’espace, au Bourget


Je viens de revisiter à votre intention la salle de la cocarde du Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget. On croit connaître ce musée, on en est fier. On sait qu’on peut choisir en fonction de ses goûts : les avions de la Guerre de 14 – 18 et tout d’un coup fermant les yeux se retrouvés immergés dans le monde de Romain Hugault, ou bien les avions des grands raid et s’imaginer survolant le golfe du Tonkin ou les déserts d’Arabie.

Mais je vous suggère vivement de retourner (ou même peut-être d’aller pour la première fois) dans la « Salle de la Cocarde », qui est la dernière a avoir été rénovée ou plutôt repensée par le maître des lieux, le conservateur en chef, Christian Tillati.

Vous entrerez dans la salle et serez surpris de sa luminosité ; l’ancien velum qui servait de plafond a été retiré et la lumière rentre à flot. Un puits de lumière irradie la cocarde peinte sur le sol, au-dessus de laquelle s’inclinent respectueusement une dizaine d’avions utilisés par notre Armée de l’Air dans la période 1950 – 1970.

Une forte présence d’avions d’origine américaine.

Ils sont dans l’attitude de preux chevaliers sur le point d’être adoubés. Mais ce sont des flèches de l’azur et des cracheurs de feu, ivres de puissance et de vacarme qui se réveillent dans un écrin, tout étonnés de se voir entourés de leurs valeureux semblables. Les murs de la salle sont blanc, sans aucune décoration, ce qui peut surprendre au premier abord, pour ne pas faire dévier le regard des seuls appareils.

Les avions de la salle de la Cocarde Rappelons l’origine de la cocarde tricolore. Le 12 juillet 1789, debout sur une table de café aux alentours du Palais-Royal, le journaliste Camille Desmoulins harangue la foule : « Monsieur Necker est renvoyé. Ce renvoi est le tocsin d’une Saint-Barthélémy des patriotes. Ce soir, tous les bataillons suisses et allemands sortiront du Champ-de-Mars pour nous égorger. Il ne nous reste qu’une ressource, c’est de courir aux armes ! ». Desmoulins cueille alors une feuille et « invente » une cocarde vert d’espérance. De son côté, le comité des électeurs institue, par un arrêté du 13 juillet, une milice parisienne qui se voit attribuer une cocarde bicolore bleu et rouge qui représentent les couleurs de Paris. La couleur verte est vite abandonnée car elle rappelle la livrée du frère du roi le comte d’Artois. Dans la nuit du 13 au 14 juillet, un arrêté impose aux citoyens le port de la cocarde tricolore avec le blanc, symbole de la nation inséré entre le bleu et le rouge. nous les connaissons ou plutôt croyons les connaître car ils peuplent une bonne partie des albums de Buck Danny. Quand nous passons sous le Sabre, nous pensons à la Guerre de Corée et aux combats contre les Mig au dessus du Yalu. Les Super Sabre assomment notre imagination avec leurs gueules de requin et nous fait évoluer autour des rizières vietnamiennes. Il a l’air si puissant et si régulier dans ses lignes que l’on oublie qu’il fut si difficile à mettre au point, entrainant 315 accidents pendant ses 5 premières années d’utilisation.

Un écorché du Mirage F1

Le Mirage 2000-01 présenté est, je crois, le prototype des plus de 600 exemplaires qui seront construits et dont la moitié seront exportés. Ils s’illustreront notamment dans le Golfe, en Bosnie, au Kosovo, en Lybie et au Mali.

Le hall de la Cocarde a été inauguré le 30 mai 1979 par Yvon Bourges, alors ministre de la Défense et rénovée en 2015. On y trouve les principaux avions qui ont équipé l’armée française à partir de 1948 jusqu’aux années 1970. Les avions exposés sont donc essentiellement américains. Car à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’armée de l’Air tend à se reconstruire, d’où l’exploitation d’appareils américains et anglais. Il faut attendre les années 1960 pour qu’elle se tourne vers des avions de constructeurs français.

Collection d’affiches de recrutement plonge le visiteur dans des époques révolues et pleine d’exotisme, où l’appel aux femmes est déjà présent.

L’exposition ne se limite pas à la présentation des seuls avions – pourtant superbes -, elle a aussi pour vocation de mettre en avant les hommes qui gravitent autour de ces aéronefs et leurs rôles. Il y a une belle collection de costumes, dont le plus ancien remonte à …1798. L’Armée de l’Air est connue à travers ses aéronefs, ses stratégies, mais doit aussi l’être grâce aux hommes qui la composent. C’est ce parti pris qui a été mis en valeur dans ce nouveau hall de la Cocarde.

Et l’homme est présent dès votre entrée dans la salle, et cet homme c’est vous dans la chambre reconstitué d’un jeune homme (et pourquoi pas d’une jeune fille), un fana d’aéronautique qui au dessus de son lit a collé des affiches de meetings, a placé soigneusement ses maquettes sur des étagères, et déposé dans une vitrine les petits trésors amassés dans les portes ouvertes et les meetings de l’air écussons, badges, porte-clés. J’y aurais bien ajouté quelques livres mythiques et quelques numéros de la revue Icare, mais la chambre est petite et ils sont sans doute stockés dans le couloir.

Reconstitution de la chambre d’un adolescent passionné d’aviation

L’exposition ne se limite pas à cette couronne évoquant les chasseurs du passé ; elle se veut instructive et reliée au présent. Elle met en relief les différentes composantes aériennes de l’armée française : l’aéronautique Navale, l’aviation légère de l’armée de Terre et bien entendu l’armée de l’Air.

Elle a pour but de mettre en avant les principales missions de l’aviation militaire française, ses métiers, ainsi que ses évolutions technologiques majeures à travers neuf mises en scène :
• la création et l’histoire de l’aéronautique militaire française,
• la police du ciel,
• l’appui aérien,
• la lutte anti-sous-marine et anti-navires,
• la surveillance maritime,
• les opérations de secours et d’assistance humanitaire,
• la recherche du renseignement,
• la projection des forces
• et la dissuasion.

Pour chacune d’entre elle, un espace nettement délimité lui est consacré ; le conservateur a voulu, en suivant le fil rouge des métiers, expliquer leur rôle, donner un accès visuel à des exemples récents à l’aide de photos, de vidéos et de présentation de matériels, donnant à la fois des éléments d’Histoire, mais aussi la logique d’emploi des forces. Les acteurs, hommes et femmes, sont mis en situation. Des panneaux signalétiques renseignent le visiteur.

La salle de la Cocarde met en relief les différentes composantes aériennes de l’armée française

La volonté de proposer le recrutement est permanente dans chaque espace. Et puis, cerise sur le gâteau, une salle de projection équipée en haute définition, vous permettra de vous assoir, mais surtout de profiter de superbes images qui vous compteront des histoires d’hommes et d’avions, susceptibles d’intéresser petits et grands. Alors n’hésitez pas à devenir « cocardiers ».

Jean Ponsignon

 

Informations pratiques

Aéroport de Paris
Le Bourget BP 173
93352 Le Bourget Cedex France
Jusqu’au 30 septembre le musée est ouvert du mardi au dimanche, de 10h00 à18h00. Fermeture hebdomadaire le lundi.
Entrée gratuite
Site internet : http://www.museeairespace.fr/

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Jean Ponsignon

En parallèle d’une carrière de 29 ans dans le conseil en organisation et management et de 6 ans dans l'humanitaire, Jean Ponsignon a signé une centaine d’articles sur deux sujets principaux, l’aéronautique et l’humanitaire, pour Aviation & Pilote, Aventure, Bourgogne Magazine, La Croix… Il a rejoint Aerobuzz, début 2013. Jean Ponsignon traite l’actualité culturelle.

View Comments

  • Au Bourget, la Cocarde reprend des couleurs
    J ai cru reconnaître ma chambre et celle de nombre de mes amis.ils se reconnaîtront

  • Au Bourget, la Cocarde reprend des couleurs
    Le FR 84 de la 33eme à été oublié ? F 84 et TR.33 également dommage...

  • Au Bourget, la Cocarde reprend des couleurs
    Cela fait plaisir de revoir le nez du 13-PI, dont le chef de poste avait la garde à l'entrée de l'ex-BAO 132 de Colmar-Meyenheim.

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