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Categories: Culture Aéro

Biscarrosse, des Latécoère aux Piper

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Frédéric Lert

Sur la côté Atlantique, Biscarrosse demeure le centre de gravité de l’hydraviation française. Un petit musée retrace l’épopée des Latécoère qui s’envolaient du lac où aujourd’hui il est à nouveau possible d’apprendre à piloter des hydravions ou plus simplement de faire son baptême de l’eau…

La ville de Biscarrosse est étroitement associée au nom de Pierre-Georges Latécoère et à l’hydraviation, actuelle ou ancienne. L’hydraviation aujourd’hui, c’est Aquitaine Hydravion et ses biplaces légers PA-18 à flotteurs, ou encore l‘école de pilotage Le Vol des Aigles et son Storch hydro, les uns et les autres basés sur le terrain de Biscarrosse Parentis. C’est aussi le rassemblement « Flying Spirit », seul meeting aérien de France que l’on peut regarder les pieds dans l’eau ou à l’ombre des pins ou même les pieds dans l’eau à l’ombre des pins pour les plus malins.

Meeting sans barrière, où la plage fait office de limite à ne pas franchir. Simple, efficace et rafraîchissant. C’est aussi un spectacle magnifique qui puise sa légitimité dans les riches heures des paquebots volants qui prenaient leur élan de l’hydrobase toute proche des Hourtiquets. Des plans grandioses furent tracés dans les années trente, au cours de ce bref intermède de quelques années pendant lesquelles les hydravions crurent tenir un ascendant définitif sur les avions terrestres.

Mélange de technique, d’idéalisme, de fierté nationale et d’aventure commerciale, c’est toute cette histoire très riche que raconte le musée de Biscarrosse. Musée municipal, porteur du label musée de France, mais aussi témoignage d’une municipalité qui a décidé d’investir dans son histoire et son héritage aéronautique. Le hall vitré abrite notamment un Grumman Widgeon, un Donnet Lévèque et une réplique de Romano R-1.

Collé au bâtiment, un hangar ouvert laisse reconnaître un fuselage de Dornier Do 24 et le deuxième exemplaire de l’Explorer de Hubert de Chevigny, l’un et l’autre en attente de restauration. Il faut ensuite se retourner pour découvrir un chapelet de pavillons (certains abritèrent après-guerre le personnel du Service de Transmission et Signalisations des Hourtiquets) réunis par des galeries et dans lesquelles sont exposées les collections.

1.250m2 d’exposition au total contenant documents, maquettes et autres pièces historiques dont la collection s’enrichit parfois de pièces sorties du lac voisin. Et c’est ainsi qu’au début du mois de juin, les plongeurs militaires du Centre d’Essais des Landes ont repêché un tableau de bord qui semblerait appartenir à un Junkers Ju-52. Comment cette pièce s’est elle retrouvée au fond de l’eau, la question reste pour l’instant sans réponse…

Le musée reçoit chaque année environ 20.000 visiteurs (à 90% français disent les statistiques), accueillis par six permanents. Les seuls mois de juillet et août concentrent la moitié des visites et l’équipe du musée est alors renforcée par trois saisonniers. Une vingtaine de bénévoles de l’associations des amis du musée de l’hydraviation sont aussi là pour donner les coups de mains nécessaires et travailler sur les projets de restauration. L’association avait été à l’origine de la création du musée en 1982, la mairie de Biscarrosse récupérant la responsabilité de la gestion en 1999 devant l’ampleur de la tâche à accomplir…

Parmi les projets en cours figure la remise en état d’un Grumman Albatross. Aerobuzz s’était fait l’écho de l’acquisition de l’appareil en septembre 2014 grâce à un mécénat public et privé. L’avion est aujourd’hui abrité dans un hangar de l’ENAC sur l’aérodrome de Lahitte, autre site historique puisque c’est de ce terrain qu’auraient du évoluer les avions terrestres complétant les lignes transatlantiques des hydravions.

Le chantier de restauration du Grumman, qui a bénéficié d’un label « chantier nouvelle chance » porté par la région, a débuté en décembre dernier. Il devrait se clore au printemps 2017. D’ici là, deux groupes de douze apprentis ajusteurs monteurs et un groupe de jeunes peintres se seront succédés sur l’avion pour lui redonner son lustre. Le Grumman sera ensuite présenté sur ses roues, à l’extérieur du musée, en attendant mieux.

Le « mieux », c’est un projet d’agrandissement du musée actuel, qui serait alors déplacé vers un terrain municipal proche. La surface couverte disponible serait alors triplée. On ne sera pas étonné d’apprendre que si les bonnes volontés sont déjà là, il ne manque plus que le financement, de l’ordre de 4 millions d’Euros. Deux étudiants en architecture ont profité de l’idée pour en faire un sujet de mémoire.

La balle est à présent dans le camp de la municipalité et de la région. Une chose est certaine : Biscarrosse a choisi de bâtir sa notoriété et son identité culturelle sur la riche histoire de l’hydraviation. La volonté existe de développer cette image et de faire fructifier cet acquis historique, moteur du développement de la ville. On ne s’en plaindra pas…

Frédéric Lert

Informations pratiques

adresse :
332 rue Louis Breguet, 40600 Biscarrosse

téléphone : 05 58 78 00 65
email : musée.hydraviation@ville-biscarrosse.fr

horaires
hors saison, du 1er février au 30 juin et du 1er septembre au 31 décembre : tous les jours de 14h à 18h, sauf les lundis. (fermeture billetterie à 17h)
saison, du 1er juillet au 31 août : tous les jours de 10h à 19h sans interruption (fermeture billetterie à 18h)

le musée est fermé au public tout le mois de janvier

prix
plein tarif 5,50€
enfants de 6 à 18 ans : 2,50€
voir le détail sur le site internet

site internet : www.hydravions-biscarrosse.com

Un meeting aérien les pieds dans l'eau !
Un des PA-18 sur flotteurs de l'aéro-club Aquitaine Hydravion
Vue générale de l’entrée du musée, dans l’une des villas autrefois habitées par du personnel des Hourtiquets.
Les pionniers ne sont pas oubliés, avec notamment cette reconstitution tournant autour de l’oeuvre d’Henri Fabre et de Glenn Curtiss.
Au travail sur la voilure de l’Albatross, dans un hangar de l’ENAC sur le terrain de Lahitte.
Le travail de décapage a commencé sur l’Albatros acquis en septembre 2014.
En vitrine devant le hall d’exposition, un treuil de hissage des hydravions.
Un des groupes d’élèves devant l’Albatross à son arrivée à Lahitte.
A l’abris des éléments, la pointe avant d’un Dornier Do24 et le deuxième exemplaire de l’Explorer de Hubert de Chevigny, l’un et l’autre en attente de restauration.
Le hall vitré abrite notamment un Grumman Widgeon.
Superbe réplique de Romano R-1. A noter le panneau réfléchissant permettant de jeter un oeil, à distance, dans le poste de pilotage.
Le Donnet Lévèque mis en situation sur un bout de plage. Le même panneau réfléchissant permet d’apercevoir l’intérieur du poste de pilotage. Un dispositif temporaire dans le cadre de l’exposition « cockpit ».more
L’ouverture nocturne du musée donne un relief particulier aux visites…
La place des hydravions dans les deux guerres mondiales est évoquée succinctement avec photos et équipements.
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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Biscarrosse, des Latécoère aux Piper
    un grand merci pour l'aéro-club et son musée, quand à l'ALBATROS , je salue toute la
    jeunesse concernant sa restauration!!!!!! et cela me fait grand plaisir, l'aviation nous
    rassemble!!!!!! c'est cela l'important!!!!!!

  • Biscarrosse, des Latécoère aux Piper
    Concernant le tableau de bord de Ju-52 retrouvé au fond du plan d'eau, il faut savoir qu'il y a eu des Ju-52 en version hydravion. Peut-être y en a t-il eu à Biscarosse à une époque?

  • Biscarrosse, des Latécoère aux Piper
    J'entends toujours parler de Biscarosse à propos d'hydravions et jamais on ne parle d'Hourtin plus au nord. Pourtant comme ce fut le centre de recrutement/formation militaire de la Marine Nationale j'ai eu "l'honneur" d'y passer 2 mois et d'y voir un énorme hangar dans lequel furent logés des hydravions car devant faisant suite au terre-plein il y avait encore l'accès en pente menant au lac. Je crois même que le lac d'Hourtin est le plus grand lac naturel en France, au niveau surface.

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Frédéric Lert

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