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Constellation, grandeur et décadence d’une star des airs

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Jean Ponsignon

La chaîne de télévision Planète+ diffuse, à partir du 17 mars 2013, un documentaire de 52 minutes de Grégory Le Moigne et Laurent Portes consacré au Constellation, l’avion mythique de Lockheed Martin, au destin incroyable.


La chaîne de télévision Planète+ offre en « prime time » à 20 h 45, le dimanche des films documentaires d’aviation qui sont ensuite rediffusés 5 fois à d’autres jours et heures. Elle vient d’en co-produire un qui sera diffusé le dimanche 17 mars : « Constellation, grandeur et décadence d’une star des airs », un film produit par Jean-Baptiste Jouy (Step By Step) et écrit et réalisé par Grégory Le Moigne et Laurent Portes. Un film qui a deux papas et qui s’exprime à deux voix : l’une féminine replace les séquences dans leur contexte historique, l’autre – celle de Tchéky Karyo – exprime les sentiments de l’avion lui-même.

On reproche parfois aux documentaires animaliers d’abuser de l’anthropomorphisme. Mais là c’est une réussite car le spectateur est pris par l’implication d’une histoire personnelle (la carrière trop brève d’un des plus beaux avions jamais conçu) dans l’histoire des Etats-Unis (en pleine ascension vers le statut de nation dominante) et dans celle de la deuxième guerre mondiale qui ralentit la sortie de l’avion.

La conception du fameux « Excalibur » (étonnant qu’aux USA on ait pu penser à l’épée mythique de notre breton roi Athur) qui à l’usage deviendra affectueusement « Coonie » est dû aux exigences du génie mégalo de Howard Hugues, et à la conception du concepteur hors pair de Loocked, Kelly Johnson, considéré comme un génie de l’aviation et le guru de Skunk Works. Avant il avait dessiné le P38 Lightning et qui plus tard, excusez du peu : le F-104 Starfighter, le U-2, le SR-71 et le F-117A, le F-22 Raptor et le Joint Strike Fighter, et même sans doute l’invisible Aurora.

Alors forcément le Super Constellation fait le fier, vous rappelle qu’il transportait les stars, à une période où le trajet Paris – New York était facturé l’équivalent de 10 000 euros. Il aime se faire photographier avec Marlon Brando ou Dwight D. Eisenhower, rouler les mécaniques de ses quatre énormes moteurs de 18 cylindres chacun. A certain moment il s’exprime comme un dandy, puis un poète abusant un peu des survols nuageux. Mais la réalité le rattrape, le tragique de maints accidents et l’arrivée du tout puissant Boeing 707 va le conduire à une retraite après une carrière dont il n’a pas a rougir, mais où le vent de l’histoire et la course au progrès technologique vont lui porter un coup au moral.

Vous l’avez compris, la mentalité poétique de Grégory a conduit à la réalisation d’un film atypique de 52 minutes. Parfois la vie de cet avion me rappelait celle de St. Exupéry : du panache et de la classe : toujours ; des accidents douloureux et une certaine distanciation avec le commun des mortels. Laurent Portes est un spécialiste des films d’archives et au cours des huit mois d’écriture et de recherche a su dénicher des pépites d’images inconnues des chaines de fabrication et des voyages des stars.

Bravo à Planète+ de l’avoir programmé le 17 mars. Un peu plus tard un autre film, plus rugissant et d’actualité, de Gregory Le Moigne « Rafale Confidential » sera proposé le 2 juin à 20 h 45.

Jean Ponsignon

Et si les avions avaient des états d’âme ?


« S’ils pouvaient nous raconter leur vie, se confier à nous, comme on se confierait à un ami, ou à un journal intime, que nous raconteraient-ils ? Auraient-ils des regrets ? Des fiertés ? S’attarderaient-ils sur leurs vicissitudes, ou bien préfèreraient-ils insister sur leurs moments glorieux ? Quel regard poseraient-ils sur nous, nos petites et grandes histoires, nos folies et nos rêves ?

C’est, en gros, le point de départ de ce film : imaginer, 52 minutes durant, qu’un avion nous parle, qu’il se confie à nous. Mais pas n’importe quel avion : le Lockheed Constellation, le premier avion de ligne de l’ère du transport de masse. Un avion imaginé avant-guerre par Howard Hughes, pour être la star des airs, mais dont le destin fut contrarié par le conflit mondial, et qui, s’il fut un pionnier, ne fut pas ce roi qu’avait voulu son démiurge.

S’il était une rock-star, il serait Elvis Presley : une allure sensuelle, presque androgyne d’où son surnom, « Queen of the sky ». Des débuts prometteurs, stoppés net par le service militaire, des chutes et des déboires, et une fin de carrière pathétique, déphasée par rapport à son époque, avec la nostalgie d’une gloire éphémère et révolue… Bref : de quoi alimenter quelques années sur le divan d’un analyste, et offrir un principe de narration décalé, surprenant et original à notre documentaire.

Introspection, cure cathartique, analyse du subconscient… C’est bien ce à quoi nous livrons notre héros – en l’occurrence, un avion – entre les mains d’un psychothérapeute virtuel. Celui-ci n’est que supposé ; il n’intervient pas, on le devine dans la façon dont l’avion, personnalisé par une voix humaine – celle de Tchéky Karyo – se confie, explore son passé, ses névroses, ses refoulements, ses perversions parfois.

La « talking cure » d’un enfant gâté, promis à un destin exceptionnel, mais qui n’a pas su, ou pu, l’assumer. Bienvenue dans l’inconscient tourmenté du Constellation, Connie pour les intimes, « the Queen of the sky ». »

Step By Step

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Constellation, grandeur et décadence d’une star des airs

– Planète +

  • Dimanche 17 mars à 20h45
  • Vendredi 22 mars à 08H30
  • Mardi 26 mars à 22H25
  • Dimanche 31 mars à 07H20
  • Mercredi 10 avril à 01H15
  • Samedi 13 avril à 07H20
Le Constellation sublimé par le peintre Lucio Perinotto
Lockheed Constellation d'Air France sur l'aéroport de Beyrouth
Le Constellation, l'oeuvre de l'ingénieur Kelly Johnson
Le Super Constellation aux couleurs de Breitling
Thunderbirds de l'US Air Fore : croisemnt des sols
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Jean Ponsignon

En parallèle d’une carrière de 29 ans dans le conseil en organisation et management et de 6 ans dans l'humanitaire, Jean Ponsignon a signé une centaine d’articles sur deux sujets principaux, l’aéronautique et l’humanitaire, pour Aviation & Pilote, Aventure, Bourgogne Magazine, La Croix… Il a rejoint Aerobuzz, début 2013. Jean Ponsignon traite l’actualité culturelle.

View Comments

  • Constellation, grandeur et décadence d’une star des airs
    Ce film est un moment d'intense émotion pour moi, je suis un enfant des années 50.

    J'allais alors vers mon royaume , une rue sans issue dont la fin donnait sur la piste principale d' ORLY et la je voyais à une soixantaine de mètres de moi les Convairs les Dakotas les stratocruisers et autres Douglas et Tupolevs se mettre en attente avant de
    faire le point fixe pendant qu'un Globemaster du "MATS" atterissait . Mais avant tout ,
    J'y allais pour "Connie" . Les Constell's Super G et Super Starliners sont mes avions préférés . Je passais mon temps à les observer et les dessiner . Je connaissais leurs Compagnies et leurs immatriculations au point ou un peu plus tard je me suis rendu compte que souvent le pilote avait pris l'habitude de ce gosse
    assis sur son muret et avait fini par lui faire un signe de la main au passage.

    Ces avions avaient une ame , ils brillaient comme des jouets ,ils avaient une odeur.
    Chacun était l'image de son équipage ,le son des moteurs calme comme un glissement ou plus nerveux aboutissait toujours au paroxysme précédant l'envol ,
    Alors la silhouette sensuelle de Connie s'arrachait du sol vers les nuages .

    Quelle ne fut pas ma tristesse lorsque je les vis quelques années aprés
    stockés en bout de piste prés de Villeneuve le Roi .
    Sans moteurs cannibalisés
    en attente de ferraillage .
    Je n'ai pas oublié ce superbe avion ,je parcoure les sites
    dédiés aux propliners . Grace à Flight simulator je pilote souvent mes constell's
    Je suis lancé sur un super G et un 749 d' AIR FRANCE Heller que je modifie en permanence pour les rapprocher des "vrais" .Je vous invite tous à encourager et à visiter l'association nantaise qui permet à un super "G" de revivre .

    Merci à Planet plus et à ceux qui ont réalisé "constellation, grandeur et décadence d'une star des airs -" ce document est un monument , si un jour il est possible d'en acheter un exemplaire ,je ne le manquerais pas BRAVO !!!

    Serge TOUROVSKY

  • Constellation, grandeur et décadence d’une star des airs
    Absolument superbe document. A voir absolument.

  • Constellation, grandeur et décadence d’une star des airs
    grandeur sans décadence ,simplement le jeu de l'innovation et de l'évolution technologique.Plus subite et brève a été la carrière du DC7 C de Douglas qui avait été mis en ligne par la TAI en France et qui n'a eu que quelques mois d'exploitation véritable, dépassé très vite par les 707 de Boeing,puis par la gamme des D8 venus tardivement pour rehausser l'image de Douglas qui ne s 'en remis finalement jamais.

  • Constellation, grandeur et décadence d’une star des airs
    Oui Bertrand je les connais et il sont admirables. Pour ma part j'ai eu la chance de faire deux voyages PARIS SAIGON A.R et j'éprouve une certaine nostalgie de savoir que ce bel engin va disparaître, à l'instar du Concorde d'ailleurs qui, lui, aussi essaye de résister grace au dévouement d'une association CAC Cap Avenir Concorde pour ne pas la citer.

  • Constellation, grandeur et décadence d’une star des airs
    Une autre epoque, une epoque ou chaque avion d'AF avait un nom de bapteme, je crois que les 707 ont ete les derniers a etre baptises ...
    Enfin un grand coup de chapeau a Kelly Johnson, un virtuose.

  • Constellation, grandeur et décadence d’une star des airs
    Pour les inconditionnelles de l'aviation d'autrefois je conseille d'aller visiter le site http://www.superconstellation.org
    Ce dernier est maintenue en vol par une poignée de fana Suisse qui propose au membres des vols de plaisance vers différentes manifestation.

  • Constellation, grandeur et décadence d’une star des airs
    Oui le constellation est un avion de légende, ce pont aérien entre le vieux et le nouveau contient en a fait rêver plus d'un à l'époque.
    Une précision cependant, le Gourou Clarence Kelly Johnson a entamé sa carrière dans les années 30 avec l'étude de l'Electra dont certains volent toujours...il (enfin son équipe) a ensuite dessiné le P38, le F104, le U2 et le SR71...
    Le F117 a lui été réalisé sous la direction de son successeur Ben Rich
    tandis que le F22, JSF et l'Aurora sont venus bien plus tard....

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