Enquête policière sur des suicides en chaine chez Airbus…

Le dernier polar de Francis Pornon « Rêves brisés » entraîne le lecteur à Toulouse. Chez Airbus en particulier. Un site industriel où les suicides se multiplient. Une intrigue parfaitement montée…

Evidemment, c’est un polar. Donc, c’est totalement imaginé. Et pourtant, le roman policier de Francis Pornon, « Rêves brisés » (Editions Pascal Galodé) semble être une histoire vraie. L’aventure se déroule sous le quinquennat de Sarkozy, et le patron d’Airbus est encore Noël Forgeard. Tout se passe à Toulouse évidemment. Et les très nombreuses descriptions des différents lieux de l’action rendent l’histoire et ses rebondissements totalement crédibles.

Tout commence par des faits divers : quelques suicides au sein du personnel d’Airbus. Un détective privé et son agité et malin de second sont sur le coup. Enquêtes, filatures, actions… on taira la fin pour maintenir le suspens. Un suspens authentique – et excellent ! – qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière ligne. Mais la vraie force de ce polar original, ce sont ses références. En permanence il s’appuie sur des personnages vrais, mondialement connus (Mermoz, Bouilloux-Laffont, Maurice Papon…), sur des événements eux aussi mondialement connus et surtout, d’actualité (naissance d’Airbus, premiers vols, crashs…), et enfin sur des faits divers qui « pourraient être vrais » : suicides, trafics de stupéfiants, pouvoirs des grandes entreprises, réseaux occultes d’extrême-droite…

C’est habilement mené, d’autant que les héros – du moins les gentils –, se présentent dès le début sous les meilleures apparences. On dirait presque du commissaire San-Antonio et son célèbre adjoint Bérurier : même style parlé à la limite de l’argot, mêmes situations, mêmes jeux de rôle, et bien sûr, même soupçon d’érotisme light sans lequel l’enquête de notre détective serait sans saveur. Sauf qu’ici, Francis Pornon arrive à partager son évidente passion pour les choses de l’air, des débuts de l’Aviation à la mise en service de l’A380. Il faut lire ses intrigues parmi les dirigeants d’Airbus, les syndicats, le comité d’entreprise… Il faut entendre parler les « anciens » de l’Aéronautique, ceux qui ont fait les « Bréguet Deux-Ponts… Il faut visiter le musée « Mermoz »… Tout ici tourne autour de l’Aviation et de la conquête du ciel, et c’est bien ! Ajoutons que l’auteur, très judicieusement, parsème son roman de poésies – c’est même le point de départ de l’intrigue – pour le plus grand plaisir des amoureux des lettres, et c’est tant mieux ! Bref, un vrai régal…

Bruno Rivière