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L’histoire d’un pilote de Bf-109G qui sauva l’équipage d’un B-17 en 1943.

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Bruno Rivière

Dans « L’honneur avant tout » (Editions Altipresse), Adam Makos et Larry Alexander racontent une extraordinaire histoire de chevalerie aérienne : en décembre 1943, quelque part au nord de l’Allemagne en guerre, un pilote allemand va tout tenter pour sauver un équipage américain d’un B-17 en perdition.

C’est un vrai conte de Noël qui se déroula en décembre 1943 ! Une histoire invraisemblable mais pourtant authentique. On ne dira pas tout ici pour laisser au lecteur le plaisir de découvrir la fin du récit. « L’honneur avant tout » est vraiment une très belle histoire.

Nous sommes en décembre 1943, le 20 décembre exactement, juste donc avant Noël. L’Allemagne en guerre commence à subir de plein fouet les assauts puissants et répétés des aviations alliées. Les Anglais attaquent notamment avec leurs tous nouveaux mais redoutables DH98 Mosquito. Et les Américains, dotés de milliers de bombardiers lourds B-17, décollent jours et nuits des principales bases du Royaume-Uni pour pilonner les centres stratégiques allemands : usines, ports, aéroports… C’est ce jour-là, au cours d’un combat aérien sans précédent, que les routes de deux pilotes vont se croiser.

L’un est Américain. Il s’appelle Charlie Brown. Il a juste vingt-et-un ans. Il est sous-lieutenant au sein de la prestigieuse 8 éme Air Force américaine et commandant de bord de B-17F. Son puissant bombardier quadrimoteur, avec son équipage de neuf hommes (pilote, copilote, mécanicien, radio, mitrailleurs de queue, de tourelle et de sabord de droite et de gauche, opérateur bombardier) vient de livrer batailles au nord de l’Allemagne.

Il a décollé d’Angleterre, le matin même, avec des dizaines d’autres forteresses volantes et il atteint l’Allemagne après un survol des Pays-Bas. Sa mission est de larguer des bombes au-dessus de plusieurs usines à proximité de Brême, puis de retourner à la base en remontant nord-ouest par la mer du Nord, bien loin des côtes afin d’éviter la DCA ennemie.

L’autre pilote est Allemand. Son nom est Franz Stigler. C’est également un tout jeune pilote qui n’a pas encore trente ans. Passionné d’aviation, il a appris à piloter des planeurs dès l’âge de douze ans ! Après un passage comme « défricheur de routes aériennes » pour le compte de la toute jeune Lufthansa, il est récupéré par la très orgueilleuse Luftwaffe pour piloter les tristement célèbres chasseurs monomoteurs Messerschmitt 109. C’est lui le véritable « héros » de cette histoire…

Alors que le B-17 de Charlie Brown vient d’essuyer des tirs nourris de la chasse allemande, que son avion est endommagé de toutes parts (des obus de 20 mm et des balles de différents calibres ont fait exploser l’avant de l’appareil, ont détruit une partie de l’empennage arrière, ont provoqué la panne de deux moteurs sur quatre et ont tué un membre d’équipage. Rien que ça !) et que le pilote ne peut rien faire d’autre que se traîner à quelques centaines de pieds au-dessus du sol, un pilote allemand va décider de l’abattre ! Il s’agit de Franz Stigler, un « as » comme on les surnomme bien qu’il n’aie jamais brillé par ses exploits (en reculant devant l’ennemi alors que le jeune pilote est basé en Libye, il confiera : « je préfère être lâche pendant sept secondes, que mort pendant longtemps !»).

Le bombardier de Charlie se traîne donc à ras du sol et survole sans le savoir, un terrain allemand parfaitement camouflé. Franz l’entend gronder, le devine au loin, puis le voit. « C’est impossible qu’un avion puisse encore voler dans cet état-là, » pense-t-il. Sur un coup de tête, et sans autorisation de ses chefs, il décolle à bord de son Me109 pour abattre le bombardier. L’ayant rejoint, il arme son canon d’aile. Puis se ravise…

Frantz vole à présent à moins de cinq mètres de l’avion en péril, délabré, détruit, incapable de riposter, toutes ses mitrailleuses étant hors d’usage. Et il voit Charlie se battre avec les commandes pour tenter de reprendre quelques mètres d’altitude salutaires pour permettre à son équipage d’évacuer l’épave, en parachute. Mieux vaut être prisonnier de guerre qu’être désintégrer par un obus de la DCA ! Alors Franz a une idée folle : il fait comprendre par geste (la radio du B-17 étant évidemment hors service) de le suivre. Il lui indique les côtes vers le nord-est, c’est-à-dire vers la Suède, plus accessible que l’Angleterre.

Franz va « escorter » la forteresse volante de Charlie jusqu’au-dessus de la mer, lui permettant ainsi d’échapper aux barrages de la Flak, ces murailles de DCA mises en place par les Allemands sur toute la façade nord-ouest de l’Europe et connues sous le terrible nom de « Mur de l’Atlantique »… Nous vous laissons découvrir le dénouement à la lecture du livre d’Adam Makos, qui est également un récit historique. La seconde guerre mondiale vue sous l’angle de l’aviation allemande : de la déchéance du terrible commandant en chef de la Luftwaffe, Göring, jusqu’au suicide du Führer le 30 avril 1945.

Quant aux deux héros de cette histoire, ils s’éteindront tous les deux la même année, en 2008…

Bruno Rivière

Frantz Stigler en Libye
L’honneur avant tout, a higher call
Frantz et son groupe
« Cigarette à la main, Franz sort de son 109 à Trapani (Sicile) après avoir escorté un convoi vers l’Afrique. »
« Après une mission difficile, Charlie Brown apprécie une bouteille de whisky et un cigare ».
L’équipage américain d’un B-17. Charlie est au premier rang à gauche
Bf-109G
Mitrailleur de B17
B17
Une vague de B17 s'avançant sur l'Allemagne
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Bruno Rivière

Reporter photographe par passion, Bruno Rivière a assuré la rédaction en chef d’Aéroports Magazine pendant près de 25 ans. Il a également enseigné le journalisme en faculté. Spécialiste du transport aérien, il a rejoint Aerobuzz en janvier 2011. Bruno Rivière réalise des reportages et des recensions de livres.

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  • je suis un sud tunisien ..
    a l.occasion de ce gest dhonneur allemand ..jai beaucoup des histoires de chevalresque allemande parmis les soldats de l.afrikat corps..que mes grands parents ma racontait avec fierte.....

  • Et l' équipage sauvé ainsi à probablement pu participer aux bombardements de villes allemandes. Peut-être même Dresde. Le pilote allemand est probablement à l' origine de la mort de nombreux civils allemands.

  • L’histoire d'un pilote de Bf-109G qui sauva l’équipage d’un B-17 en 1943.
    Très sympa cette histoire, mais imaginons l'inverse, un pilote de chasse américain aidant un bombardier allemand en perdition, pas sur que le livre soit sorti par chez nous.....

    • Pas mal !
      C'est évidemment la question à se poser : recontextualiser dans l'époque.
      Pour certains Américains, dans le Monde, il y a eux... et eux !
      Donc cette histoire les intéresse.
      Mais le pilote américain qui aurait aidé un He-111 (par exemple), aurait aussi pu avoir de très sérieux ennuis...
      Il s'agit d'une "belle histoire", mais qui constitue bien sûr une exception !

  • L’histoire d'un pilote de Bf-109G qui sauva l’équipage d’un B-17 en 1943.
    ue suite à ce mail, je crois fermement à cet esprit chevaleresque de ce pilote allemand, pour sauver ce B17
    vraiment mal en point, aussi je vais acheté cet ouvrage
    pour faire comprendre à nos jeunes et leurs faire comprendre l'humilité de ce pilote allemand!!!!!!
    nous sommes tout simplement des hommes avec nos
    qualités et nos défaux!!!!!!!

  • L’histoire d'un pilote de Bf-109G qui sauva l’équipage d’un B-17 en 1943.
    Franz Stiegler sera propriétaire du seul Bf 108 canadien, immatriculé au nom se sa femme "Grit". A ce titre, étant moi-même passionné du Bf 108, il m'avait confié la première ébauche écrite de cette histoire il y a vingt ans. Elle semble avoir été légèrement remaniée au fil des ans et des auteurs.

  • L’histoire d'un pilote de Bf-109G qui sauva l’équipage d’un B-17 en 1943.
    Pour les férus d'Histoire, cette aventure est très connue, il y a eu un pps. qui a circulé sur le net. Ce qui est à retenir, c'est que ce pilote Allemand aurait eu la plus haute décoration nazie en abattant cette forteresse .............. mais combien de pilotes, suspendus à leur parachute ont été mitraillés par d'autres ???????????

  • L’histoire d'un pilote de Bf-109G qui sauva l’équipage d’un B-17 en 1943.
    L'épilogue de cette histoire est tout aussi émouvant puisque Charlie et Franz se sont retrouvés cinquante années plus tard lors d'une conférence aux Etats Unis.
    Charlie vivait à Seattle et Franz à Vancouver, ils résidaient à 300kms l'un de l'autre sans le savoir.
    Les retrouvailles ont occasionné des éclaicissements sur ce sauvetage et un grand rapprochement, bien évidemment, mais aussi le constat de la fin d'un des derniers combats chevaleresques de notre histoire aéronautique.
    Bravo d'avoir écrit cette dernière belle histoire de chevalerie..........

    • Mais, et Franz Stiegler, il est rentré à sa base ou il s'est posé ailleurs ? Cette histoire a du quand même lui poser quelques problèmes, non ?

  • L’histoire d'un pilote de Bf-109G qui sauva l’équipage d’un B-17 en 1943.
    "Et les Américains, dotés de milliers de bombardiers lourds B-17, décollent jours et nuits des principales bases du Royaume-Uni "

    Il me semblait que la répartition des missions entre l'USAF et la RAF était bien définie.
    L'USAF les missions de jour avec les B17 et B24 et la RAF les missions de nuit avec les Lancaster!

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