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La Marine française dans la Guerre d’Algérie

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Bruno Rivière

Le contre-amiral Bernard Estival a déjà signé une petite dizaine d’ouvrages sur l’engagement de la Marine française au cours des derniers conflits. A l’occasion du cinquantième anniversaire de la fin des hostilités en Algérie (19 mars dernier), il propose une nouvelle étude consacrée à « La Marine française dans la Guerre d’Algérie ». Un véritable livre d’histoire…


Bernard Estival est plus qu’un perfectionniste. Rigueur militaire oblige. Son dernier livre « La Marine française dans la Guerre d’Algérie » (Editions Marines) ne se lit pas comme un récit de guerre. Encore moins comme un roman. C’est une étude, un livre d’histoire destiné à ceux qui veulent connaître dans les moindres détails les opérations militaires de la « Royale », cette fabuleuse Marine française présente sur tous les fronts lorsqu’il s’agit de défendre la place menacée de la France.

Lors de la Guerre d’Algérie (1954 – 1962), on a cru longtemps que la Marine française ne servait qu’à convoyer hommes et matériels entre les ports méditerranéens de Toulon et de Marseille vers Alger et Oran. Erreur ! Bernard Estival réhabilite la mémoire de ces (trop) nombreux marins tombés entre les mains des rebelles fellagas, au cours d’opérations commandos notamment (défense des points sensibles ; suppression des poches de résistance ; pacification).

Il faut aller au bout de l’ouvrage pour mesurer l’ampleur du travail des marins… Un travail largement soutenu par l’aviation, aussi bien l’Armée de l’Air que l’Aéronavale. D’ailleurs, ce livre qui parle de marins, écrit par un marin, et destiné à des marins est illustré sur sa couverture par … un hélicoptère Sikorsky H19 de la célèbre flottille 33F. C’est dire que marins et pilotes ont ici déployé tous les moyens dont ils disposaient à l’époque, pour constituer une force complémentaire sans précédent.

Bernard Estival raconte, sous la forme de compte-rendu, les centaines et centaines de sorties des marins sur le sol caillouteux et épineux d’Algérie, systématiquement appuyés par des appareils (avions et hélicoptères) des forces aériennes françaises. On parle alors des monomoteurs Wought Corsair F4U7 capables de voler à plus de 10 000 mètres à 650 km/h pour larguer ses bombes au napalm, des chasseurs à réaction SNCASE Aquilon, des Avro Lancaster quadrimoteurs et des Lookheed Neptune P2V6 de surveillance et de lutte anti-sous-marine, du Consolidated Privateer PB4Y2 qui n’est autre que la version navale du bombardier Liberator et même du Morane 500. Côté hélicoptères, on redécouvrira les gros birotors Vertol H21 capables de transporter plus de 12 hommes amés, les énormes Sikorsky H34 de l’Armée de l’Air pouvant tenir des missions de 3 heures 30, les HSS1 imposants assemblés par Sud-Aviation pour la lutte anti-sous-marine puis transformés en version « assaut » pour la durée de la guerre d’Algérie, et déjà les fameuses Alouettes II, seules machines à l’époque capables de soulever leur propre poids.

Côté historique, le livre regorge de révélations sur l’Armée française. Un exemple (page 80) : « Le 11 avril 1956, le commando de Montfort est envoyé à Sétif où doit être constituée une unité héliportée. Il participe dans ce secteur à deux opérations héliportées au cours desquels trois rebelles sont abattus et quatre fusils de chasse récupérés. […] On retiendra que cette tentative […] de création d’une formation héliportée avait conduit à l’époque le général Massu à proposer de réunir les commandos Marine et une flottille d’hélicoptères pour former une unité autonome d’intervention, idée féconde mais en avance sur son temps car elle dut attendre 1960 pour être réalisée avec le jumelage du groupement de commandos Marine avec le Groupement d’Hélicoptères de l’Aéronautique Navale (GHAN). » Enfin, pour les érudits, signalons que l’ouvrage comporte de très nombreuses cartes, illustrations, croquis, annexes, glossaires et autres tableaux indispensables à sa bonne compréhension.

Bruno Rivière

Lancaster
L'aviso Amyot d'Inville
La Marine française dans la Guerre d’Algérie
Un HSS redécolle après avoir déposé ses commandos
Première version du HSS Canon

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Bruno Rivière

Reporter photographe par passion, Bruno Rivière a assuré la rédaction en chef d’Aéroports Magazine pendant près de 25 ans. Il a également enseigné le journalisme en faculté. Spécialiste du transport aérien, il a rejoint Aerobuzz en janvier 2011. Bruno Rivière réalise des reportages et des recensions de livres.

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