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Le Baron rouge raconte ses exploits

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Bruno Rivière

Dans un ouvrage disponible actuellement aux éditions Jourdan « Le Baron rouge, mémoires », le célèbre aviateur allemand Manfred Von Richthofen raconte ses exploits réalisés au cours de la Première Guerre mondiale. Etonnant !

Etonnant ! Les mémoires de Manfred Von Richthofen sont vraiment étonnantes… D’abord parce que le pilote aux quatre-vingt une victoires aériennes semble avoir traversé le ciel de la Grande Guerre en s’amusant. Etrange… « J’aimais beaucoup lancer mes bombes ! Mon observateur en était arrivé à s’y prendre fort bien… » (page 54). « Il n’y a rien de plus marrant que de taquiner les gens d’en bas à coups de mitrailleuses… » (page 55).

Etonnant ensuite parce que le pilote de chasse ne semblait pas beaucoup s’intéresser… aux avions. L’auteur-pilote ne décrit jamais le modèle d’avion sur lequel il volait. Juste une fois, il précise qu’il utilisait un biplan Albatros. Et que certaines de ses victoires ont été réalisées avec un Fokker sans jamais en préciser le type. « Je partageais ce Fokker avec un ami, qui est mort, hélas, depuis un bon bout de temps. Je volais le matin ; lui, l’après-midi. Chacun de nous craignait que l’autre ne démolisse l’avion… » (page 51). S’agissait-il d’un biplan ? D’un triplan . Aucune indication dans l’ouvrage ne permet de connaître avec exactitude les avions utilisés. Même lorsque le pilote parle du système révolutionnaire qui consistait à synchroniser la mitrailleuse avec l’hélice de l’avion, afin de permettre au pilote de tirer « à travers » l’hélice, il parle encore de Fokker… Il ignorait sans doute que le fameux système avait été mis au point en 1914 par un certain Raymond Saulnier puis optimisé par Roland Garros un an plus tard.

Etonnant enfin parce que Manfred Von Richthofen, que ses victoires sur les avions anglais et français – Lesquels ? Le Baron rouge ne précise pas ! – ont rendu célèbre avant même la fin de la guerre, semblait davantage intéressé par la chasse… aux gibiers, que par la chasse aérienne : « Peu de personnes peuvent se targuer d’avoir, une fois dans leur vie, pu tirer un élan. J’en fais partie. » (page 120). A la fin de l’ouvrage, qui comporte de très nombreuses lettres que le Baron rouge a adressé à sa mère durant la totalité de la guerre, on comprend que les cerfs, chevreuils, sangliers, perdrix et autres lièvres représentaient l’une des principales passions du pilote. N’oublions pas que Manfred Von Richthofen était avant tout capitaine de cavalerie…

Il faut lire « Le Baron rouge, mémoires » et se laisser surprendre par les descriptions étonnantes de l’auteur. Nous sommes entre 1915 et 1918 : « L’homme, pour son malheur, n’est doté que de deux yeux, qui regardent vers l’avant. Il doit piloter son appareil, surveiller son moteur, veiller à son orientation, vérifier la position de ses équipiers et tenir à l’œil les manœuvres de l’ennemi… Le pilote de chasse doit, en plus de courage et de la volonté, jouir d’une vue excellente. Il lui est permis de porter lorgnon ou monocle, ce n’est pas important… » (page 132).

Au fait, pourquoi Manfred Von Richthofen a-t-il été surnommé « le Baron rouge » ? La réponse est, là encore, étonnante : « J’eus, un beau jour, l’idée de faire peindre mon avion en rouge vif. Evidemment, il attirait tous les regards, à commencer par ceux de l’ennemi… » (page 68). « Toute notre escadrille de chasse avait été peinte en rouge, parce que nos copains anglais avaient fini par savoir que je volais sur un avion rouge-vif. Tous nos avions étaient devenus rouges et les Anglais écarquillèrent des yeux quand ils se rendirent compte qu’il n’y avait pas qu’un seul avion rouge, mais une douzaine… » (page 88). Un pilote anglais dira même de l’avion de Manfred Von Richthofen : « le petit rouge » ! En réalité, cette couleur rouge n’était pas le fruit d’un caprice. C’est le frère de Manfred Von Richthofen, lui-même pilote, qui donne l’explication : « On peut se poser la question de savoir pourquoi le capitaine Von Richthofen a peint son avion en rouge. Les Français trouvaient ça puéril, mais les raisons en sont plus compliquées. Après qu’il eut remporté ses premières victoires, Manfred trouva que les Anglais le repéraient trop vite. Il chercha à se rendre invisible en testant différentes couleurs, notamment la couleur « terre ». En vol, la couleur ne joue pas. Pour être reconnu par les membres de son escadrille, il porta son choix sur le rouge… » (page161). La réputation du Baron rouge fit le reste : « Bien souvent, quand les Anglais le voyaient, ils prenaient la poudre d’escampette. Aussi, lors de la bataille d’Arras, il lui suffisait d’approcher du front pour que l’ennemi se taille… » (page 162).

Finalement, le 21 avril 1918, le baron Manfred Von Richthofen ne rentre pas d’une mission dans la Somme. A-t-il été abattu par un avion anglais ? S’agissait-il d’une panne ? D’un accident ? Les témoignages divergent. Quoi qu’il en soit, le pilote allemand fut enterré avec les honneurs solennels auxquels ont assisté les Britanniques, ainsi que les correspondants des plus grands journaux français et anglais.

Bruno Rivière

C’est principalement avec un Fokker « DR.I » que le Baron rouge a remporté ses victoires sur des chasseurs anglais et français

Le Baron rouge, mémoire
Le baron Manfred Von Richthofen
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Bruno Rivière

Reporter photographe par passion, Bruno Rivière a assuré la rédaction en chef d’Aéroports Magazine pendant près de 25 ans. Il a également enseigné le journalisme en faculté. Spécialiste du transport aérien, il a rejoint Aerobuzz en janvier 2011. Bruno Rivière réalise des reportages et des recensions de livres.

View Comments

  • Le Baron rouge raconte ses exploits
    un pilote remarquable et un homme de conviction humaniste ...un chevalier du ciel !
    belle leçon de vie
    cette soit disant grande guerre a été une boucherie aveugle et sauvage , quelques militaires ont su garder et préserver leur honneur et leur humanité en ces temps perturbés ...il en était !

  • Le Baron rouge raconte ses exploits
    Bonjour,

    Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas à bord de triplans DR1 (19 victoires sur 5 immatriculations différentes dont 2 sur le prototype du DRI le FI 102/17) que MVR a remporté le plus de victoires, mais à bord des modèle Albatros DII (24 victoires) et DIII (24 victoires dont 20 à bord du 2253/17). Les autres victoires ont été remportées sur Albatros DV, Halberstad DII , Source livres
    de Peter Kilduff recoupés avec plusieurs sources historiques dont livre de Patrick De Gmeline Baron Rouge et Cigogne Blanche.

    Bonne journée Maillecolle

  • Le Baron rouge raconte ses exploits
    notre baron rouge, en attendant l'homme aux 88 victoires, avec un dr1 de 80 CV SON TRIPLAN fait pour des combats tournoyants!!!!!! à fait des ravages en combat aérien l'as des as allemands!!!!!!!

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Bruno Rivière

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