Le débat sur la mort d’Antoine de Saint-Exupéry relancé

Que penser des déclarations de Horst Rippert, ancien combattant de la Luftwaffe, qui a attendu plus de soixante ans avant de reconnaître qu’il avait abattu l’avion d’Antoine de Saint-Exupéry ? Tout repose sur la crédibilité du témoignage de cet homme âgé aujourd’hui de 88 ans et sur l’enquête menée par le plongeur professionnel, Luc Vanrell, qui a identifié, en 1998, l’épave du Lightning P-38 de l’auteur du Petit Prince. C’est peu aux yeux des historiens. C’est suffisant pour relancer la polémique.

C’est au Musée de l’Air et de l’Espace de Paris-Le Bourget que sont exposés une partie des éléments du bimoteur Lightning P-38 aux commandes duquel, Antoine de Saint-Exupéry a trouvé la mort, le 31 juillet 1944, en fin de matinée. Ce lieu impose le recueillement. L’émotion est forte quand le visiteur découvre la gourmette du pilote. L’auteur de Terre des Hommes prend alors une nouvelle dimension humaine.

On oublie la polémique sur l’authenticité du bijou qui a enflé après sa découverte, en septembre 1998 au large de Marseille, et l’attitude de certains ayants droit. On est fasciné. A cet instant précis, peu importe comment est mort physiquement Antoine de Saint-Exupéry… Son œuvre est éternelle.

Toutes les hypothèses ont été avancées. Pour les uns, il a été victime d’une panne. Pour les autres, il a eu une défaillance physique. Certains sont convaincus qu’il s’est suicidé. Beaucoup pensent qu’il a été abattu aux cours d’une mission de guerre. Tous manquent d’éléments concrets et indiscutables pour étayer leurs théories. Et le dernier témoignage en date apporte, une fois de plus, autant de questions que de réponses.

Plusieurs anciens pilotes de chasse allemands ont affirmé ou supposé qu’ils avaient abattu l’avion de Saint-Exupéry… avant de se rétracter ou d’être démentis par des historiens. Le témoignage d’Horst Rippert présenté comme  » l’ultime secret  » risque de connaître le même sort. Et ce n’est pas le livre Saint-Exupéry, l’ultime secret par Jacques Pradel et Luc Vanrell. Editions du Rocher. 19,90 € co-signé par celui qui a recueilli son témoignage qui peut finir de convaincre les plus incrédules.

Un paragraphe est troublant ; celui dans lequel les auteurs tentent de justifier le silence qui a entouré la fin de Saint-Exupéry. Evoquant les cinq pilotes susceptibles, selon les auteurs, d’avoir abattu le P-38, le 31 juillet 1944, on peut lire : «  brusquement les anciens se referment. Ils forment un groupe restreint. Il y a de forts risques pour qu’ils aient passé entre eux un pacte de silence. Dès le 1er aoùt 1944, au plus tard le 2, ils étaient tous au courant, leurs stations d’écoute ayant intercepté les communications des américains à la recherche de Saint-Exupéry. Mais pour Saint-Ex, c’est l’omerta. Il est l’Aviateur avec un grand A, l’esprit qui vole, le héros symbolique, sa mort est un poids trop lourd à assumer « . Difficile de se contenter de ces états d’âme…

Il y a fort à parier que le secret de la disparition d’Antoine de Saint-Exupéry reste entier.

Gil Roy. 26 mars 2008.