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Culture Aéro

Le F-16 jubile !

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Frédéric Lert

Cinquante ans après son premier vol, le F-16 est toujours fabriqué par Lockheed Martin et reste au premier plan de l’actualité. Une histoire (presque) unique dans l’histoire de l’aviation ! Suivez le guide !

Le 20 janvier 1974, le le pilote d’essais Phil Oestricher partait aux commandes du YF-16 pour un essai de roulage à grande vitesse sur la piste d’essais d’Edwards Air Force Base (Californie). Le pilote avoua quelques années plus tard qu’il avait l’objectif de soulever les roues de l’avion de quelques centimètres avant de se reposer immédiatement. Un vrai faux premier vol donc, mais ce qui se passa ce jour là dépassa ses attentes…

A 135 noeuds, le pur-sang dans lequel il était installé décida de jouer sa propre partition. L’avion commença à se dandiner sur son train, rebondissant d’une roue sur l’autre, avant d’aller racler la piste avec le saumon de son aile gauche puis avec celui de la profondeur !

Pour sauver l’avion, Phil Oestricher n’hésita sans doute pas plus d’une fraction de seconde : manette des gaz en avant, manche en arrière et… décollage ! Un large tour de piste et le YF-16 revint se poser sans casse. Il fut rapidement réparé, le logiciel des commandes de vol reçu quelques ajustement et l’avion fut prêt pour son premier vol officiel deux semaines plus tard, le 2 février 1974, il y a tout juste 50 ans.

Imaginez le Spad VII en 1966 ou le P-51 en 1990. Qui aurait eu alors l’idée de fabriquer et d’utiliser au combat ces chasseurs emblématiques des deux guerres mondiales ?

Et c’est pourtant le cas du F-16, mais aussi du F-15, ce dernier volant depuis 1972 et toujours en fabrication chez Boeing… Plusieurs éléments se conjuguent aujourd’hui pour expliquer cette longévité hors norme. D’abord l’augmentation exponentielles d’une génération à l’autre du coût de développement des avions de combat. L’autre élément essentiel est que l’aérodynamique des avions est à présent bien maitrisée et pratiquement figée.

Le domaine principal de l’innovation se retrouve aujourd’hui dans la propulsion ou les systèmes embarqués. Dès lors qu’un avion est bien pensé, rien ne change à l’extérieur ou presque, mais le remue-ménage est continu à l’intérieur du fuselage. Le F-16 est emblématique de cette évolution.

L’avion est né plein d’énergie, souple et véloce,  avec une plastique de rêve. Des lignes futuristes, un siège incliné à 30°, un mini manche latéral, une verrière comme on en avait jamais vu. Un avion qui était capable de claquer le beignet à quiconque osait s’approcher en combat aérien. Le gymnaste des débuts a laissé la place à un lutteur. Plus lourd, plus massif, moins rapide. Les traits se sont épaissis, il a gagné en savoir-faire ce qu’il perdait en souplesse. Autant de points communs qui rapprochent l’avion de son créateur bipède humanoïde…

Les standards (les « blocks » dans la nomenclature US) se sont enchainés. Nouveaux moteurs, nouveaux radars, empennage redessiné, entrée d’air élargie, train renforcé, arrête dorsale, réservoirs conformes, jour-nuit, air-air , air-sol, nucléaire… Beaucoup de choses ont changé sur le F-16 et cinquante ans plus tard, le chasseur n’est pas ridicule. C’est un quinqua qui s’entretient et fait encore le job.

Sur les 4.600 avions fabriqués, plus de 2.800 seraient encore en service dans 25 pays. Lockheed Martin annonce 135 avions au standard Block 70 à livrer dans son carnet de commandes. La ligne d’assemblage est donc toujours active, même si elle a quitté Fort Worth, dans la banlieue de Dallas, pour rejoindre Greenville, en Caroline du sud. C’est qu’il a fallu faire de la place au F-35 qui squatte désormais tout l’espace disponible dans les installations historiques de General Dynamics, à Fort Worth.

Après avoir tué le Mirage F1E, après avoir mené la vie dure au Mirage 2000, le F-16 en fin de vie se frotte toujours au Rafale dans les compétitions internationales. Et demain, il sera sur le champ de bataille ukrainien, face aux MiG et Sukhoi russes. Il aurait été flatteur d’écrire que cette confrontation sera l’aboutissement de sa carrière, mais rien n’est moins sûr : le F-16 a encore de nombreuses années devant lui  !

Etonnant destin pour le F-16 qui va finalement retrouver cinquante ans plus tard l’ennemi qui avait motivé son développement. En l’espace d’un demi-siècle, le chasseur léger est devenu un chasseur bombardier polyvalent.

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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  • ET OUI, une lourde distinction en les approches françaises et US, eux préservent et améliorent jusqu'à l'extrême (voir les 737)... Mais nous on casse les outils, les fabrications, avec un faible suivi, ce qui en est la conséquence...

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