Le manuel du pilote d’avion ou la bible du pilote stagiaire

La 9ème édition du manuel de pilote d’avion vient de paraître. L’occasion de s’intéresser à un monument de la formation des pilotes privés, un pilier de l’école française.

L’une des grandes nouveautés de cette neuvième édition du Manuel du pilote d’avion est la table des matières thématique qui permet de retrouver facilement à travers les 400 pages de l’ouvrage tous les sujets se rapportant à un même thème. La création de cette table a été rendue nécessaire du fait de la refonte de l’examen théorique du brevet de pilote. Aujourd’hui, il est possible de repasser un ou plusieurs des cinq épreuves. D’où la nécessité de pouvoir les retravailler individuellement.

Cette innovation illustre la manière dont le Manuel évolue avec son environnement depuis la parution de la première édition en 1980. Elle met aussi en lumière sa conception originale. Cet ouvrage ne propose pas un découpage thématique, mais une progression pédagogique. Un stagiaire n’apprend pas un domaine dans son intégralité avant de passer au suivant, mais il acquiert les notions nécessaires qui lui permettent de progresser dans son apprentissage, au moment précis où il en a besoin.

Les détracteurs de la méthode lui reproche ce choix. L’éditeur fait simplement remarquer qu’en Grande-Bretagne ou en Allemagne où il n’existe pas l’équivalent, les élèves doivent se procurer huit ou neuf livres spécifiques, ce qui leur coûte environ 300 € soit cinq fois plus cher qu’en France.

La volonté de doter les instructeurs français d’un ouvrage de référence commun à tous à la fin des années soixante-dix s’est faite en réaction avec la montée en puissance de la méthode Cessna. A l’époque, la DGAC a voulu contrer l’hégémonie américaine. Le SFACT a planché sur la question et de ses cogitations, est né le concept d’une progression pédagogique. Au début, les services de l’administration centrale était très impliqués. Ils l’ont été de moins en moins au fil des éditions pour ne quasiment plus l’être aujourd’hui.
Les instructeurs de la grande maison n’ont plus de temps à consacrer aux remises à jour qui sont désormais le fait du seul éditeur qui affiche sa volonté de demeurer fidèle à l’esprit. Tous les deux ans en moyenne, sort une nouvelle version intégrant des corrections mineures. Et en moyenne tous les quatre à cinq ans sort une nouvelle édition présentant des grandes nouveautés. La précédente édition a ainsi vu entrer au sommaire les facteurs humains. Au fil des éditions, la couleur est devenue plus présente, les photos plus variées et l’infographie a permis un traitement plus moderne des célèbres dessins emblématiques du Manuel.

Pour ceux qui seraient désorientés par l’approche pédagogique de la méthode, Cépaduès, l’éditeur de la mallette du pilote privé, propose également une alternative au Manuel officiel. Il s’agit de « Leçons de pilotage » de J. Attias et G. Dartaguiette, un équivalent du célèbre « Guide pratique du pilotage » (éditions Vario) de Zilio. Des ouvrages qui proposent une approche plus thématique.

Pour ceux qui veulent en savoir plus, qui éprouvent le besoin d’approfondir ce qu’ils ont appris à travers le « Manuel du pilote d’avion », Cépaduès, propose en parallèle un vaste catalogue d’ouvrages s’adressant aux stagiaires ou aux brevetés. C’est ainsi que « Apprends-moi l’avion » de J. Nicolas et P. Ziegelbaum est une approche moins scolaire du pilotage. Pour les pilotes brevetés, l’éditeur toulousain propose un ensemble d’ouvrages plus pointus, rassemblés sous la bannière rouge de la collection « Pilote privé » comme par exemple « la météo du pilote VFR » de J.P. Fièque, « le voyage aéronautique » de Thierry du Puy de Goyne, ou encore « Performance humaine et ses limites » de Jérémy Pratt. Cépaduès a également édité un cédérom intitulé « La maîtrise du vol » qui pourrait s’apparenter à une version électronique de la Malette.

Gil Roy