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Culture Aéro

Le « Parasol » de Tarbes, la réplique volante du Morane-Saulnier Type L a volé

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Frédéric Marsaly

L’association Héritage des Avions Morane-Saulnier vient de dévoiler, à Tarbes, sa seconde réplique du monoplan Type L, du début de la première guerre mondiale, destiné à promouvoir le souvenir de ce grand avionneur français. Le célèbre Morane « Parasol » fut un des premiers grands succès de la firme.

L’appareil était immatriculé provisoirement F-WMSL dans l’optique de porter son immatriculation définitive F-PMSL (pour « Morane-Saulnier Type L ») mais c’est sous l’immatriculation F-WDBO qu’il a fait son premier vol le 21 février dernier. « Depuis, nous avons fait un vol par semaine puisqu’il faut accumuler 50 vols et/ou 15 heures de vol pour obtenir le CRNA » précise Philippe de Ségovia, membre de l’association. « Pour l’immatriculation, nous espérions pouvoir utiliser celle que nous avions réservé lors de la construction de la première réplique, ça n’a pas été possible pour le moment, mais lorsque nous n’auront plus besoin d’être immatriculé en F-W, nous espérons bien pouvoir la récupérer. »

Le Type L fut un des avions retenus par l’armée française pour équiper sa force aérienne en 1914. Ce monoplan biplace était apte aux missions de chasse mais son aile haute « parasol » avait l’avantage de laisser la vue dégagée pour les missions d’observation. Il fut également utilisé pour les très délicates et risquées missions « spéciales » consistant à infiltrer par la voie des airs des agents derrière les lignes ennemies. Parmi les faits d’armes notables de l’appareil figure, le 19 juillet 1915, la première victoire aérienne d’un certain Georges Guynemer. La mitrailleuse du Type L n°316, qu’il pilotait ce jour-là, était maniée par son mécanicien-observateur Charles Guerder. Il fut aussi l’avion de Roland Garros pour ses premières victoires avec sa mitrailleuse tirant à travers le champ de l’hélice. Construit à quelques 600 exemplaires, le Type L fut utilisé par une douzaine d’aviations militaires, dont l’Allemagne puisque la licence de production avait été concédée avant le conflit à la société Pfalz.

Gérard Frances, Stéphane Drapier et Philippe de Ségovia, quelques acteurs du projet de réplique du Morane Type L. © Gil Roy / Aerobuzz.fr

Ce R02 est la seconde réplique construite par l’association : « La première a été construite pour célébrer les 100 ans de Morane-Saulnier à partir de 2011. Elle a été exposée ensuite à Oshkosh lors de l’AirVenture pour célébrer les 100 ans de l’entrée en guerre des USA. A l’issue du show, Patrick Daher (président du groupe Daher) et Didier Kayat (directeur général de Daher) ont proposé d’offrir la réplique au musée de l’EAA d’Oshkosh, qui est assez pauvre en avions de 14-18 et de financer la construction d’une seconde réplique volante. » explique Stéphane Drapier, président de l’association.

La construction du second Morane L, le R02 (pour Réplique n°2), a débuté en 2017, l’objectif était de l’exposer au Salon du Bourget 2019 mais le projet a pris du retard notamment à cause d’un changement de moteur. Il était illusoire d’imaginer faire voler l’appareil avec un moteur rotatif de 80 ch Le Rhône 9C comme en 1914. La première réplique était équipée d’un Rotec de 100 ch, un 7 cylindre en étoile, remplacé par un équivalent Verner (tchèque) qui développe 104 ch. Las, ce changement de moteur a compliqué la situation « Le longeron n’était pas assez souple et le moteur plus léger, le centrage a dû être revu. Et le Covid est ensuite arrivé pour retarder encore plus les travaux. » précise Gérard Frances, chef d’atelier pour les deux répliques.

Le moteur Verner développe 24 ch de plus que le moteur rotatif Le Rhône qui équipait les Type L en 1914.
© Gil Roy / Aerobuzz.fr

La construction initiée chez Daher, où le bureau d’études a été sollicité tout au long du projet, un soutien essentiel, s’est achevée à Tarbes-Laloubère, notamment pour profiter de la piste en herbe plus adaptée à ce type d’avion et où l’association a aussi bénéficié de l’appui du RSA.

« En l’absence d’archives, la construction s’est appuyée sur un plan trois vues retrouvé à la documentation du Musée de l’Air et sur des reliques découvertes notamment en Belgique. » raconte Gérard Francès. Pour cette nouvelle réplique, l’avion est en bois d’épicéa et la toile a été remplacée par du nylon recouvert d’un enduit de tension.

L’instrumentation a été modernisé pour des raisons évidentes. © Gil Roy / Aerobuzz.fr

Si l’instrumentation de bord est moderne, pour se conformer aux nécessités d’un CRNA (construction amateur), le pilotage se fait comme à l’époque, non pas avec des ailerons, mais par torsion des plans. Pour cette raison et en dépit de son faible encombrement (7,5 m de long, 11 m d’envergure), le Type L est délicat à démonter. « Il faut ensuite refaire le réglage du haubanage, ce qui nécessite du temps et beaucoup de précision. »

Le haubanage du Type L est complexe et doit être réglé avec précision.
© Gil Roy / Aerobuzz.fr

Au total, le budget de la construction de la réplique a été de 120 000 €. L’avion pourrait participer à des meetings aériens où il pourrait être une belle illustration de la grande histoire d’un avionneur qui a laissé quelques avions importants de l’histoire de l’aviation française, du Morane de la traversée de la Méditerranée par Roland Garros en 1913 au MS 760 Paris des années 60 en passant par le MS 406 de la Bataille de France.

« Pour le moment, nous nous attelons à la rédaction du manuel de vol et nous réfléchissons à notre façon de l’exploiter, nous avons des idées… mais en attendant, le fait que nous volons fait du bien à l’association et nous constatons un regain d’énergie chez nos membres grâce à cette activité autour d’un avion remarquable ! » conclut Philippe de Ségovia.

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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