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Culture Aéro

Renaissance d’un Dewoitine D.520 à Rochefort

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Jean-François Bourgain

Depuis 30 ans, l’Association Nationale du Musée de l’Aéronautique Navale (A.N.A.M.A.N) de Rochefort restaure un Dewoitine D.520. Après plus de 20.000 heures de travail, les bénévoles qui se sont succédés sur le chantier présenteront, en mai 2020, un avion comme neuf.

C’est une restauration de longue haleine que clôt actuellement le Musée de l’Aéronautique Navale de Rochefort. L’appareil concerné porte le numéro de série 650. Il est sorti des usines Dewoitine de Toulouse en 1942.

Cet exemplaire a d’abord été affecté à Pau, où il a volé sous la bannière des Forces de l’Axe pour l’entrainement des pilotes. Il est ensuite passé aux mains des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) pour la réalisation de missions d’observation et d’espionnage. photographie aérienne, transformé en biplace pour la formation des instructeurs Peu de temps après la fin de la seconde guerre mondiale, en 1950, il termine sa carrière en avion pot de fleur à la sortie de la Base aérienne 123 Orléans-Bricy.

De 1990 à maintenant : récit d’une restauration de longue haleine

Grâce à une poignée de passionnés, l’avion pot de fleur a quitté son rond-point de base aérienne pour rejoindre le terrain de la Ferté-Alais où il a été entièrement démonté. En 1970, aucune restauration n’ayant été envisagée, le Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget le récupère ; il le confie au Musée de l’Aéronautique Navale de Rochefort à la fin des années 80. « Début 2000, la constitution d’une véritable équipe d’une quarantaine de personnes permet le réel commencement des travaux, sur deux soirées par semaine. » relate Jacques Labrousse, cet ancien chef de service bureau d’étude de Dassault Aviation ayant participé à la renaissance de l’avion.

Le D.520 n°650 portera une livrée d’époque de l’Aéronautique Marine ©A.N.A.M.A.N

Remis en monoplace, sa configuration usine, une longue restauration débute : recherche d’un moteur d’origine de type Hispano-Suiza 12Y et de karmans de voilures, usinage « maison » d’une casserole d’hélice, d’un pot d’échappement, d’un capot moteur et réentoilage des gouvernes constituaient, à eux seules, les grandes étapes à mener. Sans oublier la reconstruction à partir de plans des empennages, trappes de trains d’atterrissage et des intrados de voilures, totalement broyés.

Un travail particulièrement important a été réalisé également au niveau de la planche de bord, mêlant des équipements d’époque et d’autres reproduits à l’identique à partir de photos. Plusieurs membres, notamment ceux dont les parents avaient travaillé sur D.520, ont pu aider à la renaissance de l’aéronef en fournissant de la documentation et des photos.

A bord, le collimateur a été refait pièce par pièce, ainsi que de nombreux boitiers de contrôle du moteur. © Jean-François Bourgain / Aerobuzz.fr

A l’heure où nous écrivons, l’avion entre en phase finale de restauration dans les ateliers peinture de l’association. La scénographie autour du D.520, future pièce maitresse du musée, est en réflexion.« Il faut faire participer les enfants ! Il y aura de la vie autour de cet avion : lumières, bruit du moteur avec des bornes audio. » annonce d’ores et déjà Michel Lafrette, Vice-Président du musée.

La restauration du Dewoitine 520. ©A.N.A.M.A.N
La restauration du Dewoitine 520. ©A.N.A.M.A.N
La restauration du Dewoitine 520. ©A.N.A.M.A.N
La restauration du Dewoitine 520. ©A.N.A.M.A.N
La restauration du Dewoitine 520. ©A.N.A.M.A.N
La restauration du Dewoitine 520. ©A.N.A.M.A.N

Le sponsoring et les écoles dans la boucle

Un partenariat a été établi avec la « France Mutualiste » afin d’obtenir des financements pour la restauration du D.520, ainsi que de 3 autres avions du musée.

Sur un aspect technique, outre les bénévoles principalement retraités militaires ou de l’aéronautique, l’association a pu recevoir l’aide de la section métallurgie du Lycée technique Marcel Dassault de Rochefort. Les plus jeunes ont également participé puisque les classes de 3ième du collège La Fayette de Rochefort, dans le cadre d’un projet éducatif, ont réalisé des recherches sur l’avion et son histoire.

Jean-François Bourgain

 

 

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Jean-François Bourgain

Détenteur du BIA/CAEA, Pilote Privé avion/ULM et technicien aéronautique de formation, c’est par passion du vol et du monde spatial que Jean-François Bourgain est devenu Journaliste aéronautique / espace. Il est à ce titre membre de l’AJPAE et collabore régulièrement à AéroBuzz.fr depuis 2016. Il troque parfois sa plume contre un micro pour commenter des meetings aériens ou JPO. Plusieurs collaborations de com' également dans le secteur aéronautique. CONTACT : bourgainjeanfrancois.jr@gmail.com

View Comments

  • Comme d'autres, j'ai eu le privilège de connaître Christian Bove et je ne peux m'empêcher de penser à lui à chaque fois que le D520 est évoqué.

  • Dewoitine D650 de Rochefort.
    Nous sommes en 1970, je suis un jeune sous officier sur la base de Bricy Orléans, spécialité IBE sur Transall. Nous sommes affectés de garde à tour de rôle sur une annexe de la base( pas très loin du site de Bricy) et ce pour une nuit. Dans cette annexe se trouve sur un parking un vieil avion. Intrigué par ce vieux chasseur, je suis monté sur l'emplenture de l'aile pour jeter un oeil dans le cockpit. Je me souviens de la dérive avec l'inscription " Dewoitine". 50 ans après, habitant en Charente maritime et toujours passionné d'aéronautique , j'ai découvert que ce monument de l'aviation française stocké à Rochefort est mon vieux chasseur .
    J'ai eu le plaisir d'aller au musée et grâce à membre de l'association de revoir,très ému mon D520.

  • Je considère personnellement qu'un avion ça s'admire la tête en l'air et pas au sol, tout comme un navire ne s'admire pas à quai et encore moins sur cales.
    J'ai pas eu la chance de voir cet avion en vol comme certain, et c'est pas parce qu'il y a eu des accidents (RIP Bove + 408) qu'on ne doit plus voler.
    Sinon il n'y aurait plus de pilote aujourd'hui.
    Faisons plus attention = Moins de meeting, un vol par an, et un contrôle méticuleux. Ce brave 408 était de tous les meetings, c'était une vieille dame qu'ils ont poussé jusqu'au bout pour ensuite s'étonner de l'accident.
    Un avion qui ne vole pas c'est une maquette statique dans un musée.
    Il me semble que la Snecma a les compétences pour remettre en état un 12Y?
    Et même pour refaire une série de 12Y ? Avec un partenariat avec des écoles, un peu de subventions de l'état, le musée de l'air, et de la bonne volonté. C'est d'un patrimoine français dont on parle, pas d'un avion étranger.
    Bref j'en veux à cette génération d'après guerre qui à laissé ferrailler notre patrimoine, tant de merveilles, et qui prive aujourd'hui les enfants de rêver (grands comme petits).
    Je remercie Replic'air de donner l'exemple et de redonner espoir.

    • Oui, vous avez raison , un avion c'est mieux en vol qu'au sol mais il faut que les conditions soit réunies pour que cela soit possible (financement + compétences +volonté ).
      Au sujet du 408 , il y a eu peut être une surexploitation de la machine et de son pilote avec les conséquences que l'on sait, mais redoubler de prudence ne supprimera jamais le risque de crash .
      Oui , je crois que la SNECMA peut restaurer des 12Y51 suisses , mais relancer une série de 12Y vous rêvez...
      L 'espoir vient du secteur privé, avec REPLIC AIR et leur D551, avec ARSENAL SUD RESTAURATION et leur VG33 , et aussi JM GARRIC et son POTEZ 63/11 qui n'intéresse pas grand monde (prix de vente +600.000$ ... ).

  • Ouf j'ai bien fait de lire jusqu'au bout le D520 restauré sera visible à Rochefort et surtout ne volera pas...Donc j'ai une petite chance avant de mourir d'en voir un en état et mes enfants et petits enfants aussi.
    En plus il ne sera pas à Paris sauf "hold up" comme pour d'autres oeuvres culturelles...
    Né en 1947 j'ai découvert dans un vieux dictionnaire ce zing, je ne savais peut être pas encore lire et j'ai eu le coup de foudre...Mais je ne l'ai jamais vu en "vrai".
    Rochefort décidément aime sont patrimoine aérien et marin! C'est une ville que j'aime beaucoup hélas aujourd'hui par le train c'est difficile.
    Félicitation à l'équipe vous êtes de grands artistes.
    J'espère que nous serons informé lors des expositions.

    • Pour faire voler un D520, il faudrait en construire un tout neuf (comme le font les anglais pour leurs Spitfires et autres) , donc préparez vos livrets A ...
      Au moins celui ci sera restauré convenablement et fera le bonheur de ceux qui viendrons l'admirer .

  • Le Commandant Bove était un ami. J'ai assisté au Bourget au premier vol officiel du D520 du musée piloté par lui et à plusieurs reprises lors de plusieurs meetings. Pour moi cette restauration sera indirectement un hommage au commandant Bove. Félicitation à l'Association Nationale du Musée de l'Aéronautique Navale (A.N.A.M.A.N) de Rochefort. La restauration d'avions est un travail long et parfois pénible mais quel résultat quand on a redu so aspect orginel à un avion..

  • Oui, c'est un excellent travail.
    Le tableau de bord est superbe.

    J'avais vu voler le 408 avec son pilote à Toussus.

    Bien sûr, comme tout le monde, j'attends le D 551, plus pour avoir des précisions sur ses qualités de vol que pour voir ses performances à fond. Mais il devrait être possible, s'il vole correctement, d'extrapoler numériquement ses performances maximales sans risque de casser l'avion.

  • quel dommage que l article ne parle pas du sauvetage de l avion par les mecaniciens d Etampes, ni du transport chez Salis, non plus que du racket et du demontage d amateurs fait par le MAE, qui a conduit a perdre empennages, capots et plastron moteur.Dommage aussi de ne pas parler du N 408, dont les restes devaient etre un monument commemoratif aux restaurateurs et au Cdt Bove disparu a ses commandes et qui a fourni un empennage complet de remplacement.................

    • Ce n'est pas dans la culture hexagonale . Cependant on ne peut pas non plus toujours soulever la poussière sous le tapis auquel cas, en la matière, ce ne serait qu'accablement et déchainement des sempiternels yakafaucon de service..

      • tellement vrai, yaka laisser les pieces perdues a la decheterie, nous en avons tellement de rechange

  • quelques mots (il y aurait tant a dire!) j'espère qu'enfin une vrai direction a été mise en place pour ce musée il y a quelques années il y avait trois décisionnaires les anciens de l'aéronavale, les jeunes anciens de l'aéronavale et l'école de gendarmerie...qui se tiraient la couverture estimant être les patrons du site! résultats une délégation officielle d'un autre musée national heureusement accompagné d'un haut responsable départemental culturel ont failli se faire foutre a la porte bien qu'ayant R D V ce jour là ..! lamentable personnellement j'avais proposé le module de soufflerie du narval SO 8000 ( module d'ébénisterie unique de 2 m de long avec les calibres de réglage ) mais moyennant au moins un défraiement ...on m'a rit au nez et suis rentré chez moi ...lamentable ! (ce module est chez un amateur vrai et c'est très bien....)

  • Bonjour !
    Que de discussions pour un moteur.
    - Le moteur fait partie de l'aéronef, non ?
    - Il faut donc le présenter avec.
    - Deux solutions : la riche, un monté à bord et l'autre au pied de l'appareil, car c'est tout de même dommage de le cacher sous les capots.
    - L'autre solution (la "pôvre" !) étant de fermer les capots et d'un présenter un (le seul, mais un "vrai" ) sur un bâti...
    Mais bien évidement, à moins de reconstruire à partir de plans un nouvel exemplaire (cf le 551, grand bravo!) Pour moi pas question de refaire voler un exemplaire mythique !

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Jean-François Bourgain

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