Un Albatross pour Biscarrosse

Le musée de l’hydraviation de Biscarrosse vient d’accueillir le Grumman Albatross HU-16, seul exemplaire encore présent en Europe. L’Albatross rejoint les dix hydravions de l’exposition statique qui constitue la plus grande collection européenne d’hydravions. Il fera l’objet d’une restauration pour être présenté au public à l’automne 2015.

Basé à Cuneo, dans le piémont italien, et hors d’état de vol, le propriétaire du Grumman Albatross décide, fin 2010, de le ferrailler. Grâce à l’intervention de pilotes américains et anglais, connaissant le Rassemblement International d’Hydravions de Biscarrosse où ils sont venus à bord notamment de ce type de machine, le Musée de l’Hydraviation de Biscarrosse décide d’accueillir le Grumman pour faire partie de l’exposition statique et le sauver ainsi, d’une triste fin. Après quelques visites techniques et la confirmation de la faisabilité du projet, l’appareil a pu être démonté et rapatrié à Biscarrosse cet été. Il a fallu une semaine pour le démonter et trois convois, dont deux exceptionnels, pour rapatrier l’hydravion de Cuneo jusqu’à l’aérodrome de Lahitte, à Biscarrosse (Landes).

Cet Albatross a été construit en 1951 et utilisé pendant une brève période par l’US Air Force avant d’être cédé, avec onze autres Grumman HU-16A, aux forces aériennes italiennes vers 1960. Sylvie Bergès, directrice du Musée de l’Hydraviation, explique « Nous ne savons pas grand-chose du passé de cet Albatross référencé HU-16A M.M.50-180, si ce n’est que ce Grumman HU-16A N°6 fut en service dans l’armée de l’Air italienne et affecté au sein du 15e Stormo (l’équivalent d’un groupe aérien), chargé de la recherche et du sauvetage en mer. Le 15° Stormo « Stefano Cagna » était constitué de cinq escadrons dispersés dans toute la péninsule italienne, ses missions faisaient partie du SAR « Search and Rescue ». Biscarrosse a connu des appareils de type Grumman Albatross qui s’entrainaient sur l’hydrobase des Hourtiquets à la fin des années 50. ». Le Musée de l’hydraviation de Biscarrosse ayant le label « Musée de France » est en train de constituer un comité scientifique et technique qui permettra de retracer l’histoire de cet appareil et décidera du choix de la livrée dans laquelle l’Albatross sera restauré et exposé. La mise en place du retro planning et le choix de l’endroit où l’hydravion sera remis en état sont en cours.

La première étape de la restauration, dont le budget total est de 180 000 €, constitue la remise en peinture et le remontage pour que l’Albatross puisse être présenté en exposition statique à l’automne 2015. Un programme ultérieur de restauration de l’intérieur de l’hydravion facilitera l’accueil du public à son bord. Le poste de commande sera alors protégé par une paroi transparente, la diffusion d’images animées montrant cet appareil en évolution, au travers de films d’archives ou tournés à l’occasion du Rassemblement International d’Hydravions de Biscarrosse retracera son histoire.

Unique en Europe, le Musée de l’Hydraviation de Biscarrosse a été créé en 1982. Situé sur le lieu mythique de l’ancienne Base de Montage et d’Essais en vol de la Société Latécoère, ce bijou raconte la grande épopée des paquebots volants et celle de l’hydraviation mondiale. Les dix hydravions grandeur réelle du Musée sont abrités dans un hall vitré de 450 m² n’ayant pas de continuité physique avec le reste des bâtiments (mais à proximité immédiate), qui présente des collections retraçant l’histoire de l’hydraviation. Le Grumman Albatross va donc trôner entre les quatre pavillons et le hall d’exposition, en plein air, comme un albatros (dont les « ailes de géant l’empêche de marcher » dit le poète) qui plane et qui annonce bon vent et grand soleil.

Gosia Petaux

—-

Grumman Albatross

L’Albatross effectue son premier vol en 1947 et vole sous les couleurs de vingt-deux pays dans le monde entier. Avec ses 29 mètres d’envergure et un poids à vide de 10 tonnes, le Grumman Albatross était très apprécié pour ses fiabilité et stabilité, en sauvant, notamment, la vie de milliers d’aviateurs et de marins naufragés. L’appareil pouvait amerrir dans des conditions extrêmes et décoller dans des creux de 3 mètres grâce aux deux Wright Cyclones R-1820 de 9 cylindres en étoile développant 1425 chevaux.

Quelques rares hydravions de ce type volent encore hors Europe, il est devenu aujourd’hui un véhicule de tourisme et de loisir très prisé.

Caractéristiques techniques

• Envergure : 29,46m
• Longueur : 18,67m
• Hauteur : 7,87m
• Motorisation : 2 Wright Cyclones R-1820 de 9 cylindres en étoile développant 1425 ch
• Poids à vide : 10.380 kg
• Capacité d’emport : 4 membres d’équipage et 10 passagers