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Vol de bruit : la vérité « romancée » du vol AF447

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Bruno Rivière

« Vol de bruit », l’ouvrage de Pascal-Eric Rouet (Editions Kirographaires), raconte dans ses moindres détails le crash du vol Rio-Paris AF447. On y apprend notamment que c’est un terroriste qui a introduit dans l’appareil une bombe électromagnétique… Mais c’est un roman, bien sûr !

« Vol de bruit » est un véritable chef d’œuvre qu’il faut absolument lire d’un trait, tellement l’histoire est passionnante ! C’est évidemment très long (plus de 600 pages), l’écriture y est certes spontanée, parfois maladroite, et demande à être affinée, mais on se laisse prendre par ce roman aux allures de thriller dès les premières pages.

De quoi s’agit-il ? Le 1er juin 2009, l’Airbus A330 d’Air France affecté à la ligne Rio-Paris disparaît au cœur de l’Atlantique sud. Le mystère du vol AF447 commence… L’auteur va partir de cette tragédie pour imaginer un scénario crédible. L’analyse technique du crash apparaît incroyable. Car les reconstitutions des dernières minutes du vol et les hasards d’une écoute des services de renseignements israéliens, le fameux Mossad, révèle la présence à bord d’un dispositif électronique de perturbation du vol.

L’enquête internationale, confiée à des Français, des Américains et des Israéliens remonte alors jusqu’à une entreprise chinoise de Taïwan qui vend à des groupes activistes terroristes de tout bord des armes de haute technologie, véritables bombes électromagnétiques qui génèrent des dysfonctionnements irréversibles sur des systèmes complexes, tels que ceux embarqués sur tous les avions de lignes contemporains. Première cible : précisément le vol AF447. Deuxième cible : le Learjet d’un richissime homme d’affaires du Proche-Orient en approche à Genève où seul le copilote trouvera la mort. Troisième cible : on ne dira rien pour préserver le suspens… oh juste qu’elle concerne une mégalopole américaine ! Voilà pour la trame.

Les héros (les lecteurs comprendront que rien que le nom du héros laisse présager que ce thriller est excellent ! L’un des principaux acteurs de « Vol de bruit » s’appelle… Bruno Rivière !
) sont des ingénieurs de chez Airbus, de la FAA, du BEA, mais aussi des policiers, des terroristes, des trafiquants… Chacun est présenté jusque dans ses gestes les plus personnels, parfois les plus intimes, de sorte que le lecteur s’identifie très vite aux différents acteurs de cette extraordinaire course-poursuite technologique à travers le monde. Car tout se joue entre le lieu du crash d’Air France au large des côtes brésiliennes, Toulouse, Roissy-CDG, Genève, les différents pays du Golfe, Taïwan, Istanbul, etc. On aura même droit à une histoire d’amour, racontée avec une note d’érotisme et… beaucoup de tendresse.

L’auteur, Pascal-Eric Rouet, s’y connaît bien à la fois en aéronautique et en informatique. Pilote privé, vainqueur catégorie maniabilité en 1991 du Tour de France des jeunes pilotes, Pascal-Eric est aussi ingénieur de formation. Il a travaillé d’abord à l’Aéronavale comme « incorporé-matelot-informaticien » aux opérations de la Flottille 12F au sein de laquelle il a participé au développement de simulateurs de tactiques de combat et l’analyse de l’aérodynamique en haute altitude. Puis il a intégré une grande entreprise, affecté à la gestion des calculateurs de pressurisation d’avions tels que les MD95, Dash 8-400, CRJ 700…

Dès lors, on comprend que « Vol de bruit », son premier roman, regorge de détails techniques tous plus intéressants et inédits les uns que les autres. C’est rédigé au présent, avec des mots simples, beaucoup de descriptions qui prouvent, si besoin en était, que l’auteur maîtrise parfaitement les technologies de pointe dans les domaines de l’aéronautique et de l’armement. On notera également que, par souci d’honnêteté, l’auteur a fait lire son ouvrage à plusieurs pilotes d’Air France et par un pilote d’essai. Mais c’est un roman évidemment ! Et, comme le répète un confrère chaque matin, « vous n’êtes pas obligés de [le] croire… ! »

Bruno Rivière

Des pièces pour se forger une conviction…
Vol de bruit
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Bruno Rivière

Reporter photographe par passion, Bruno Rivière a assuré la rédaction en chef d’Aéroports Magazine pendant près de 25 ans. Il a également enseigné le journalisme en faculté. Spécialiste du transport aérien, il a rejoint Aerobuzz en janvier 2011. Bruno Rivière réalise des reportages et des recensions de livres.

View Comments

  • Vol de bruit : la vérité « romancée » du vol AF447
    On peut bien sûr se poser des questions sur des ouvrages de cette sorte ! Je pense que ce roman (à condition qu’il soit effectivement respectueux) peut au contraire participer au « deuil » des familles. De tout temps, les grands drames humains ont inspiré les auteurs. La culture au sens général contribue même à « dédramatiser » certaines catastrophes… Voir par exemple les sagas « Titanic ». Certes, il y a prescription, mais où situer précisément le curseur : 1 mois, 1 an, 10 ans, 100 ans ?

  • Vol de bruit : la vérité « romancée » du vol AF447
    Bonjour Lavidurev et Pilotman,

    j'ai lu vos critiques et j'y suis particulièrement attentif.
    Je me suis effectivement longtemps posé la question du problème des victimes du vol AF447, bien conscient que ce drame est toujours d'actualité. Aussi est-il important de faire la part des choses entre le romancé et la réalité.
    Beaucoup de livres commencent sur des faits d'actualité pour ensuite laisser libre cours au roman. C'est ainsi qu'est architecturé Vol de bruit. Le crash du Rio-Paris n'en est qu'un 'élément' lors des tous premiers chapitres, qui permet ensuite d'aborder le reste de l'histoire. Tout le récit est surtout centré autour du monde aéronautique et de l'enquête.
    Quant à l'éternel axe moyen-orient contre le reste du monde, Vol de bruit en est très loin. Je pense qu'il amène une une approche plutôt nouvelle avec une analyse 'marketing' du terrorisme pragmatique et étonnante dans laquelle des activistes de tous bords ont leur place. Je vous invite à le lire (forcément) pour vous forger une idée.

    Cordialement,
    Pascal-Eric Rouet.

  • Vol de bruit : la vérité « romancée » du vol AF447
    Par respect pour les familles ,sortir un roman aussi peu de temps après l'accident me semble déplacé.

  • Vol de bruit : la vérité « romancée » du vol AF447
    Sans vouloir rentrer dans la polémique, je trouve un peu déplorable que les bons et les méchants soient toujours les mêmes.

    Toujours le Mossad et l'axe du bien contre les méchants terroristes qui ne pensent qu'à abattre des avions. C'est un raccourci un peu nauséabond. Surtout dans nos contrées. Il aurait été plus judicieux de prendre pour cible des pays lointains, qui ne suscitent jamais le débat. Parce qu'à nouveau, les méchants musulmans contre les bons judéo-chrétiens, cela ne peut que remettre un peu d'huile sur le feu.

    Certes, nous sommes assez dignes que pour ne pas envoyer Mr Rouet rejoindre Dieudonné dans les oubliettes les plus profondes. Dieudonné qui lui, avait eu le malheur de faire le raccourci en sens inverse. Deux poids, deux mesures...

  • Vol de bruit : la vérité « romancée » du vol AF447
    Exact ! Mais peut-on supprimer à un romancier le droit d’écrire ? Et quid des romans de guerres contemporains ?

    • Vol de bruit : la vérité « romancée » du vol AF447
      Je ne parlais pas du "droit d'écrire de l'écrivain", que je ne conteste pas, je parlais de romancer un drame humain.

  • Vol de bruit : la vérité « romancée » du vol AF447
    Désolé, cela me fait bizarre qu'un roman soit écrit en se basant sur une histoire vraie où des femmes, des hommes et des enfants sont morts et où les familles pleurent encore leurs morts.

  • Vol de bruit : la vérité « romancée » du vol AF447
    Gil et Bruno,

    je vous remercie beaucoup pour cet article. Même si les pilotes qui ont lu Vol de bruit l'ont beaucoup apprécié, c'est important aussi pour moi d'avoir une vraie critique.

    J'apprécie beaucoup dans votre lecture la différence entre la réalité et le roman, l'explicitation du caractère assez 'technique' du récit, et surtout une multitude de détails comme par exemple mon travail il y a longtemps sur l'aérodynamique en haute altitude... très peu des journalistes jusqu'à présent ont compris l'importance de ce 'détail' dans l'analyse du vol AF447. Alors quand en plus la lecture de l'article est une partie de plaisir avec une conclusion que j'apprécie particulièrement (nous écoutons la même radio visiblement :-) ).... c'est un vrai bonheur.

    Décidément, je resterai un fan inconditionnel d'Aerobuzz ;-).

    Cordialement,
    Pascal-Eric Rouet.

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