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Débat et opinion

« J’ai fait un rêve… »

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Gilles Rosenberger

Le transport aérien, bouc émissaire d’activistes écologistes, semble encaisser les coups sans être capable de faire entendre ses arguments. Au sein de la communauté aéronautique, des initiatives sont en train de prendre corps, et des voix commencent à s’élever pour contrebalancer les attaques incessantes. Gilles Rosenberger adresse ici un message aux membres de la communauté aéronautique.

J’ai fait le rêve que les coups de boutoirs exercés par un noyau de militants contre l’aviation avaient fini par souder la grande famille de l’aérien.

J’ai fait le rêve que fédérations sportives, industriels, syndicats (pilotes, cadres, techniciens et ouvriers), écoles, presse spécialisée et administrations avaient réussi à construire une démarche coordonnée.

J’ai fait le rêve que notre communauté avait bâti une communication pertinente et efficace autour du rêve que nos activités ont su entretenir pendant plus d’un siècle.

J’ai fait le rêve que nous avions réussi à mobiliser les 100.000 pratiquants sportifs licenciés et les 200.000 salariés comme autant de militants de la cause d’une aviation responsable et décarbonée.

L’aviation, le transport aérien et l’industrie aéronautique sont, comme bien d’autres activités humaines, des contributrices au réchauffement climatique et, tout comme ces autres activités, elles doivent prendre part à la décarbonation de notre monde.

Mais pour atteindre ce but, une minorité imagine imposer l’interdiction de certains vols à Air France. Il aurait pu en résulter une insignifiante réduction des émissions de CO2 si les promoteurs de cette « brillante » idée avaient aussi intégré la nécessité d’interdire l’activité de low-cost étrangères. Mais l’enjeu n’est pas là.

L’interdiction des vols entre Paris et Bordeaux ne réduira jamais l’empreinte carbone des vols entre Singapour et Kuala Lumpur (la ligne avec le plus grand nombre de vols au monde : plus de 30.000 vols par an… Oui trente mille pas de faute de frappe !). Car pour être réellement efficace, l’interdiction des vols devrait simultanément être appliquée dans tous les pays : en premier lieu, les plus émetteurs et donc notamment en Chine (27 % des émissions mondiales) et aux USA (15% de ces émissions). Mais imaginer qu’une démarche appliquée en France (moins de 1% de ces émissions) puisse inciter les Chinois et les Américains à faire de même, relève de la pure utopie.

Nous savons que le marché du transport aérien est en train de se rétrécir. Crises sanitaire et économique obligent ! Mais trouver en cela une opportunité pour affaiblir l’industrie Française est une grave erreur. Vécue comme un coup de couteau dans le dos.

Car il y a bien mieux à faire que de se concentrer sur les vols domestiques Franco-Français : déployer les moyens pour que nos chercheurs, nos pilotes, nos ingénieurs, nos techniciens … bref …  pour que notre communauté puissent concevoir, tester, installer et diffuser les solutions ZERO-EMISSIONS qui pourront alors équiper tous les avions (y compris ceux de cette ligne Singapour / Kuala Lumpur) et ainsi contribuer significativement à la décarbonation de toutes les lignes aériennes.

La France est le second pays aéronautique au monde : par ses réussites économiques et industrielles, par la diffusion de ses technologies, par les résultats sportifs de ses champions et surtout par sa population de passionnés et de pilotes. Cette place nous oblige.

La position de la France nous oblige à être à la pointe de la technologie qui éliminera le dioxyde de carbone et à l’avant-garde d’une industrie qui assurera la diffusion de cette technologie dans le monde entier.

C’est d’un combat qu’il s’agit et celui-ci a besoin de toutes ses forces : celles des premières lignes (les chercheurs, les ingénieurs, …) comme celles de l’arrière qui constituent le terreau sans lequel les premiers ne peuvent exister (passionnés, sportifs, amateurs mais aussi administrations, enseignants, compagnons, …).

J’ai fait le rêve qu’avant d’arriver à ces résultats techniques, la communauté aéronautique sortait enfin de sa torpeur et réussissait à reconquérir le cœur d’une opinion publique parfois désorientée par les chiffres fantaisistes jetés en pâture par des réseaux sociaux irresponsables.

J’ai fait le rêve que nous montrions à tous nos concitoyens que nous sommes véritablement tous engagés dans une décarbonation efficace et mesurable à l’échelle de la planète. Et que nous étions tout autant soudés pour refuser les dispositions mesquines, confiscatoires et sans véritable enjeu environnemental : depuis une nouvelle fiscalité de l’essence avion, aux tentatives de faire fermer certains aérodromes, jusqu’à la décision d’interdire d’activité les 20 entreprises qui en France font du tractage de banderoles au-dessus des plages !

J’ai fait le rêve que les mouvements qui commencent à naitre chez nous (groupe facebook, think-tank, …) convergeaient rapidement vers une coordination allouant à chacun un rôle différent et complémentaire  : outil de riposte digital (et aussi exutoire légitime de la colère générée par ces attaques), laboratoire à idée, conception des supports d’information (vidéos, fiches, …), …

J’ai fait le rêve que les industriels, les transporteurs,  les aéroports, (et leurs différents bras armés : GIFAS, FNAM, SCARA, …) avaient su taire leurs rivalités internes pour élaborer (et financer) une campagne d’information ambitieuse, dynamique, puissante, ciblée vers le grand public et surtout qui n’avait plus peur de son ombre. Avec des moyens à la hauteur de l’enjeu : réconcilier ce grand public avec l’industrie et le transport aérien par un contrat clair assurant le soutien de tous contre la promesse de faire de notre pays le pivot de la décarbonation mondiale.

J’ai rêvé de la diffusion d’une série de vidéos diffusées sur les TV et les réseaux sociaux, présentées par quelques personnalités préférées des Français (et bien sûr déjà intégrées dans notre communauté) ainsi que quelques influenceurs suivis par leurs communautés. Vidéos réalisées par quelques grands noms du métier.

J’ai rêvé de la diffusion à nos 300.000 (et quelques) membres de notre communauté, d’un argumentaire (papier & vidéo) capable d’apporter des informations claires et objectives dans les échanges avec leurs proches. Car c’est à eux que nous voulons parler en priorité.

Le début du 20ème siècle a vu la première révolution de l’aviation avec les tous premiers vols humains motorisés. Le milieu du 20ème siècle a vu la seconde révolution de l’aviation avec la diffusion du réacteur facilitant les vols longs et progressivement abordables aux classes moyennes.

J’ai rêvé que nous entrions alors de plein pied dans la 3ème révolution de l’aviation : celle du vol respectueux de la planète.

Gilles Rosenberger

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Gilles Rosenberger

Gilles Rosenberger se définit comme ingénieur, pilote (aile delta, planeur et avion monomoteur) et entrepreneur. Expert de la Nouvelle Aviation, il est un observateur avisé et bien informé des développements des nouvelles technologies et usages qui devront nous permettre de “voler moins carboné”. Il a construit son expérience et son expertise dans des sociétés telles que Socata, Aircelle, Safran, GECI-Skylander, Thales, Airbus-Voltair, Faraday Aerospace et Time To Fly.

View Comments

  • A vous Tous ! Moi je n aurais qu une question à vous poser ? Pourrais je savoir quel est le bureau de création de cette superbe vue numérisée de cet Aircraft du futur dans le sky ! Merci.

  • On ne reviendra jamais en arrière: Les hommes se sont toujours déplacés et ont toujours trouvé un moyen de le faire mieux et plus vite. L’aviation est un donc un fait comme la fée électricité. Et dans le fond ce n’est pas le problème. Le problème est financier: si une fraction de l’humanité peut se payer un billet, elle peut, par le biais d’une taxe carbone, financer la décarbonnation de l’activité humaine. En attendant l’avion à Hydrogène, la taxe carbonne (au moins appliquée à tous les vols au dessus de l’Europe) peut aider à isoler les maisons, remplacer des chaudières, innover sur le stockage de l’énergie et même financer l’avion du futur ! ... La Sacem sait très bien prélever une petite somme pour aider les artistes. Parfois le billet est moins cher que le parking de l’aéroport ou que la location de voiture. Alors la taxe carbonne ne devrait pas faire trop mal.

  • Ceux qui auront pris la peine d ouvrir le lien de la longue liste des climatosceptiques reconnaitront des noms connus dont certains comme celui du co-fondateur de Greenpeace P. Moore vous etonneront.
    Le rechauffement est un fait etabli depuis longtemps.
    Il y a 7000 ans des plages se situaient a 100 km de la mer.
    https://www.espace-sciences.org/sciences-ouest/251/dossier/le-trace-des-cotes-il-y-a-10-000-ans.
    Que cela ne nous deresponsabilise pas devant l effort de moins polluer et celui de preserver notre belle planete.

    • Il ne faut pas présenter les infos de façon fragmentaire! L'histoire de la planète a été une alternance de réchauffements et de glaciations, dues a différentes raisons. Dire que le réchauffement existait 7000 ans avant l'arrivée de l'aviation, n'est pas vraiment objectif. Ce qui est certain, est que depuis le début de la révolution industrielle, vers 1830, le réchauffement a augmenté de façon exponentielle. Ensuite, la part de l'aviation, dans tout ça, c'est notre débat...

    • Parce que pour vous, c'est crédibiliser l'aérien que d'en faire une caisse de résonance des bas du front du climatosceptiscisme ? Vous voulez qu'on soit encore plus raillés, encore plus associés au réchauffisme ?

      remballez votre liste de négationnistes, surtout qu'on est plus en 1990, cette stratégie délétère n'avait pas à se heurter aux faits devenus indubitables jadis.

      Maintenant elle est délètère, mais en plus non crédible, vous allez nous fourrer avec la même image que les Tabatiers quand ils ont tenté le "cancérosceptiscisme". Stratégie débile, de court terme et en plus toxique pour tout le monde.

      • C'est pénible cette nouvelle mode qui consiste à inventer des mots parce qu'on ne sait pas s'exprimer par une phrase bien construite.

      • @totoro Ici et ailleurs sur Aerobuzz vous n avez pas appris a vous exprimer sans agressivite , mepris et vulgarite, passez alors votre chemin car vous n avez rien a faire sur un blog de passionnes que vous n etes pas.

  • Merci pour votre article qui m’a fait rêver
    Votre texte passionné et passionnant a déclenché nombre de commentaires pas toujours élogieux
    Qu’importe! Moi j’ai aimé ,comme hier soir ce vol au coucher du soleil partagé avec un ami en « carbonant «  ( très peu ) la planète
    Continuez!
    Un pilote amoureux du vol depuis 50 ans

  • @bdd13
    Restons en aux arguments, SVP, quand on commence à attaquer l'opposant en disant que son esprit est pollué, qu'il mélange tout et que ses idéaux sont extrêmistes c'est plutôt le signe qu'on commence a manquer soi-même d'arguments.
    Pour votre gouverne, j'évoque beaucoup de paramètres dans mes commentaires....parce que beaucoup de choses sont liées et ne peuvent pas être dissociėes.
    Vous nous rabâchez toujours la même rengaine et je ne me permets pas de dire pour autant que votre cerveau est limité....
    Quand à mes idéaux, ils ne sont extrêmistes que sur un point, sur lequel je ne négocierai effectivement jamais ; ma liberté d'opposer du bon sens à tout dogme liberticide (fût-il à la mode et scientifiquement appuyé par des prospections statistiques complexes, ce qui reste quand même des prospections).
    Je ne suis pas un "climatosceptique", je constate avec vous que la glace fond aux pôles, comme elle l'a déjà fait de nombreuses fois dans le passé. (Le Groenland, ou Greenland, tient son nom du temps où ç'était des pâturages, ce n'est pas mon esprit pollué qui l'a inventé...)
    Je dis juste que profiter du pire moment (cette saleté de crise sanitaire) pour imposer des contraintes écologiques futiles en France (arrêt de l'aérien, avec toutes les conséquences sociales immédiates et sans commune mesure avec l'effet éventuellement attendu, dans vingt ans, sur le climat) est une connerie.
    Qu'y a t il d'extrêmiste là dedans ? Qu'est-ce que je mélange ?
    Du bon sens, c'est tout.
    Et les Chinois de Comac pas plus que les ingénieurs de Boeing ne sont certainement pas plus bêtes que vous ou moi (sauf ceux qui ont mis au point le MCAS, mais ça c'est effectivement un autre sujet....)
    JBB

    • D'accord avec vous.
      Pour info, voici le monde que veulent nous imposer Jancovici et ses adeptes :
      "L’écologiste, au sens de la définition du dictionnaire, est un individu économe en prélèvements et en rejets. Ce n’est pas nécessairement un « amoureux de la nature » : une personne habitant un petit appartement, n’achetant que le strict nécessaire, ne se déplaçant qu’en métro, ne prenant jamais l’avion, mangeant peu de viande, et se chauffant le moins possible est infiniment plus écologiste qu’un amoureux de la nature passant d’un raid en Alaska à la traversée du Sahara."
      Source : https://jancovici.com/transition-energetique/occupation-des-sols/est-on-necessairement-ecologiste-quand-on-est-amoureux-de-la-nature/

      On sait à quoi s'en tenir...

    • Bien dit. En fait vous ne divergez pas sauf par le style employé pour argumenter. Rallions nos bannières à ce discours malgré ces nuances et battons nous contre l’obscurantisme des nazis verts qui viennent en pleine crise corrompues les lâches qui nous gouvernent. Oui à la planète. A l’aviation et aux activités de moins en moins carbonées. Non à l’hystérie .....

  • Vous avez tous raison quelque part. Mais revenons aux fondamentaux. Est-ce que l'Aviation a réellement progressé depuis 1945 avec l'avènement du Me 262 allemand doté des ailes en flèche et des réacteurs sous les ailes ? La réponse est NON. Question subsidiaire : pourquoi? Parce qu'il y a des organisations que je qualifierais de criminelles et mafieuses qui n'ont aucun intérêt à ce que d'autres technologies puissent se développer en dehors du pétrole. Pour exemple, le sunseekeer 2 avait le potentiel de révolutionner l'Aviation générale. Un seul prototype a été construit, et puis plus rien.
    Mon rêve, le voici: que tout individu puisse accéder à la joie de voler sans restriction. On peut conduire une automobile sans limitation de puissance et sans visite médicale. Pourquoi ne peut-on pas faire la même chose avec les avions ? Dès l'obtention du permis voiture, on peut conduire la nuit. Pourquoi ne peut-on pas piloter un avion de nuit avec l'obtention du "permis" avion? Sur 11500 heures de vol, j'en ai plus de 10000 en IFR. J'affirme qu'il est plus facile de voler en IFR que de voler en VFR, ayant été instructeur PPL, puis instructeur pilote de ligne sur Airbus.
    Il faut complètement redéfinir la réglementation à tous les niveaux. Il n'est pas normal que les coups de certification d'un appareil soient aussi prohibitifs ce qui empêche les aeroclubs de renouveler leur flotte. J'ai commencé à voler sur des appareils au milieu des années 70, appareils qui n'ont toujours pas évolué depuis presque 50 ans. On a juste progressé un peu sur l'avionique, mais on continue à utiliser les mêmes méthodes d'enseignement pour naviguer avec un GPS, alors que la réglementation s'est durcie avec la multiplication des zones de contrôle et les restrictions d'accessibilité associées et la surveillance radar beaucoup plus précise.

  • Lettre ouverte aux acteurs et actrices de l’aéronautique

    Nous sommes des citoyennes et citoyens de Toulouse, Bordeaux ou Paris, tous salariés directs ou indirects du secteur aéronautique et spatial, et dont l’activité est fortement impactée par les conséquences de la crise sanitaire de la COVID-19 sur le transport aérien. Nous sommes vos collègues, vos voisins de bureaux, parfois vos amis, c’est ce qui nous incite à partager nos réflexions avec vous aujourd’hui.

    Ces dernières semaines, nous avons été interpellés, plus ou moins directement, par des scientifiques, des chercheurs toulousains, des étudiants des écoles aéronautiques mais aussi par des ONG, des think-tanks, des syndicats ou par les citoyens de la Convention Citoyenne pour le climat. Tous demandent à reconsidérer la place de l’avion dans nos vies au regard de sa contribution au changement climatique. Devant la chute vertigineuse du trafic aérien provoquée par la crise, tous s’interrogent : faut-il relancer le secteur sur les mêmes objectifs de croissance qu’auparavant ?

    Pour être honnête, cette question nous taraudait déjà avant la crise. Si certains étaient confiants dans notre capacité à trouver des solutions technologiques pour répondre à des contraintes environnementales grandissantes, d’autres étaient déjà sceptiques sur l’avenir de notre industrie dans un contexte de réchauffement climatique, de chute de la biodiversité et de raréfaction du pétrole. La situation actuelle nous réunit désormais autour d’un constat unanime : l’industrie aéronautique doit se réinventer à la lumière de ces enjeux et de la crise économique que nous traversons.

    Cet aveu, certains d’entre nous le concèdent non sans tristesse, tant la passion est forte dans notre milieu. Nous avons grandi bercés par les récits d’Antoine de Saint Exupéry, fascinés dès notre plus jeune âge par les fabuleuses machines de Clément Ader et de Louis Blériot, impressionnés par les performances de leurs descendants, le Concorde et l’A380. Nous avons fait de ces rêves d’enfant nos professions, et nous avons imaginé, développé, construit et entretenu ces grands oiseaux de métal qui parcourent le monde chaque jour. Pourtant, devant les alertes de la science concernant le réchauffement climatique et l’impact écologique de l’aviation, nous ne saurions mettre de côté notre rigueur scientifique et notre honnêteté intellectuelle, au simple motif que cette vérité nous dérange : qu’elle soit rêve ou passion, l’aviation, au même titre que d’autres secteurs, contribue de façon significative au dérèglement climatique qui menace l’humanité et son modèle économique risque d’être condamné à relativement court terme par la raréfaction des énergies fossiles liquides.

    Devant notre sentiment d’impuissance face à la hausse effrénée du trafic mondial et l’inaction des Etats pour la limiter, nous sommes nombreux à ressentir une dissonance cognitive entre notre activité professionnelle et nos convictions personnelles. Nous aimons notre métier et en sommes fiers mais nous ne souhaitons pas contribuer à accélérer la catastrophe qui se profile, c’est une question d’éthique.

    Alors que faire ? D’abord faire face à nos responsabilités et reconnaître le problème plutôt que de l’éluder. Ce débat s'avère inconfortable tant le défi écologique est parfois vu comme une contrainte aux objectifs économiques de nos entreprises. Mais il doit être porté largement et faire l’objet d’une information claire et transparente auprès de tous les salariés. La stratégie du secteur aéronautique pour répondre aux engagements climatiques doit être partagée en interne mais aussi revue par des experts indépendants, sous réserve de confidentialité, pour en confirmer la pertinence.

    Nous devons également accélérer nos efforts de recherche, mobiliser notre expertise et nos compétences pour développer des avions plus sobres et fonctionnant avec une énergie décarbonée. Mais nous devons aussi reconnaître que ces solutions ne seront pas prêtes avant 2035 au mieux. D’ici là, compte tenu de l’urgence à inverser la courbe des émissions pour respecter les accords de Paris, nous sommes convaincus que la réduction de l’impact environnemental de l’aviation passera principalement par la sobriété des usages et la limitation du trafic aérien. Nous devrons donc adapter notre modèle économique et nos cadences de production à cette réalité. C’est un changement majeur pour notre industrie qui ne pourra advenir que par les efforts conjugués de tous. Sans modification des comportements individuels à l'égard de l’aviation, sans action concrète des décideurs politiques pour nous accompagner, sans coordination internationale de l’ensemble des acteurs du secteur, le risque est grand que nous cédions à la tentation de repartir “comme avant”.

    Enfin, il nous semble nécessaire d’anticiper et de compenser la baisse de nos activités “historiques” par la diversification de nos entreprises vers de nouveaux secteurs et l’accompagnement à la reconversion des salariés. Dans l’objectif de réorienter durablement notre économie vers les enjeux prioritaires d’aujourd’hui et de demain, il y a de nombreux domaines dans lesquels nous pourrions valoriser nos moyens d'études et de production et nos compétences professionnelles et personnelles : l’énergie, la santé, l’agriculture, le bâtiment, les autres moyens de transports comme le ferroviaire, les systèmes de mobilités, la gestion de l’eau, la formation, l'Économie Sociale et Solidaire, etc. Il est sans doute aussi temps d’interroger notre rapport au travail et à la production et d’envisager une meilleure répartition du temps de travail.

    Aujourd’hui, nous sommes nombreux à être partagés entre la peur de perdre notre emploi et le sentiment qu’un virage est nécessaire. Au travers de cette lettre, nous souhaitons engager un échange sincère et ouvert avec vous pour penser notre avenir et engager des actions concrètes. Nous avons créé ce collectif ICARE pour fédérer les salariés de l'aéronautique qui se reconnaissent dans ce constat et qui souhaitent participer à des groupes de réflexions sur les thèmes évoqués dans cette lettre : reconversion professionnelle, transfert des compétences, gestion du changement, …

    L’innovation sous contrainte et la passion sont les fers de lance de nos métiers, elles nous permettront de raviver l’âme pionnière de notre industrie et de relever le plus complexe des défis : se réinventer pour trouver notre place dans un monde résilient et durable.

    • Un avion plus sobre et moins cher à construire et à maintenir, c'est possible et il y a du travail donc des emplois pour atteindre cet objectif, qu'on aurait pu mettre en oeuvre il y a déjà bien longtemps. Et parmi les membres de votre collectif ICARE, il y a forcément des gens qui le savent et donc pour l'instant, je ne vois pas où vous allez.

    • Icare ?
      Vous vous prétendez représenter les acteurs de l'industrie aéronautique mais vous n'apportez aucun élément qui puisse nous inciter à le croire.
      Votre très beau texte aurait tout aussi bien pu être écrit par l'un de ces membres de la ccc ou, pire encore, par un oligarque de EELV.
      En tout cas rien à voir, dans l'esprit, avec ce que peuvent me dire mes propres connaissances dans l'industrie pour qui la remise en cause de leur métier, imposée opportunément par ceux qui n'en vivent pas , n'est pas une simple réflexion existentielle ; eux, ils seront sur la paille avec leurs familles à la minute où vos belles idées seront appliquées suite à une ambition électorale transformée....
      Je crois que personne, sur ce blog, ne nie l'importance de l'enjeu climatique pour l'humanité.
      Mais profiter du covid pour imposer au plus mauvais moment une crise sociale à payer uniquement par ceux dont je doute fort que vous fassiez effectivement partie est lâche.
      Je pense que même les plus durs défenseurs de la cause écologique qui s'expriment ici honnêtement ne souhaitent pas ça à certains de leurs concitoyens...
      Et bien sûr, mais c'est la nature de l'homme, il faudra réinventer beaucoup de choses, à fortiori en aviation (c'est là qu'on trouve les meilleurs cerveaux, avec ceux de l'informatique).
      Et je ne pense pas que mettre ces cerveaux au chômage, uniquement en France, va beaucoup aider la planète à refroidir.....
      Chez COMAC (en Chine) ou chez Boeing ils doivent bien rigoler en lisant votre prose.
      Moins sûr que chez Safran il fasse autant marrer.....

      • @Bdd3 : la technologie n'est pas en retard, il faudrait déjà appliquer celle qu'on connaît. On y gagnerait beaucoup.

      • Si Boeing et Comac ne suivent pas cette ligne, ils diront adieu a tous les appels d'offres qui demanderont des nouvelles techno.
        Il n'est pas question de fermer Safran, bien au contraire.
        Je pense que vous mélangez tout, que vous faites des confusions et des amalgames, car votre esprit est pollué par vos idéaux extrémistes.
        Prenez du recul, et regardez ce que nous faisons de notre minuscule vaisseau spatial.
        La sobriété n'est pas une tare. Elle vient en complément d'une technologie malheureusement en retard. Ceci est valable pour tous les pays. Les chinois finiront par l'adopter, et plutôt de force, car Xi Jinping est très bien informé scientifiquement.
        Ils prennent beaucoup plus de décisions dans ce sens que vous ne croyez.

    • Maintenant que ces experts de l’aérien nous ont démontré, avec leurs opinions, que la technologie ne suffira pas, peut-être peuvent-ils s’attaquer à l’autre versant et nous démontrer comment la sobriété pourra répondre au problème? Quel est le challenge le plus ambitieux d’ici 2050, une technologie verte ou une sobriété généralisée?
      Parce que s’il faudra bien commencer par quelque chose, autant que cela fasse d’un projet réaliste.

      • @Pr Moustache : pardonnez-moi, mais je n'arrive toujours pas à comprendre comment on peut soutenir une croissance permanente (infinie ?) sur une base de ressources épuisables (rapidement ?), alors que la démographie galope, que la production énergétique va décliner pour des raisons techniques (donc, que le PIB va stagner au mieux et probablement décroitre), et qu'en plus, on doit restreindre nos émissions de GES dans une atmosphère confinée et ronde.
        Vous ne trouvez pas que ça fait beaucoup ?
        Et c'est assez curieux que très rapidement, les écrits sont transformés. Ai-je dit que la décroissance était LA solution ? Eh bien non, cher ami, j'ai juste dit qu'elle viendrait en complément de la technique (faute d'avoir saisi le taureau par les cornes avant). Je n'ai pas dit non plus qu'elle fonctionnerait, en revanche, j'ai bien dit qu'elle était incontournable (pour atteindre nos objectifs). Maintenant, vous pouvez manifester dans la rue pour demander à ce qu'on ne les atteigne pas, ces objectifs, et je pense même que vous n'avez pas besoin d'y aller !
        Alors, arrêtez je vous prie de déformer mes propos.
        Car pour la partie acceptabilité, vous avez mille fois raison. Mais beaucoup disent (je pense avec raison et j'adhère à ce positionnement), que maîtriser une décroissance par l'information, l'incitation, et que ça se fasse par la volonté même de l'individu qui garde toujours son libre arbitre, est bien mieux que la méthode stalinienne qu'on est en train d'opérer, faute de maturité. Un peu comme les gosses qui font leur caprice pour garder leur jouet et en avoir d'autres. A un moment, la raison devrait l'emporter, afin que justement, comme vous le dites, nous ne sombrions pas dans l'instabilité majeure, ce qui invariablement, immanquablement et de façon irrévocable nous arrivera dès que nous aurons passé les 2°, et probablement avant. A vous de voir.
        Ne pas dépasser 2° avec un peu de décroissance maîtrisée, et avoir de meilleurs résultats techniques pour un monde meilleur permettant de racheter quelques jouets dans 20 ou 30 ans me paraît un avenir que nos enfants nous remercierons d'avoir. Chacun sa position.
        J'ai une pensée pour tous ceux qui disaient dans les années 2000 : "ne vous en faites pas pour le chômage... avec la pyramide des âges, ce sera le plein emploi dans 15 ans !".... ah bon ????
        Prudence est parfois mère de sûreté....

      • @bdd13: Supaéro-Décarbo, Icare et le Shift Project ont bien des choses et des membres en commun... C'est une minorité de diplômés/employés de l'aéro qui exposent des opinions argumentées mais personnelles sur la technologie de demain. Leur avis n'a absolument pas valeur de vérité absolue! D'autres experts vous diront exactement l'inverse sur la possibilité d'une aviation neutre tout en maintenant les prévisions de croissance du secteur. Il n'existe pas encore de vérité scientifique prouvée à ce sujet.

        Pour en revenir à la décroissance: à chaque fois c'est la solution considérée comme solution par défaut! Or c'est une belle erreur de logique dans les raisonnements. Ce n'est pas parce que j'ai prouvé que la technologie ne fonctionne pas que la décroissance fonctionne?

        La décroissance pose des problèmes d'acceptabilité sociétale, de re-fondement de notre économie, ainsi que de notre modèle politique et comporte un risque d'instabilité majeure (une décroissance ou une sobriété n'est pas maîtrisable à -X% / an, c'est du tout ou rien). Et tout ça à l'échelle mondiale... On ne peut pas dire "on n'a pas le choix" si la solution envisagée n'est pas applicable. Sortons de ces illusions d'avoir des solutions simplistes!

      • Les deux mon général...
        Il semble bien acquis, d'après toutes les expertises (Isae, Shift Project, Icare...) que la technologie seule ne pourra pas répondre aux objectifs fixés par le monde (réduction de 5%/an des émissions d'ici 2050). La sobriété devra venir en soutien.
        Plus nous gardons à enclencher la recherche, plus la sobriété devra être importante.
        5% de baisse des émissions correspond à un Covid par an. Ce n'est pas anodin...
        Ceci est valable pour les 194 pays de la Cop.

  • Le rêve à réaliser impérativement, est celui de la diffusion de vidéos, inspirées de ce que font la Marine Nationale, l'Armée de Terre ou l'Armée de l'Air pour leur recrutement, mais aussi les assureurs ou les constructeurs automobiles, l'artisanat français( https://www.bing.com/videos/search?q=pub+artisans&&view=detail&mid=5FA1CAB0DE749C989A685FA1CAB0DE749C989A68&&FORM=VRDGAR&ru=%2Fvideos%2Fsearch%3Fq%3Dpub%2Bartisans%26FORM%3DHDRSC3). Ne pas avoir peur de jouer sur des registres émotionnels: combien de vies sauvées, de retrouvailles familiales, d'échanges humains, grâce à cette aviation, que l'on dénigre comme si c'était l'ultime fléau destructeur de la planète?.

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