Publicité
Défense

Air Force One : Donald Trump met les pieds dans le plat.

Published by
Frédéric Lert

« Annulez la commande ! ». Il aura suffit d’un tweet de Donald Trump pour mettre le feu aux poudres. Et accessoirement attirer l’attention sur le coût exorbitant des programmes d’armement américains, mais aussi des voyages présidentiels. Du lourd !

« Boeing prépare un nouveau Boeing 747 Air Force One pour les futurs présidents, mais les coûts sont complètement hors de contrôle, plus de quatre milliards de dollars. Annulez la commande ! » Donald Trump ne fait donc pas dans la dentelle et prend sans doute un malin plaisir à viser un programme phare de Boeing.

Il faut rappeler que le futur président n’avait guère apprécié les commentaires ouvertement hostiles de plusieurs dirigeants de Boeing au cours de la campagne électorale. Hillary Clinton était donnée gagnante et l’avionneur s’était sans doute un peu trop laissé aller. La bordée lâchée contre les futurs Air Force One peut aussi être vue comme une réponse du berger à la bergère…

Une commande en attente de confirmation

Stricto sensu, l’US Air Force n’a pas pour l’instant commandé les nouveaux avions : elle a simplement sélectionné le Boeing 747-8 pour remplacer à terme les deux VC-25 (des Boeing 747-200 profondément modifié) entrés en service au début des années 90. L’US Air Force annonce une durée de vie d’une trentaine d’années pour ces avions, demandant donc que les remplaçants soient disponibles dès 2023-2024.

Vue d’artiste du Boeing 747-8 dans sa livrée gouvernementale. L’avion défraie la chronique aux Etats-Unis en raison de son coût, mais il est loin d’être le seul programme à être dans ce cas… © Boeing

En outre, le chiffre de 4 milliards de dollars cité par Donald Trump n’apparaît nulle part dans les documents officiels. La Cour des comptes américaine évoque pour sa part un programme de 3,2 milliards et l’US Air Force a quant à elle provisionné, pour l’instant, 1,65 milliards pour l’acquisition et la transformation de deux avions (avec une option sur un troisième exemplaire).

La mainmise totale de Boeing

Mais en prenant en compte l’achat des appareils, les coûts de développement pour leur adaptation à la mission présidentielle et la maintenance, sans compter les traditionnels dépassements de budget, il ne fait guère de doute pour bon nombre d’observateurs américains que les 4 milliards seront allègrement dépassés. Boeing indique de son côté dans un communiqué officiel n’avoir reçu pour l’instant qu’un contrat de 170 millions de dollars pour lancer les premières études d’intégration.

Les travaux portent sur l’installation d’ensembles de communications, de contre-mesures électroniques, d’une capacité de ravitaillement en vol et des aménagements intérieurs pour lesquels l’imagination semble être la seule limite. Boeing aura une mainmise totale et sans partage sur l’ensemble des travaux d’étude et de modification de ces appareils, ce qui laisse peu de doute sur l’excellente rentabilité de l’opération pour l’avionneur…

Le transport aérien version top cost

Si la colère de Donald Trump est sincère, alors le pauvre homme n’est pas au bout de ses peines. S’il a la curiosité de demander la facture des déplacements officiels du président américain, il pourra par exemple apprendre qu’un simple aller-retour de trois jours à l’intérieur des Etats-Unis coûte au contribuable américain la bagatelle de 3,6 millions de dollars selon les chiffres de la Cour des comptes américaine.

Rien n’est trop beau pour les VC-25 actuels. Les Boeing 747-200 d’origine ont notamment reçu la capacité à être ravitaillé en vol et les réacteurs ont également été modifiés pour autoriser des vols non stop de trois jours ! © US Air Force

Un rapport publié en 2015 expliquait ainsi qu’un déplacement de 72 heures effectué par le président Obama du 15 au 18 février 2013 à Chicago (pour le travail) puis en Floride (pour une partie de golf avec Tiger Woods) avait mobilisé (en plus du VC-25 présidentiel) pas moins de trois C-17, deux C-130 et un C-5. Cette flotte avait cumulé 26 vols pour transporter véhicules blindés, hélicoptères, équipements de communication, équipes de protection etc. Et quand le président américain se déplace à l’étranger, il faut aussi prévoir les palettes d’eau et de papier hygiénique placées sous la surveillance du Secret Service.

Au-delà d’Air Force One

Soulever quelques pierres dans le jardin du Pentagone pourrait également procurer quelques émotions à l’homme d’affaires devenu président. Celui-ci pourra apprécier en connaisseur le montant des facturations et féliciter in petto les dirigeants des grands groupes industriels pour l’attention portée au bien-être de leurs actionnaires.

Le président qu’il sera devenu pourra en revanche s’énerver tout rouge en détaillant les coûts délirants des programmes d’armement et leurs rapports coût-efficacité plutôt médiocres : plus de 4 milliards de dollars pour l’USS Zumwalt, destroyer futuriste de l’US Navy qui tire des obus à 800.000 dollars pièce. Près de 13 milliards de dollars pour l’USS Gerald Ford, premier représentant de la nouvelle classe de porte-avions.

Faut il également rappeler les 1.500 milliards de dollars annoncés pour le programme F-35 dans son ensemble ?

Frédéric Lert

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Pourquoi le principal employé du gouvernement ne se déplace t il pas comme un citoyen normal ?
    Parce que les peuples se laissent "abrutir" par les "élites politiciennes" qui voudraient vivre comme des rois .
    John Kerry ou Obama , Hollande ou Merkel ont le train et les cie aériennes comme tous les citoyens de leur pays .........
    Tump doit être soutenu dans son combat contre le "système " des "élites"

    • oui…mais il me semble que le "force one" Français très critiqué a l'époque par la gauche devait être revendu des leur accession au pouvoir… mais il est toujours là non?

      • Pour être précis :
        les deux A319 du Président Chirac et du 1er ministre Jospin (sous la Présidence Chirac)ont été vendus au profit d'un A319 pour la Présidence Sarkozy

Recent Posts

A la guerre comme à la guerre !

© Vincent / Aerobuzz.fr Ainsi il semblerait que l’Ukraine ait transformé des ULM Aeroprakt A-22… Read More

28 avril 2024

SkyVibration intègre 4 turbines électriques sur une wingsuit

La société SkyVibration, basée à Chambéry, développe un système de wingsuit équipée de 4 turbines… Read More

27 avril 2024

Avec l’uchronique A60 Junkers Aircraft réinvente le passé !

En plus de ses répliques d'avions anciens, Junkers F13 et autres E50, Junkers Aircraft a… Read More

27 avril 2024

Margrit Waltz, la pilote aux 960 convoyages !

Margrit Waltz est une légende parmi les pilotes. Cela fait presque 50 ans qu'elle traverse… Read More

27 avril 2024

Un autogire Revo-lutionnaire !

Contrairement aux hélicoptères, les autogires ne peuvent pas décoller à la verticale. Du moins, c’était… Read More

26 avril 2024

Biblio – Cent pour sang

Un livre à lire avant de regarder la série Masters of the Air. Ou même… Read More

26 avril 2024
Publicité