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Défense

Air Force One : Le Qatar offre une solution d’attente à Trump

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Frédéric Marsaly

Le très long et très coûteux feuilleton des nouveaux Air Force One connaît un rebondissement de plus. Ulcéré par les retards de la transformation des deux appareils choisis pour devenir les avions de transport présidentiels, Donald Trump aurait opté pour un autre Boeing 747-8 comme solution intérimaire, d’autant plus que l’appareil pourrait être, tout simplement, offert par le Qatar.

Dimanche soir, sur son propre réseau social, Donald Trump a posé le message suivant : « Le fait que le ministère de la Défense reçoive en cadeau, gratuitement, un 747 pour remplacer temporairement Air Force One, vieux de 40 ans, dans le cadre d’une transaction publique et transparente, agace tellement les Démocrates corrompus qu’ils insistent pour que nous payions le prix fort. N’importe qui peut faire ça ! Les Démocrates sont des perdants de classe mondiale ! MAGA (Make America Great Again) »

Peut-être que voler dans de vieux 747-200 ne sied pas à la stature souhaitée par le Président des USA. Selon le Wall Street Journal, il a donc opté pour la transformation d’un autre Boeing 747-8 afin de pouvoir épauler les vieillissants VC-25A actuels, entrés en service au début des années 90, au temps de l’administration de Georges Bush… père !

En 2015, au moment du lancement du projet de transformation des deux Boeing 747-8 sélectionnés pour le contrat du remplacement des VC-25A, parce qu’ils n’avaient pas été livrés à la compagnie Russe qui les avait commandés avant de faire faillite, Trump avait déjà lancé un gros pavé dans la marre à propos des 4 milliards alloués : « qu’on annule le contrat ».

Néanmoins, une fois installé pour la première fois dans le Bureau Ovale, il avait officialisé la commande de ces deux VC-25B en 2018 et s’était même attelé à leur dessiner une livrée assez éloignée des canons établis par l’US Air Force ce que son successeur Biden s’était empressé de rectifier lors de son mandat en réintroduisant une variante du bleu « œuf de merle d’Amérique » traditionnel.


Certaines sources avancent que le marché aurait subi une augmentation de 2,5 milliards de dollar depuis ! Tout aussi gênant, ces avions devaient entrer, théoriquement, en service en 2021, ils ne pourraient l’être qu’en 2027, peut-être même plus tard si de nouvelles difficultés, notamment sur la chaîne d’approvisionnement, se présentaient. On imagine que cette situation peut expliquer l’éviction de la firme de Seattle pour le contrat de 13 milliards $ dévolus au marché des successeurs des E-4B attribué en mai 2024 à Sierra Nevada Corp.

En février dernier, après avoir visité un Boeing 747-8 VIP ayant appartenu à la famille royale qatarie et présent sur l’aéroport de Palm Beach en Floride, Trump s’était déclaré très déçu de Boeing : « Le président Trump visite un nouvel avion Boeing pour tester les nouveaux équipements et technologies », avait alors déclaré le directeur de la communication de la Maison-Blanche qui avait précisé que Boeing ne serait pas en mesure de livrer les VC-25B dans les délais prévus. Le Président Trump aurait donc décidé, depuis, de lancer la transformation d’un Boeing 747-8, avec un autre prestataire, histoire de pouvoir disposer d’un avion de transport aux standards actuels.

L’appareil qui aurait été sélectionné serait l’avion visité en février, c’est à dire le P4-HBJ, un 747-8KBBBJ de 2012 initialement livré au Qatar Amiri Flight en 2012 en tant que A7-HJA, ré-immatriculé A7-HBJ en 2015 et revendu en décembre 2023, désormais immatriculé sur l’île de Man pour Global Jet. Cet appareil est déjà en configuration VIP. Néanmoins pour en faire un appareil apte aux missions présidentielles US, il lui faut recevoir de nombreux équipements de communication et de protection, les VC-25A et B devant être aussi des « Maisons Blanches volantes » où le Président est à même de poursuivre les affaires courantes lors de ses déplacements.

C’est le Wall Street Journal qui a révélé l’information au moment où, justement, un de ses journalistes présents à bord d’Air Force One pour un déplacement officiel de Donald Trump, s’est fait tancer par l’édile « Le Wall Street Journal est vraiment en enfer. Un journal pourri. Vous entendez ce que je dis ? C’est un journal pourri ! » Selon le quotidien New Yorkais, c’est la société L3Harris qui s’est vu confier le chantier.

Le P4-HBJ est arrivé à San Antonio, au Texas, en provenance de Roissy avec une escale à Bangor, le 3 avril dernier. Il s’avère que la société L3Harris possède bien des infrastructures industrielle à San Antonio notamment sur la base de Lackland à l’ouest de la ville tandis que le Boeing est donc stationné depuis un mois au San Antonio International Airport au nord-est de la cité texane.

Coïncidence amusante : les deux Boeing 747-8 de la discorde sont en cours de chantier chez Boeing à… San Antonio, dans la zone sud de cette même base de Lackkand AFB où l’industriel dispose d’installations pour la maintenance des Boeing de l’US Air Force.

La zone sud de la base de Lackland en octobre 2023 avec un E-3 Awacs, un VC-25A, un E-4B, un F/A-18 et 6 C-17 en maintenance.
© Google Earth

Le cadeau fait à l’administration Trump d’un Boeing 747 interroge. Du côté Démocrate on s’interroge sur l’aspect éthique et non-constitutionnel de la transaction. En filigrane, on peut y voir, en effet, une forme d’ingérence étrangère. Néanmoins, quel était l’avenir possible de ce 747-8 dont le Qatar Amiri Flight s’était débarrassé depuis plusieurs années et qui volait extrêmement peu souvent ? Même si on évoque une valeur théorique de 400 millions USD pour cette machine, on sait que son prix ne tient qu’en fonction de la demande et sur ces appareils surdimensionnés, le marché est plus qu’étroit : on se souvient du sort, en 2022, du Boeing 747-8 destiné au Prince Héritier saoudien, décédé avant la réception de l’appareil, et qui, finalement, avait été ferraillé avec… 42 heures de vol au compteur !!

L’agence Reuters précise que le Boeing 747-8 devrait, selon les exigences du Président US, être disponible à l’automne, un chantier court. Il ne faudrait donc pas que les exigences de sécurité et de communications indispensables à un vol « Air Force One » (indicatif de tout avion lorsque le président US se trouve à bord) rendent l’option d’un 747-8 préparé a-minima incompatible.

A cette heure, le transfert du 747 n’a pas été officialisé même si certains observateurs, autour de la plateforme de San-Antonio, ont noté de l’activité autour de l’avion, comme si le chantier avait déjà débuté.

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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Frédéric Marsaly

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