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Défense

DGA TA redonne du souffle aux essais d’éjection

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Frédéric Lert

Pour étudier le comportement des équipements lors d’une éjection, DGA TA (Direction Générale de l’Armement Techniques Aéronautiques) utilise une soufflerie à rafales installée en plein air sur le site de Toulouse Balma. Sa modernisation est en cours, avec l’ambition de simuler complètement une séquence d’éjection.

Pour reproduire l’éjection et le choc du vent relatif (le « windblast ») à la sortie d’un avion de combat, deux possibilités : soit c’est le siège qui est mis en mouvement à très grande vitesse sur un rail, soit on inverse le problème et c’est l’air qui est mis en mouvement autour d’un siège fixe. C’est ce dernier principe qui est mis en œuvre à Toulouse au sein de l’installation de DGA Techniques Aéronautiques. Seulement deux autres installations similaires existent dans le monde : l’une aux Etats-Unis et l’autre en Russie.

Une rafale de 625 kts

L’installation de Toulouse peut générer une rafale d’air instantanée pouvant atteindre jusqu’à 625 nœuds (1.157 km/h). La rafale est obtenue en comprimant de l’air à 110 bars et en le relâchant brutalement. Un système de vannes permet par ailleurs de contrôler les profils de vitesses suivant les besoins.

Il faut environ une heure pour recharger les réservoirs entre deux tirs et depuis sa mise en service en 1992, l’équipement de Toulouse compte plus de 3.000 essais. Un exemple parmi cent : la mesure de la tenue à l’éjection d’une tablette tactile fixée sur la cuisse d’un pilote.

Relativement simple et économique d’emploi, l’installation de DGA TA présente toutefois un inconvénient quand il s’agit de reproduire une éjection : elle ne simule que le choc du vent relatif à la sortie du cockpit, mais sans reproduire l’accélération verticale du siège puisque ce dernier reste immobile, accroché à un bâti statique. Mais des changements sont en cours…

Reproduire la séquence d’éjection dans sa totalité

« L’installation est en cours de modification de manière à reproduire la séquence d’éjection dans sa totalité » explique un ingénieur de DGA TA. « A l’installation du windblast va donc s’ajouter un bâti support de siège dynamique, doté d’une propulsion hydraulique ».

Installé sur son siège éjectable solidement boulonné à la structure fixe, le mannequin s’apprête à recevoir une rafale de vent de 1.000km/h. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr

DGA TA disposait également d’un outil de simulation d’éjection, décorrélé du windblast. Mais son emploi faisait appel à un vrai moteur fusée ce qui compliquait singulièrement son emploi. Une fois tiré, le siège, solidement harnaché, s’élevait d’une dizaine de mètres dans les airs avant d’être récupéré dans un filet. Une semaine de travail était nécessaire entre deux tirs pour configurer l’installation.

« Le nouveau bâti hydraulique sur lequel est fixé le siège est beaucoup plus simple d’emploi et va nous permettre d’enchainer plusieurs tirs dans une même journée détaille notre interlocuteur. La propulsion hydraulique se traduit également par une meilleure reproductibilité des essais ».

DGA TA se positionne sur le marché mondial

L’installation est complétée par la mise en place d’un faux pare-brise devant le siège. Le flux d’air du windblast vient « mouiller » une zone d’environ deux mètres au-dessus, ce qui est suffisant pour étudier la sortie du siège et le choc contre le mur du vent relatif.

La réception de l’équipement de 18 tonnes se termine à l’heure où paraissent ces lignes et la mise en service devrait intervenir dans quelques semaines. DGA TA annonce pouvoir reproduire les profils d’éjection de tous les types de chasseurs, Mirage et Rafale français bien entendu, mais également F-16 ou… F-35 américains. Avis aux amateurs.

La concurrence mondiale est rude entre acteurs étatiques dans le monde des essais et il est demandé à la DGA de vendre ses savoir-faire et rentabiliser ses équipements.

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Bonsoir Frédéric,
    En lisant le mot "éjection" je sors mes souvenirs, et je suis admiratif en découvrant les moyens mis en place pour simuler une séquence d'éjection.
    Pourtant, au risque de radoter et de ne pas connaitre les derniers perfectionnements des sièges, je souhaiterais savoir si le largage du paquetage de secours a été rendu automatique ?
    Je n'ai pas non plus oublié que le coeur d'une éjection se situe dans la prise de décision, la poignée de secondes qui précède l'action sur la poignée.
    Bien amicalement.
    Denis

    • bonjour Denis,
      sur les appareils actuels le paquetage est libéré automatiquement quand le pilote se sépare de son siège. Il est loin le temps du F-100, mais c'était un bel avion quand même !
      amitiés
      Frédéric

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