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Défense

Et si Evreux devenait une base aérienne 2.0 ?

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Frédéric Lert

La base aérienne 105 de l’armée de l’Air était en sursis en 2000, l’ombre d’une fermeture planant sur ses marguerites et sa piste de 3.000m. Après cette mauvaise passe, la base d’Evreux-Fauville renoue maintenant avec le développement. Outre l’arrivée des Casa 235 et de la permanence opérationnelle, il y est question d’une pépinière d’entreprises innovantes et même de l’ouverture de la piste à l’aviation d’affaires…

Aux portes de la Normandie, Evreux est une base accueillant traditionnellement des avions de transport. Elle fut longtemps le nid de nombreux Transall mais l’espèce est en voie de disparition : les derniers C-160 d’ancienne génération seront retirés du service cette année et avec eux disparaitra l’escadron 1/64 Béarn.

La base d’Evreux accueillera les derniers C-160 Transall de l’armée de l’Air. Tous seront des modèles de nouvelle génération, équipés notamment d’une perche de ravitaillement en vol. © Frédéric Lert/Aerobuzz

Fin 2017, il ne restera sur la base que 18 Transall NG (Nouvelle Génération), reconnaissables à leur perche de ravitaillement en vol. Evreux continuera également d’héberger les deux C-160G Transall « Gabriel » d’écoute électronique qui rendent, dit-on, de grands services ces temps-ci au Levant et dans le Sahel. La question de leur remplacement après 2023, date de retrait des derniers Transall NG, reste posée.

Les Casa 235 des 1/62 Vercors et 3/62 Ventoux

Mais le transport ne meurt pas avec le Transall, puisque la base euroise accueille depuis l’an dernier les deux escadrons de Casa 235 auparavant basés à Creil. Allant de pair avec l’arrivée des Casa, Evreux est également en train de s’équiper d’une aire de dégivrage qui sera opérationnelle en 2018.

Les deux escadrons de Casa 235, le 1/62 Vercors et le 3/62 Ventoux, rassemblent aujourd’hui 18 appareils : dix Casa CN235-200 et huit -300 plus récents, ces derniers étant reconnaissables au sol au diabolo de leur train avant… Quelque peu orphelins à leur arrivée dans l’armée de l’Air, les Casa y ont depuis trouvé toute leur place, prenant progressivement la suite des Transall retirés du service.

Les Casa 235 (ici un -300 reconnaissable à son diabolo avant) occupent aujourd’hui une place importante au sein de l’armée de l’Air. Ils ont notamment remplacé les Transall Outre Mer, pour un coût bien moindre. © Frédéric Lert/Aerobuzz

On trouve des CN235 en outre-mer, mais aussi à Gao (Mali) et N’Djamena (Tchad) où ils opèrent au profit de l’opération Barkhane. Le largage de palettes (jusqu’à 3 x 800 kg par avion) par la tranche arrière est possible depuis le début 2016 pour les -300 et il est en cours de validation sur le -200. N’oublions pas non plus que l’avion dispose de six points d’emport sous la voilure, totalement inemployés aujourd’hui… Qui sait si un jour on ne finira pas par y accrocher quelque chose d’utile ?

Prêt pour la Permanence Opérationnelle

Mais revenons à Evreux : une marguerite au nord de la base, à proximité des installations du très secret GAM 56, vient d’être aménagée de manière à pouvoir accueillir la « permanence opérationnelle ». Des astroarches ont été montées, les réseaux ont été amenés, les parkings et le chemin de roulement refaits. Environ 300m de merlons ont également été érigés. Deux à trois chasseurs pourront être hébergés, par exemple lorsqu’il s’agira d’assurer ponctuellement les missions de police du ciel au-dessus de l’Ile de France.

L’Anjou et le Béarn, les deux derniers escadrons de transport équipés de Transall. Le Béarn tirera sa révérence cette année. © Frédéric Lert/Aerobuzz

D’autres travaux d’infrastructures encore plus ambitieux sont au calendrier, « avec par exemple la construction d’une nouvelle escale, avec une capacité d’accueil simultanée de deux gros porteurs » précise le colonel Vincent Breton, commandant de la base.

Une pépinière d’entreprises numériques

Pour augmenter le poids économique de la BA105 dans la région, son commandant évoque également le développement des partenariats et différentes initiatives, plus ou moins originales pour une base aérienne. Comme par exemple le développement du festival « Bulles d’air » de la BD aéronautique. Ou encore l’accueil de cinq « start up » de haute technologie dans une pépinière installée dans les locaux mêmes de l’escadre aérienne de commandement et de conduite projetable (EAC2P).

« Avec cette pépinière, nous sommes en train de développer un écosystème propre à l’innovation numérique » souligne le colonel Breton, qui évoque un projet d’expérimentation utilisant les signaux ADS-B Out émis par les transpondeurs mode S. Ces signaux pourraient être employés pour compléter les informations fournies par les radars tactiques de l’EAC2P ou encore présenter aux équipages de Transall la situation aérienne générale environnante.

Les deux Transall Gabriel de l’armée de l’Air, facilement reconnaissables aux antennes présentes sur le fuselage, rendent, dit-on, de bons services depuis leur modernisation. Ils seraient particulièrement utiles pour intercepter les communications téléphoniques des francophones présents en Syrie et en Irak. © Frédéric Lert/Aerobuzz

« Ce projet est le reflet des échanges que l’on veut favoriser sur la base entre civils et militaires : l’idée a été poussée simultanément par un sous-officier de l’armée de l’air et la start up, qui ont conjugué leurs efforts » .

Ouverture au trafic aérien privé

A plus long terme, la base étudie également une ouverture de la piste au trafic privé, avec la possibilité de créer à l’horizon 2021 une escale pour l’aviation d’affaires. « A certaines heures de la journée, le quartier de La Défense est plus près d’Evreux, 45 minutes en voiture, que de l’aéroport du Bourget » entend on dire sur la base aérienne…

A plus long terme, certains évoquent également une ouverture aux lignes aériennes, en liaison avec une future ligne SNCF reliant Paris à la Normandie. Un tracé longeant la base pourrait placer les installations à seulement 40 minutes de la gare St Lazare. Il va sans dire que ce n’est pas encore fait…

Frédéric Lert

 

 

 

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • @Philippe,
    Par "perfume valley" je pense que vous voulez parler de la Cosmetic Valley dont le siège est à Chartres.
    Et en ce qui concerne l'aérodrome de Chartres, je vous informe que cette plate-forme va bientôt voir sa piste rallongée et bénéficier d'infrastructures toutes neuves ....

  • Evreux plus près de la Défense , ok ,mais aussi ...de la "silicone " vallée " des parfums (perfume valley ). Donc pourquoi pas l'aviation d'affaires ?

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