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F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges

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Pierre Sparaco

Les Pays-Bas vont commander trente-sept F-35A Lightning II, alias Joint Strike Fighter. La Belgique en fera autant l’année prochaine, deux commandes qui confirmeront les grandes ambitions mondiales de l’avion de combat de Lockheed Martin.

C’est au terme d’une longue valse-hésitation que les autorités de La Haye ont décidé de consacrer 4,5 milliards d’euros au F-35A pour assurer le remplacement d’une partie de leurs F-16. Une commande complémentaire de plusieurs dizaines d’exemplaires est envisagée en un deuxième temps, pour autant que le budget de la Défense le permette.

Ce choix ne constitue en aucun cas une surprise, les Hollandais ayant de la suite dans les idées et ne résistant jamais à l’appel du grand large : ils ont en effet successivement commandé le Lockheed F-104G Starfighter, le Northrop F-5 puis le F-16, écartant systématiquement les propositions françaises qui leur étaient soumises. Les Belges ont été très influencés par cette manière de faire, aux dépens de l’Europe de la Défense, au point de multiplier les occasions manquées, à commencer par la possibilité qui leur avait été offerte par Dassault Aviation de prendre une participation de 10 % dans le développement et la production du Rafale.

En Belgique, la situation est plus complexe qu’aux Pays-Bas. Sans indiquer le nombre d’exemplaires qui seraient commandés, Pieter De Crem, ministre de la Défense, a exprimé une préférence pour le F-35A, toute autre possibilité semblant écartée, Super Hornet, Rafale, Eurofighter ou Gripen NG. Mais il va se heurter à l’opposition du parti socialiste et, explique notre confrère Patrick Anspach, aux réticences de la Flandre. Ce qui revient à dire que l’inextricable fracture politico-linguistique qui mine la Belgique n’épargnera pas ce dossier.

Sabca, première entreprise aéronautique du royaume, va logiquement défendre les couleurs du Rafale, Dassault étant son actionnaire. Mais Asco, très influente, bénéficie de commandes de sous-traitance de Lockheed Martin et fera évidemment le choix contraire. D’où la perspective d’un affrontement violent qui, dans une certaine mesure, pourrait rappeler l’épique marché du siècle de 1975 : les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark et la Norvège, après avoir renoncé au Tornado trop coûteux, avaient décidé de commander conjointement 348 avions pour tenter d’obtenir des conditions favorables et, notamment, des compensations économiques généreuses. Avec l’appui de Pratt & Whitney, General Dynamics l’avait emporté avec le F-16, qui n’était alors qu’un démonstrateur technologique, une défaite cuisante pour l’Europe.

Le F-35, programme d’une ampleur considérable, a déjà été retenu par le Royaume-Uni, l’Australie, l’Italie, la Norvège, Israël et le Japon, le Pentagone prévoyant pour sa part d’y consacrer 857 milliards de dollars. En retard, hors budget, mais bénéficiant d’efforts de redressement impressionnants, le prix catalogue du F-35 serait descendu, semble-t-il, à environ 85 millions de dollars. Trois versions sont mises au point, F-35A « classique », F-35B à décollage vertical, F-35C destiné à être embarqué sur porte-avions.

La production est lancée, le centième exemplaire est actuellement visible sur la chaîne d’assemblage final de Fort Worth, dans le Texas, dans le grand hall de 1 600 mètres de longueur d’une usine propriété de l’Etat fédéral, vestige de l’effort de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Une chaîne d’assemblage sera mise en place par Alenia Aermacchi, consacrant l’ancrage européen de l’opération.

Pierre Sparaco

Le premier vol du premier F-35 hollandais a eu lieu le 6 août 2012
Le Pentagone et Lockheed Martin conduisent des négociations avec d’autres acheteurs potentiels, notamment le Canada, où le dossier est à l’origine d’une violente polémique politique. © Lockheed-Martin more
Le Pentagone prévoit de commander environ 2 400 F-35, dans ses trois versions, dans le cadre d’une opération d’une durée d’une cinquantaine d’années.
Ce mois-ci, Lockheed Martin a célébré le début de l’assemblage du 100e avion à Fort Worth, jadis siège de General Dynamics, créateur du F-111 puis du F-16.
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Pierre Sparaco

View Comments

  • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
    achetons ces f35 ... nos f16 sont fatigués et il n'est plus question de remise à niveaux !!!

  • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
    On oublie aussi de rappeler que le choix des Hollandais a en réalité été fait début des années 2000, et que la vraie actualité c'est qu'ils réduisent leurs commandes. Ils avaient prévu d'en commander 85 au départ. Mais les journaux ont souvent la mémoire courte.

    On oublie aussi les conditions comiques du choix du JSF par rapport à d'autres avions : en 2002, le JSF a obtenu la meilleure note juste devant le Rafale, à 2 centièmes de points près ! Sachant qu'à l'époque, le JSF n'existait que sur Powerpoint. Le Rafale, lui, volait déjà.
    On se demande ce que donnerait une mise en concurrence aujourd'hui, maintenant que le prix et les limitations réelles du F-35 commencent à être connues.

    L'ambition avouée du F-35/JSF était de tuer l'industrie aéronautique européenne. Avec des choix comme ça, le but ne devrait pas être très difficile à atteindre...

  • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
    Même si les Américains proposaient un avion à hélice de la 2GM les petits pays de l'Otan l'achèteraient.
    Inutile de perdre son temps avec eux.
    Mais quand va-t-on comprendre en haut lieu que nous n'avons strictement à faire dans l'Otan ?

  • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
    Le F35 serait un avion qui présenterait pas mal de défauts et dont le Pentagone ne semblerait pas totalement satisfait
    On parle d'une "clause de sauvegarde sur la qualité".

  • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
    Juste une petite précision, puisqu'elle est relative à ma citation dans l'article: le ministre (flamand) de la Défense a choisi le F-35, mais il va se heurter aux réticences des Wallons (et Bruxellois) et pas des Flamands. Cela dit, la suite de l'article le dit très bien.
    Que la France ne s'inquiète pas trop, rien n'est vraiment décidé en Belgique et le prix du F-35 risque quand même de lever quelques oppositions.

  • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
    Cher Monsieur Sparaco,

    De grâce ne prenez pas vos compatriotes Belges pour des imbéciles, Sabca ou pas le rafale est beaucoup trop cher pour le budget de l'état. Les autres options seront comme d' habitude une affaire de gros sous et de compromissions politiquo linguistiques. Une fois de plus le choix si il en faut un sera fait sans tenir grand compte de l'avis de leur futur utilisateur, la composante aérienne.

  • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
    On se demande bien pourquoi les Hollandais et les Belges achètent des avions de combats qui ne leur servent strictement à rien. Quand au F35 c'est à jour une calamité industrielle et un gouffre financier. C'est un avion construit sur un mauvais cahier des charges qui ne sera pas opérationnel avant longtemps

    • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
      L'explication n'est-elle pas là?
      "Comme prévisible le marché transatlantique se met en place à nos dépens."

  • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
    Pauvre Europe pourtant capable de faire au moins aussi bien avec un peu de coopération industrielle entre les États membres. Comme prévisible le marché transatlantique se met en place à nos dépens. Il ne fait aucun doute que pour un État Puissant comme la France il est plus facile de réglementer les heures de NON-travail chez Séphora que d'organiser son économie ou mieux encore, que de donner dans le ridicule d'un faux-projet de 19 sièges à train fixe.

  • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
    Le prix de vente est presque un "detail".
    Le choix se fait aussi sur les prestations annexes et les couts MRO qui representent plusieur dizainnes de fois le prix de l'appareil.
    Pour info un heure de vols de F22 c'est $46000, carburant inclu !

  • F-35 : les Hollandais, bientôt les Belges
    85 millions de $ ça parait un peu cher pour un mono-réacteur... Côté vente, les Hollandais vous font toujours de grands sourires mais comme vous le dites si bien dans l'article, en réalité ils ne se tournent que vers les Américains. Les Français, las de faire les dindons de la farce, les regardent altermoyer de loin. Maintenant, si ils veulent vraiment faire l'acquisition d'un bi réacteur ultra moderne et performant au combat (Afghanistan, Lybie, Mali) on peut toujours discuter...

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