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Feu vert pour le drone de combat franco-britannique

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Gil Roy

La France et la Grande-Bretagne vont consacrer 250 M€ sur deux ans, à l’étude d’un système de combat aérien du futur (SCAF). Une aubaine pour les bureaux d’études de Dassault Aviation, BAE Systems, Safran, Rolls-Royce, Thales, Finmeccanica-Selex menacés par la baisse des budgets de Défense.

Le Joint Strike Fighter américain, archétype de l’avion de combat de cinquième génération, sera-t-il le dernier vecteur piloté de l’intérieur ? Les progrès réalisés par le drone furtif X-47B peuvent laisser penser, en effet, que l’avenir appartient aux drones. En Europe, Dassault Aviation a pris les commandes du Neuron, un démonstrateur de drone de combat, également furtif, qui pourrait préfigurer le successeur du Rafale, du Gripen ou encore de l’Eurofighter. Si ce programme implique une multitude d’industriels de Défense de nombreux pays, en revanche, celui qu’il va désormais falloir appeler SCAF pour « Système de combat aérien futur » ne réunit que deux partenaires, la France et la Grande-Bretagne, qui ont déjà a leur actif plusieurs programmes aéronautiques communs. Dans le domaine militaire, on se souvient évidemment du Jaguar…

Début 2014, Le président français François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron ont validé le lancement d’une étude de faisabilité commune en matière de drones de combat. Les deux pays entendent capitaliser sur les acquis de leurs démonstrateurs technologiques respectifs Neuron de Dassault et Taranis de BAE Systems. L’accord politique a été officialisé au salon aéronautique de Farnborough en juillet 2014, mais le contrat avec Dassault Aviation et BAE Systems vient tout juste d’être signé. Une cérémonie a eu lieu, le 5 novembre 2014, à Saint-Cloud, au siège de Dassault Aviation.

Officiellement, « la coopération entre la France et le Royaume-Uni est considérée comme la meilleure façon de tendre vers une solution viable de drone de combat et de renforcer en même temps les relations des deux gouvernements en matière de défense ». Le contrat d’étude conjointe de 150 M€ (120 M£) sera complété par des financements nationaux français et anglais supplémentaires d’une valeur cumulée de 100 M€ (80 M£) sur la même période.

L’étude de deux ans posera les fondations sur lesquelles un programme conjoint à long terme sera bâti, en insistant sur deux points clés : d’une part le développement de concepts pour un système opérationnel, d’autre part la maturation des principales technologies nécessaires à un futur système aérien de combat sans pilote à bord (UCAS) à vocation opérationnelle. A l’issue de la phase d’étude, prévue fin 2016, des travaux pourraient débuter pour développer un démonstrateur technologique d’UCAS à même de répondre aux futurs besoins militaires des deux nations.

Ce contrat est aussi un soutien au secteur stratégique des industries aérospatiales militaires des deux nations. La Phase de Faisabilité garantira des centaines d’emplois hautement qualifiés chez Dassault Aviation et BAE Systems, et également chez les partenaires industriels comme Rolls-Royce, Selex ES, Snecma (Safran), Thales et autres PME participant au programme. Ce que confirme Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, qui souligne que ce programme « assure aux entreprises Françaises et Britanniques de conserver leur excellence technologique qui est vitale pour leur compétitivité dans un environnement concurrentiel mondialisé. Elle montre surtout l’attachement de la France et de la Grande-Bretagne à leur ambition de rester des puissances aéronautiques de premier plan. » Un tel contrat est en effet un moyen de soutenir des emplois hautement qualifiés, tout en sachant qu’au sein des bureaux d’études, il existe une perméabilité entre les projets militaires et civils. Mais 250 M€ sont-ils suffisants comparés aux budgets américains ?

On sait en effet que les recherches en matière d’armes aériennes ont toujours fait l’objet d’une course de vitesse entre les grands blocs politiques de la planète. La Russie étant momentanément sur la touche et la Chine pas encore sur le terrain, la compétition se joue actuellement entre l’Amérique et l’Europe avec un sérieux avantage à l’Amérique. La classe politique européenne ne semble pas encore avoir pris la mesure des enjeux, malgré les efforts déployés en coulisses par les industriels pour sensibiliser députés et ministres. En la matière, les budgets alloués à la recherche sont encore trop modestes. Il a fallu sept ans au programme Neuron pour arriver jusqu’au premier vol. A ce rythme, il est légitime de se demander si le système de combat aérien futur de la France sera européen, franco-britannique ou américain.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Feu vert pour le drone de combat franco-britannique
    Tous ça pour lacher des bombes en béton sur des 4x4... C'est le prix à payer pour rester dans la course technologique mais franchement ça ne sert pas à grand chose dans le fond.

  • Feu vert pour le drone de combat franco-britannique
    L' essoufflement budgetaire europeen en matiere de Defense et de recherche paramilitaire n est il pas implicitement desire par ceux la meme qui ont une longueur d avance dans ce domaine et qui savent tres bien manipuler les coulisses de Bruxelles ?
    Ceci explique peut etre cela.

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