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Défense

Guyane (1/4) : L’armée de l’Air se prépare à l’arrivée d’Ariane 6

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Frédéric Lert

Première partie (1/4) – Les premiers tirs du nouveau lanceur européen sont attendus pour 2020 depuis le centre spatial guyanais (CSG) de Kourou. L’armée de l’Air, qui prend une part importante à sa protection, réorganise progressivement son dispositif.

L’aventure guyanaise a commencé en 1974 pour l’armée de l’Air, avec une première Alouette III. Au cours des années suivantes, la base aérienne 367 « capitaine François Massé » sort de terre à Cayenne, en bordure de l’aéroport civil. La montée en puissance progressive d’Ariane s’accompagne de celle des armées dans ce département d’outre-Atlantique. Il faut protéger l’activité des lanceurs qui occupent une place économique et stratégique croissante.

Montée en puissance du dispositif militaire en Guyane

Des hangars sortent de terre et les Alouette sont remplacées par des Fennec épaulés par des Transall et des Puma. Entre 2008 et 2012, un nouveau coup d’accélérateur est donné avec la construction de nouveaux hangars et parkings et l’agrandissement de la zone vie. Il s’agit en effet de préparer l’arrivée de l’escadron de transport outre-mer (ETOM) 58 qui quitte les Antilles en 2012. Ses trois Casa 235-200 rejoignent alors les appareils de l’escadron d’hélicoptères outre-mer (EHOM) 68 Guyane pour former l’actuel Escadron de Transport (ET) 68 « Antilles-Guyane ».

« Ce regroupement était rendu nécessaire par l’importance grandissantes des missions qui nous étaient confiées sur le territoire guyanais, avec en particulier les exigences de mobilité de nos forces dans le cadre de la lutte contre l’orpaillage clandestin » explique-t-on à Cayenne. Incidemment, le déménagement vers Cayenne permettait à l’armée de l’Air de quitter une zone cyclonique à ses Casa.

Complémentarité avion – hélicoptère

Sur un territoire grand comme l’Autriche et couvert à 94% de forêts, le transport aérien militaire joue un rôle essentiel. La population et les activités économiques se concentrent sur la bande côtière tandis que les trafics en tous genres naissent et se développent sur les zones frontalières avec le Brésil et Suriname. Descendre du nord au sud le fleuve Maroni qui fait office de frontière avec le Suriname demande par exemple trois jours de pirogue à moteur. Le même parcours se fait en moins de deux heures d’avion. Les routes sont inexistantes et la téléportation encore mal maitrisée.

L’ET68 est donc une unité mixte mêlant hélicoptères et avions. Au sein de l’escadron, les responsabilités entre pilotes d’avions et d’hélicoptère sont partagées équitablement : si un responsable est pilote d’hélico, son adjoint est pilote de voilure fixe. Et vice versa.

Le Fennec, bras armé de Titan

Avec ses douze appareils, l’ET 68 fait aujourd’hui face à deux grandes missions : Titan et Harpie. Avec Titan, il s’agit de protéger les activités du Centre Spatial Guyanais. Trois fusées sont aujourd’hui lancées de Kourou : Ariane 5, Vega qui est un lanceur léger et la fusée russe Soyouz. Au total, c’est une douzaine de tirs par an.

La mission de police du ciel reste emblématique à Kourou. Le détournement d’un avion de tourisme fait partie des scénarios envisagés. © Frédéric Lert/Aerobuzz

« Dès lors qu’une fusée est exposée à ciel ouvert, quand elle transite d’un bâtiment à l’autre pour recevoir sa charge utile ou bien qu’elle est mise en place sur le pas de tir, nous activons un DPSA (Dispositif Particulier de Sûreté Aérienne), rappelle l’armée de l’Air. Sur l’année, cela représente au total une soixantaine de jours ».

Le bras armé de Titan, ce sont les Fennec qui embarquent les tireurs d’élite. Les appareils sont également équipés de boule optronique Ultra 7000. Couplées à l’emploi de JVN (jumelles de vision nocturne), cela donne de bonnes capacités nocturnes. La boule Ultra permet également de repérer hommes et équipements sous la canopée de la jungle, du moins que l’hygrométrie reste raisonnable. Ce qui sonne parfois comme un oxymore sur le territoire…

Couverture radar totale

En arrière plan veille le radar GM406 (Thales), qui assure les missions de surveillance du sol au plafond (niveau 300). Installé au sommet d’un promontoire rocheux à 17 km du centre spatial, le GM406 est opérationnel depuis tout juste un an et il complète l’ancien radar Centaure.

Opérationnel depuis un an, le radar G406 est l’œil de Sauron auquel rien n’échappe… Un deuxième équipement du même type vient d’être installé à Nice. © Frédéric Lert/Aerobuzz

Premier de sa génération installé en France, le GM406 est capable de balayer l’ensemble de la Guyane d’un seul tout d’antenne. Les travaux d’infrastructures nécessaires à son installation (colline arasée, création d’une route, acheminement du réseau électrique etc) donnent une idée des investissements consentis pour la protection du CSG.

Frédéric Lert

 

 

 

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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