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Jeux de guerre en Corée

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Martin R.

Le ton monte entre Pyong Yang, les USA et la Corée du Sud. La communauté internationale cherche à calmer le jeu sans y parvenir. Pendant ce temps l’engrenage des intimidations se poursuit. Quelles sont les forces en présence ? La Corée du nord a-t-elle réellement les moyens de ses ambitions ?

Bis repetita placet. Une fois de plus le dictateur nord Coréen Kim Jong Un, à l’instar de son défunt père, profère des menaces à l’égard de Seoul et des USA. Jusqu’à présent, ces menaces d’une dictature aux abois, lâchée de toutes parts, étaient plus amusantes qu’autre chose… Mais le jeune et bouillant dictateur, conscient des faiblesses de son armée conventionnelle, est sans doute allé trop loin en menaçant d’une attaque nucléaire des bases américaines. En clair, la Corée du Sud, le Japon et surtout l’ile de Guam qui abritent d’importantes bases américaines sont dans le collimateur des forces de frappe nord coréennes.

Du coup, Washington, multiplie les démonstrations de force en participant ostensiblement à des exercices de bombardement en Corée du Sud.
Le message est clair, cette fois, ce ne sont pas des F-15 et des F-16 qui sont déployés par les USA, mais des bombardiers stratégiques B2 Spirit et B52. Avec en protection des chasseurs furtifs F-22 Raptor, le tout renforcé par des avions de renseignement RC-135.

En parallèle des moyens importants de lutte contre les missiles balistiques sont déployés dans la zone avec des navires de type « Aegis » améliorés dotés de radars à longue portée pour guider des missiles intercepteurs « standard » spécialisés dans le traitement des missiles balistiques. Dans les jours qui viennent, Guam recevra au moins une batterie anti missile terrestre THAAD (Terminal High altitude Area Defence). De son côté, Tokyo qui ne cache pas son anxiété, s’en remet au parapluie américain, tout en mettant en alerte sa flotte de destroyers Aegis équipés pour la lutte anti balistique.

Le message a été reçu fort et clair par Pyong Yang qui menace de redémarrer ses installations nucléaires en prime et positionne des systèmes de missiles sur ses côtes.
Cette crise ressemble à une partie de poker avec d’un côté un leader nord coréen qui essaie de faire croire qu’il possède des missiles dévastateurs, et de l’autre des occidentaux qui indiquent avoir les moyens de les contrer dans 100% des cas. Dans les deux cas, rien n’est moins sûr.

Si la Corée du Nord maitrise la conception des missiles d’une portée allant de 500 à 4.000 km environ, rien n’indique en revanche que ce pays soit capable de réaliser des têtes nucléaires susceptibles d’y être installées. Ces engins de terreur, lancés à partir de sites fixes ou de rampes mobiles, afficheraient en outre une précision médiocre.

Côté américain, les systèmes de défense anti missiles développés depuis près de vingt ans au mépris du traité ABM, sont aujourd’hui déployés dans les forces. Mais la perfection n’étant point de ce monde, rien n’indique une efficacité de 100% en matière d’interception. Autre inconnue : comment se comporteraient les éléments de ce bouclier endo-atmosphérique en cas d’attaque saturante ? Il n’empêche cette crise marque le premier déploiement en conditions réelles de ce joyau technologique reposant sur des moyens de détection, de communication et de coordination et d’interception dernier cri… Ce bijou n’a toutefois pas droit à l’erreur, même la plus minime soit-t-elle !

Pendant ce temps, Séoul indique qu’elle ne se laissera pas faire en cas d’attaque.
Quel est l’état des forces en présence ? Si Pyong Yang peut compter sur une armée de terre très nombreuse (on parle de 1 million d’hommes en armes et 5 millions en réserve), ses forces aériennes sont en revanche incapables de soutenir la comparaison avec ses voisins.
La Corée du Nord possède un parc hétéroclite de 1.600 appareils, tous de conception russe ou chinoise, et tous obsolètes technologiquement.
Les appareils les plus performants sont des dérivés du vénérable MiG-21, le Chengdu F7 et une quarantaine de MiG-29B.

Ces appareils, très maniables, agiles et rapides, sont optimisés pour le combat aérien rapproché et la défense de zone. Ils sont en revanche handicapés par des portées radar faibles, des armes d’ancienne génération et un rayon d’action limité. Pour corser le tout, point de capacité de ravitaillement en vol pour assurer les patrouilles de longue durée ou des frappes dans la profondeur du dispositif adverse. Or dans tout conflit, la maitrise des opérations au sol passe par une domination dans les airs. A ce jour, on ne connaît pas avec précision la disponibilité des avions de combat de la Corée du Nord. La seule certitude est que le niveau d’entrainement des pilotes, voisin de 60 heures par an, est nettement insuffisant.

Pour ce qui est des tactiques, la doctrine en vigueur repose principalement sur des directives données par le sol et le guidage à distance.
Les moyens de détection, basés sur des radars à basse fréquence, sont représentatifs de la technologie des années 70 au mieux. Ces stations, très utiles pour détecter à grande distance des appareils modernes, manquent en général de précision pour le guidage des interceptions. Les systèmes sol-air SA-2/3/5/6, moyennant une remise à niveau, peuvent encore représenter une menace sérieuse, à condition toutefois de résister au brouillage et aux missiles antiradar adverses.

Pire, la chaine de commandement ne dispose d’aucune liaison de données protégée contre le brouillage ou d’avions d’alerte avancée pour la conduite des opérations.
Les avions d’attaque Q5 et Su-25 sont de vrais camions à bombes mais ils sont lents, faciles à détecter, et vulnérables face aux attaques.
Leurs moyens d’autoprotection sont au mieux obsolètes, quand ils fonctionnent.
Bref, tout se passe comme si les stratèges du nord étaient restés fidèles aux tactiques des années 50.

En face, Washington envoie des F-22 Raptor. Ces appareils, parfaitement invisibles aux radars de tir, sont capables à tout moment de survoler la Corée du nord à 18.000 m d’altitude en tout impunité pour collecter des données avec leur système de guerre électronique. Dans leur soute, des missiles air-air moyenne portée Amraam, capables de détruire un avion de combat à plus de 100 km.

Le bombardier B2 Spirit, d’un cout unitaire de 2 milliards de dollars, est l’avion le plus cher de l’histoire. Parfaitement furtif, sauf aux radars en bande basse, il peut envoyer sur n’importe quelle cibles nord-coréennes des missiles de croisière conventionnels ou nucléaires. Des moyens évolués qui s’ajoutent aux drones de surveillance tactiques et stratégiques déployés sur zone.

Côté sud coréen, Séoul aligne des avions de combat F-16 et F-15 dernier cri, avec des missiles air-air Amraam et Sidewinder. Tous les appareils sont dotés de contremesures performantes et à jour grâce aux nombreuses missions réalisées ces dernières années par les avions espions RC-135. L’efficacité de ces avions modernes, est décuplée par la présence de multiplicateurs de forces que sont les avions Awacs, les avions ravitailleurs, la liaison tactique 16 et des moyens de commandement et de contrôle C4ISR performants.

Bref, on peut parler de l’âge de pierre, en ce qui concerne la Corée du nord, comparé à un bloc occidental prêt pour la guerre en réseau.

On le voit bien, la véhémence de Pyong Yang qui agace ses voisins du sud n’a pour seul but que de faire durer encore un petit peu un régime condamné à terme. Paradoxalement, cette partie d’échecs qui se joue à plusieurs n’est pas dénuée d’intérêt pour le Pentagone qui, en ces temps de rigueur budgétaire, justifie l’existence de ses couteux moyens de défense anti missiles et de ses bombardiers stratégiques.
Mais cette crise justifie aussi un réarmement massif de tous les pays asiatiques, à commencer par le Japon qui se dote de moyens qui vont au delà des besoins d’une simple force d’autodéfense.

La rédaction

Les B2, appareils furtifs sont susceptibles d’être employés à tout moment en cas de conflit
L’appareil le plus moderne de Pyong Yang est le MIG-29
Le système anti missile balistique THAAD déployé à Guam repose sur des missiles intercepteurs qui frappent le missile adverse, on parle de hit to kill.
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Martin R.

Martin R. est le développeur et webmaster d’Aerobuzz depuis sa création en 2009. Développeur de formation, il a fait ses classes chez France Telecom. Il lui arrive d’oublier ses codes le temps de rédiger un article sur un nouveau produit multimedia ou sur un jeu.

View Comments

  • Jeux de guerre en Corée
    C'est sûr, des F22, des B2... c'est impressionnant, c'est hi-tech, c'est furtif, c'est très cher, mais il suffit d'une oie sauvage, d'un canard ou tout autre volatile un peu costaud au mauvais endroit et au mauvais moment, et ces beaux concentrés de technologies finissent au sol.

  • Jeux de guerre en Corée
    arretons les guerres , vivons en paix, comme à l'île de la REUNION , les juifs, les arabes, les métis sont à table tous les jours et ensemble, c'est comme ça qu'on avance,,, bisous à tous,,,

  • Jeux de guerre en Corée
    toujours dans ce registre du poker
    washington déclare que la Corée du Nord n'a pas de missiles nucléaires mais déploie sa plateforme maritime de détection radar dans le secteur histoire de bien parfaire son dispositif au cas ou ....
    En fait si les coréens du nord tirent un missile même dépourvu de charge militaire nucléaire, il sera néanmoins abattu .
    Cela démontrera la stupidité de posseder de telles armes au dictateur du nord tout en mettant en valeur la capacité des USA à dominer toutes les menaces.
    Les alliés du secteur remercieront les USA avec de juteux contrats militaires pour les décénnies à venir.
    Du coup les européens et les russes vont devoir eux aussi développer et vendre des moyens sol-air aux capacités anti ballistiques si ils ne veulent pas être hors du marché. ...

  • Jeux de guerre en Corée
    @ vladkr

    ""Si je me souviens bien, ce ne sont pas les nord-coréens qui ont propulsé des avions de ligne sur des immeubles en pleine ville, ce ne sont pas les nord-coréens qui ont fait sauter des bombes dans les transports publics en France, en Espagne, au Royaume-Uni...""

    Sauf que quasiment plus personne ne croit au 11/09 (à part ceux qui ont un intérêt à y croire ou les naïfs). Mais admettons que la version officielle soit vraie, il n'y avait aucun afghan ou irakien concerné mais plutôt des saoudiens. Mais on ne touche pas aux dictateurs soumis "au bloc occidental", on les soutient (Pinochet, Saouds,...). Et puis les talibans (qui signifie "étudiants") et les afghans en général ne nous ont rien demandé. Ils ont même dit aux américains (avant l'invasion) qu'ils leur livreraient Ben Laden s'ils avaient des preuves qu'il était responsable des attentats !!! Mais évidement, le but des Etats-unis n'était pas Ben Laden (comme pour les ADM de l'Iraq) mais bien le contrôle de la zone (stratégique, économique, etc).

    Concernant la Corée du Nord, je suis d'accord. Elle est peut-être moins bien équipée par rapport à ses adversaires, mais elle est surtout composée de forces spéciales entraînées à agir en profondeur derrière les lignes ennemies (Corée du sud, Japon). Et avec au moins 1 million de militaires d'élite (et fanatiques !! ), je serais curieux de voir ce que ça donne.

  • Jeux de guerre en Corée
    @Gordon :
    Si je me souviens bien, ce ne sont pas les nord-coréens qui ont propulsé des avions de ligne sur des immeubles en pleine ville, ce ne sont pas les nord-coréens qui ont fait sauter des bombes dans les transports publics en France, en Espagne, au Royaume-Uni...

  • Jeux de guerre en Corée
    ce pays la Corée du nord, s'affiche pour faire la guerre, et rien ni personne ne pourra
    les arrêter, si il utilise l'arme nucléaire!!!!! il faut que tout les pays de cette planéte, se rencontre pour arrêter l'irréparable, car actuellement nous sommes dans une nébuleuse
    ou tout peut arriver!!!!!! une guerre mondiale.

  • Jeux de guerre en Corée
    @lavidurev

    belle idée mais ca ne marche pas, makgré toutes les tentatives, le nombre de pays qui se dotent de la technologie nucléaire ou Bactériologique augmente depuis les années 60
    USA, Russie, France, Chine, UK, Israel, Pakistan, Corée du Nord, Inde ,
    et c'est pas fini ....
    a l'inverse l'Ukraine et la bielorussie ont dit non à ce type d'armes
    les armes conventionnelles proliferent aussi au gré des micro alliances scellées ca et la

  • Jeux de guerre en Corée
    Bonjour,

    Un petite pensée pour le peuple nord Corée qui subit la violence quotidienne de son gouvernement...nous sommes au 21ème siècle

  • Jeux de guerre en Corée
    Les guerres d'Irak et d'Afganistan ne peuvent en aucun cas être comparées à un hypothétique conflit avec la Corée du nord. Que je sache les Taliban n'ont jamais menacé quiconque avec des missiles intercontinentaux. Et on ne parle pas d'occuper le nord du 38eme parallèle. En tous cas, on se demande jusqu'où Kim Jong Un fera monter la pression.

  • Jeux de guerre en Corée
    Une leçon est à tirer : Les pays civilisés doivent absolument lutter contre les ventes à l'exportation d'armes vers des pays politiquement douteux.
    Condamnons les vendeurs de mort peu scrupuleux et montrons nous politiquement hostiles aux régimes qui les arment.

    ...Il n'y a pas de fumée sans feu.

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