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Défense

Jour de gloire pour le drone Patroller de Sagem

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Frédéric Lert

Le ministre de la défense était annoncé ce 31 mars 2016 à Montluçon, pour assister à la signature par la DGA, de la commande des 14 drones Patroller qui équiperont l’armée de terre. Mais le ministre et le directeur de la DGA n’ont pas pu se poser, pour cause de brouillard. Ce n’est que partie remise.


En ce 31 mars, si la météo l’avait permis, Montluçon serait devenue la capitale française du drone tactique avec la signature par Laurent Collet Billon, patron de la Direction Générale de l’Armement, d’une commande officielle de drones Patroller : il s’agit dans un premier temps de fournir à l’armée de terre deux systèmes de cinq drones chacun, avec en plus quatre appareils destinés aux missions d’entrainement. A cela s’ajouteront une station de contrôle et de réception de données par système et deux autres stations pour les appareils destinés à l’entrainement. Cerise sur le gâteau, Sagem se voit également confier la maintenance de tout cet ensemble sur une période de douze ans, avec une entrée en service prévue en 2018. Montant total du programme, environ 300 M€ à en croire les estimations parues dans la presse.

Dans l’usine Sagem de Montluçon, le Patroller prendra la place du Sperwer (150 construits en une quinzaine d’années) qu’il remplacera également au sein de l’armée de Terre. Les deux appareils sont donc « made in Montluçon », ils partagent l’appellation de « drone tactique » et seront également utilisés pour les mêmes missions et par la même unité, le 61ème régiment d’artillerie de Chaumont, qui appartient à la Brigade de renseignement. Mais les similarités devraient s’arrêter là.

Sagem a fait évoluer son drone Patroller dans un espace aérien contrôlé, en 2014. © Sagem

Le Sperwer pèse 330kg en charge, décolle sur une catapulte et revient se poser sous un parachute, protégé par des airbags. Le Patroller, dérivé du motoplaneur S15 d’Ecarys (ex-Stemme), est trois fois plus lourd. Il décolle d’une piste, tient l’air une vingtaine d’heures et revient se poser sur une piste. La rupture capacitaire est totale et donne accessoirement à réfléchir sur le sens exact de l’expression « drone tactique ».

Le choix du Patroller par l’armée de Terre, à l’issue d’une compétition longue de plus de deux ans, avait filtré en début d’année en avait surpris plus d’un. L’appareil de Sagem faisait en effet figure d’outsider face au Watchkeeper de Thales pour lequel le général Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, avait publiquement exprimé sa préférence. C’était en octobre 2014. Depuis, Sagem a vigoureusement ramé à contre courant, décrochant dans un premier temps le lancement d’une véritable compétition, avant d’enchainer les vols de démonstration.

En 2014, l’industriel fait évoluer son appareil dans la circulation aérienne générale au départ de Toulouse. L’année suivante, il démontre la qualité des capteurs embarqués avec l’emploi simultané du radar d’observation au sol et de la tourelle optronique Euroflir 410. Dans le même temps, le développement d’une charge utile d’écoute électronique met en lumière la versatilité annoncée du drone. Alors que Thales plaidait pour la coopération franco-britannique avec son Watchkeeper, Sagem jouait en outre la carte du « made in France » pour les équipements et leur intégration. Un choix qui s’est finalement révélé payant.

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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    • Jour de gloire pour le drone Patroller de Sagem
      Je pense pas que ça soit le motoprout le plus cher, plutôt le radar, boule optronique, les coms, et bien sûr le système de pilotage auto et les stations sol.

  • Jour de gloire pour le drone Patroller de Sagem
    Avec tout ça, il n'y a qu'un pas à ce qu'on mette à la porte le club de vol à voile de Montluçon pour récupérer des hangars qui rapporteront beaucoup plus d'argent au Syndicat mixte de gestion de l'aéroport.

  • Jour de gloire pour le drone Patroller de Sagem
    Je voudrais maintenant que l'on m'explique la différence avec les drones Reaper de l'Armée de l'air (mis en oeuvre par les américains, mais ce n'est qu'un détail pour nos généraux "aviateurs" passés par le programme Young Leaders de Colorado Springs) ....
    Stratégique ? tactique ? c'est un peu tiré par les cheveux tout ça .
    Ainsi il y eut jadis les ASMP qui remplaçant les armes tactiques des Mirage IIIE de Luxeuil en 1988, se virent qualifiés de "pré-stratégiques" puis finalement vers 1993 de "stratégiques" tout court....
    La défense anti-aérienne sous forme de missiles ayant déjà fait quelques aller-retours entre l'AT et l'AA (heureusement que la Marine a les siens vissés sur le pont des frégates, sinon l'AA aurait déjà mis le grappin dessus) alors peut-être y aura-t-il dans un futur proche une réattribution des cartes drones.
    Personnellement en tant que pilote de chasse, cela ne me gênerait pas qu'on refile ces maquettes (certes fort utiles) à nos camarades terriens ....
    En attendant bravo à Sagem pour ce joli produit - tiens c'est drôle, on voit bien la trace de ce qui était le cockpit, peint en gris comme le reste de la cellule. Une possibilité d'évolution peut-être ?

    • Jour de gloire pour le drone Patroller de Sagem
      bonjour Stormy,
      une correction et quelques précisions en réponse à votre message. Jusqu'à présent, les Reaper de l'armée de l'Air décollent et atterrissent avec des contractuels de General Atomics aux commandes. Des équipages de l'armée de l'Air assurent la mission proprement dite. En attendant la mise au point du décollage et de l'atterrissage automatisés, l'armée de l'air dépend du bon vouloir des autorités américaines pour former ses propres pilotes sur ces deux phases de vol. Sur la confusion des genres entre tactiques et autres, on est en plein dedans avec le Patroller : le Watchkeeper de Thales qui était son concurrent était grosso modo deux fois plus petit. L'appareil que souhaitait présenter Airbus dans cette compétition, basée sur le Shadow américain, était encore plus compact. Rarement un appel d'offre aura débouché sur des offres aussi dissemblables. Inversement, le Patroller utilise la même motorisation et présente grosso modo le même bilan de masse que le Harfang déjà mis en oeuvre par l'armée de l'Air... Le cahier des charges de la DGA demandait une autonomie de 8 heures, le Patroller en offre deux fois plus. Plus de 15h d'autonomie donc mais pour patrouiller à portée de liaison radio, en l'absence de liaison satellitaire…

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