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L’A400M Atlas, enfin !

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Pierre Sparaco

Airbus Military a officiellement livré à la France, le premier A400M des 174 qu’il a en commande. Le constructeur européen a organisé un grand événement, lundi 30 septembre, à Séville. Bien que l’heure était à la fête, Tom Enders, le PDG d’EADS, a tenu à rappeler que ce programme avait failli s’écrouler, il y a quatre ans…


C’est un aboutissement d’importance majeure : l’armée de l’Air française dispose depuis le début de la semaine du premier de ses 50 A400M, limité à un statut opérationnel initial, prélude à une entrée en service lente et progressive. D’ici à 2019, c’est-à-dire au terme de la période couverte par la prochaine loi de programmation militaire, 15 exemplaires seulement lui seront livrés, comme s’il s’agissait d’apprendre la patience aux militaires. Une remarque qui s’applique à l’ensemble des sept pays qui participent à ce programme de longue haleine, en son temps sauvé de justesse d’un véritable désastre budgétaire exacerbé par des difficultés de mise au point.

Les 174 exemplaires actuellement prévus, à produire à petit rythme, pourraient être rejoints par des clients à l’exportation, l’A400M bénéficiant d’un monopole de fait dans sa catégorie, son seul semi-concurrent étant le Lockheed Martin C-130J qui affiche des capacités opérationnelles moitié moindres. Entre-temps, la montée en cadence se poursuivra, illustrant au passage le rôle industriel d’importance croissante de l’Espagne aéronautique (et en particulier de l’Andalousie) considérablement renforcé par l’A400M. Lequel, on l’a découvert lundi à Séville, est désormais baptisé Atlas (et non plus Grizzly), même en France, sur base de l’exemple donné par le Royaume-Uni.

La livraison officielle à la France de son premier Atlas a été prétexte à une cérémonie grandiose réunissant plusieurs centaines d’invités. Un festival du genre à la gloire des spécialistes de ce qu’il est convenu d’appeler l’événementiel, débauche d’images vraies et de synthèse, d’effets optiques impressionnants, le tout dans une débauche de décibels musicaux à la mesure de ce moment tant attendu. Tom Enders, président exécutif d’EADS, a été le seul orateur à afficher le courage de le rappeler : il y a 4 ans, le programme A400M a tout simplement failli s’écrouler. René de ses cendres, le voici célébré comme il se doit, c’est-à-dire une grande victoire de l’Europe, une preuve spectaculaire que l’union fait la force, illustration de la capacité des Etats -et des militaires- à unir leurs efforts pour rédiger une fiche-programme unique capable de conduire à un matériel multinational performant.

Voici oubliés les problèmes de tous ordres qui avaient envahi l’actualité. L’armée de l’Air, qui a le sens de la formule et la capacité d’aller à l’essentiel, l’a rappelé : un Atlas fera le travail de deux Hercules et celui de quatre Transall. Sur Paris-Dakar, par exemple, il acheminera 21 tonnes de fret en 8 heures, à comparer à 6 tonnes seulement sur Transall, conduites à destination en 2 jours. C’est un gros avion, affichant une masse maximale au décollage de 141 tonnes, doté de quatre imposants turbopropulseurs EPI TP 400 de 11 000 ch équivalents chacun développés par un consortium créé pour la circonstance par Rolls-Royce, Snecma, MTU Aero Engines et Industria de Turbopropulsores. Pour la cellule, la répartition des tâches est proche de celle du « système » Airbus civil.

Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, un homme pondéré, n’a pas hésité à affirmer que la première livraison d’A400M « constitue un événement majeur, comme il s’en produit peu » et a salué la force de cette démarche européenne. « L’Europe de la Défense ? Nous la construisons ! »

L’heure était donc au réalisme. Une impression confirmée par Tom Enders qui, ne mâchant pas ses mots, a noté que l’industrie se devait d’éviter les calendriers irréalistes et les financements insuffisants. En 2009, son prédécesseur, Louis Gallois, avait déjà reconnu « qu’EADS avait sous-estimé la complexité du programme et accepté la première livraison six ans et demi après le lancement alors qu’il en aurait fallu douze ». Il est vrai que les industriels font à peine mieux dans le domaine civil comme en témoignent éloquemment les mauvaises expériences de l’A380 et du 787.

Aujourd’hui, avec l’A400M, même tardivement, voici l’Europe de la Défense partiellement réconciliée avec elle-même. Mieux, l’A400M baptisé Ville d’Orléans, éclairé en bleu blanc rouge, sur fond de Marseillaise, a permis à Séville de nous offrir un beau moment de rêve.

Pierre Sparaco

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Pierre Sparaco

View Comments

  • L’A400M Atlas, enfin !
    Ayant travaillé sur le projet comme officier de marque en 1996-1998, quand le programme était encore dans les limbes (l'ATF/FLA), je suis heureux de le voir enfin arriver dans les forces.
    Courage Transall, encore un dernier effort !

  • L’A400M Atlas, enfin !
    Avec la disparition du C-17, l'A-400M est promis à une belle et longue carrière avec de nombreuses versions. Voila ce qui attend cet avion remarquable.

  • L’A400M Atlas, enfin !
    Très bel avion mais les chaines fermeront à la sortie du 174 éme exemplaire s’il n’est pas suivit d’une famille, par exemple un bimoteur avec deux TP400 pour transporter 19 tonnes de fret. Construit avec le maximum d’éléments et systèmes du A400M, même train avec quatre bogies en lieu de six, il serait certainement moins cher que développer un nouvel avion et contrera l’offre d’Embraer et des nouvelles versions du C130 puisque un marché existe bel et bien pour un 20 tonnes de fret tactique et autres applications militaires comme la lutte ASW, entre autres. L’existence de ce petit frère aidera surement les ventes à l’export du ATLAS.

  • L’A400M Atlas, enfin !
    Un bel avion qu'est l'A-400M qui arrive ,certes avec quelques années de retard, mais à point pour remplacer progressivement les bons vieux Transalls à bout de souffle.. J'espere seulement que l 'ATLAS aura une carriere aussi prestigieuse que son ainé dans le transport militaire !!!

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