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Défense

L’Archange s’envole

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Frédéric Lert

A partir de 2025, des Falcon 8X « Archange » aux couleurs de l’armée de l’air prendront en charge la mission de renseignement électromagnétique. La France entre dans le 21ème siècle.

La mission ELINT (Electronic Intelligence) est aujourd’hui du ressort des deux Transall Gabriel (Groupement Aérien de Brouillage, Recherche et Identification Électronique ) entrés en service en 1989 au sein de l’Escadron électronique aéroporté 00.054 « Dunkerque ». Les avions ont été utilisés pour la première fois au combat l’année suivante pendant la première guerre du Golfe et ils ont depuis écumé tous les théâtres d’opérations français ainsi que quelques autres zones d’intérêt…

Les Transall Gabriel à bout de souffle

Les Transall Gabriel sont équipés d’une dizaine de consoles de travail et de nombreuses antennes permettant l’écoute et le recueil d’une large gamme de signaux électroniques. Signe des temps et de l’importance prise par l’interception des communications téléphoniques, les linguistes sont aujourd’hui des habitués de ces avions…

Malgré la modernisation des équipements embarqués, la valeur du « système » Gabriel est aujourd’hui directement fonction de celle du porteur,  un avion lent et en fin de vie. Depuis quelques années déjà, l’Armée de l’air tirait le signal d’alarme en faveur du l’achat d’un appareil de remplacement.

De la Baltique au Sahel, cela fait trente ans tout juste que le Transall Gabriel promène ses antennes sous toutes les latitudes. © Frédéric Lert/Aerobuzz

L’Archange dans la foulée de Gabriel

Le 28 février 2019, au terme d’un comité ministériel d’investissement, la ministre des Armées a décidé de lancer la réalisation du programme Archange (Avion de renseignement à charge utile de nouvelle génération). On remarque au passage que du Gabriel à l’Archange, et au prix d’un bel effort en matière d’acronyme, il a donc été décidé de rester dans le registre religieux pour tout ce qui touche à l’interception d’ondes évanescentes…

Les nouveaux avions seront dotés d’une capacité universelle de guerre électronique (CUGE)  qui reposera sur un capteur « inédit » permettant l’interception simultanée des émissions radio et radar et ayant demandé, dit-on, près de dix années d’études à Thales. Le ministère des armées évoque également l’emploi de l’intelligence artificielle pour améliorer les traitement automatiques des signaux. Une plateforme d’entrainement au sol complètera le dispositif.

Le Falcon 8X de Dassault préféré à l’A320 d’Airbus

Airbus et Dassault étaient en concurrence pour fournir l’appareil qui emporterait cette charge utile. Bien aidé par la miniaturisation des capteurs et sans doute aussi par la maitrise des besoins en énergie électrique, c’est finalement le second qui l’a emporté avec le Falcon 8X, préféré à un appareil de la famille Airbus A320.

Face aux Transall Gabriel qu’ils remplaceront, les Falcon présentent d’immenses atout : plus légers, plus discrets, bien plus rapides (la vitesse au combat, c’est la vie !) et sans doute aussi moins coûteux malgré la présence de trois réacteurs. Bien que n’étant pas (encore) ravitaillables en vol, les Falcon offriront également une plus grande allonge et un plafond opérationnel beaucoup plus important, une donnée essentielle en matière d’interception électromagnétique.

Le Transall Gabriel emporte 8 ou 9 opérateurs dans sa soute. Le Falcon 8X est quant à lui certifié pour 19 passagers en plus des trois membres d’équipages, ce qui devrait lui permettre, en tenant compte des équipements embarqués, d’emporter le même nombre de postes de travail que le Gabriel.

2025, qui sera une année pivot pour l’Armée de l’air

L’entrée en service des trois avions prévus devrait se faire à partir de 2025, qui sera une année pivot pour l’Armée de l’air, avec comme mantra la connectivité et « l’ascendant informationnel sur l’adversaire ». Le Rafale au standard F4, avec une capacité de combat collaboratif accrue, entrera dans les forces à cet horizon. Il sera alors épaulé par les ravitailleurs Phénix et donc par les trois Archange. Ces derniers pourront jouer un rôle essentiel non seulement dans le cadre des opérations classiques, mais également dans le cadre de la mission nucléaire grâce à leur vitesse et leur autonomie.

Nul besoin d’être grand clerc pour imaginer par exemple un Archange suivant un raid nucléaire à bonne distance tout en le tenant informé en temps réel du niveau de menace…

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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