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Défense

Le Diodon : un drone gonflable qui ne craint pas l’eau.

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Frédéric Lert

Deux étudiants de l’ISAE Supaero ont créé sous la marque Diodon Drones Technology une gamme de drones multirotor dont la structure est gonflable. L’appareil peut se poser sur l’eau et encaisse mieux les chocs. Le mariage du drone et de la pompe à vélo sera-t-il fécond ? Les militaires s’y intéressent…

Lors du dernier salon Sofins consacré aux forces spéciales qui s’est tenu en région bordelaise, Antoine Tournet et Roman Luciani ont réussi un joli coup en exposant leurs deux prototypes de drones gonflables. L’idée est aussi simple qu’ingénieuse : en remplaçant la structure habituelle d’un appareil multirotor à décollage et atterrissage vertical par une structure souple et gonflable, l’appareil gagne en compacité pendant son transport, il résiste mieux aux chocs et il peut se poser sur l’eau. Une idée simple donc, mais qui a demandé deux ans de travail et s’est traduite par le dépôt d’un brevet sur la réalisation de la structure gonflable.

« L’inflatoplane », l’avion gonflable de Goodyear

L’avion gonflable de Goodyear. L© DR

La vraie fausse bonne idée de Goodyear : l’avion gonflable. Le moteur thermique participait au maintien de la pression de gonflage pendant le vol pour faire face aux microfuites… © DR

Dès le milieu des années cinquante, Goodyear avait travaillé avec son « Inflatoplane » sur l’idée d’avion gonflable. Largué dans une caisse, il était gonflé une fois déballé et prenait son envol. But du jeu : exfiltrer un pilote abattu ou quelqu’un d’isolé, hors de portée des hélicoptère. L’affaire à fait pschitt, les militaires finissant par se désintéresser d’un appareil qui pouvait être abattu avec un arc et une flèche, et dont les qualités de vol étaient finalement assez douteuses…

Gonflable, une technologie dans l’air

Mais l’idée du souple et du gonflable n’est pas morte : on pense bien sûr à la société Bigelow Aerospace, dont un module gonflable, préfigurant un futur habitat spatial, est expérimenté depuis 2016 sur la Station Spatiale internationale. L’idée est de gagner de la masse au lancement, tout en bénéficiant de volume une fois installé en orbite.

Le modèle léger de la gamme Diodon : quatre rotors pour 200g de charge utile et un encombrement, une fois replié, de 20x20x10 cm. La housse de transport est derrière l’appareil. © Frédéric Lert / Aerobuzz

Nos deux élèves ingénieurs ont eu la présence d’esprit d’appliquer cette idée du souple et résistant aux drones légers. Ils ont démontré ensuite leur ténacité en créant leur société, en faisant fabriquer des prototypes et en développant une gamme d’appareils de 4 et 6 rotors. Du 27 au 30 mars dernier, journalistes et galonnés ont défilé sur leur stand pour y découvrir deux prototypes.

Le SP 20 (pour Small Payload) est un quadrirotor offrant une charge utile de 200g. Le MP 40 (Medium Payload) est un hexarotor pesant 2kg à vide, avec un charge utile de 400g. En préparation, un HP 150 (Heavy Payload) avec 1,5 kg de charge utile. Mais pour toute la famille, la philosophie est la même…

Le MP40, vu ici avec un de ces bras dégonflé pour montrer la simplicité de transport et de mise en œuvre. Les valves de gonflage sont identiques à celle utilisées sur les accessoires de plage… © Frédéric Lert / Aerobuzz

Un drone gonflé

« La structure qui porte les moteurs électriques et les hélices est entièrement souple et se gonfle en moins d’une minute avec un gonfleur électrique ou même une pompe à vélo » expliquent Antoine et Roman. « Toute la partie motorisation, électronique embarquée et capteur est étanchéifiée, ce qui permet au drone de se poser sur l’eau. Un autre avantage de cette structure est la résistance au choc de la structure qui se déforme mais ne casse pas. Une fois dégonflé, l’appareil tient dans un sac de dimension très réduite ». Difficile de trouver des défauts à la structure gonflable selon ses concepteurs, qui ne notent pas d’augmentation significative de masse ou de trainée par rapport à un appareil « traditionnel ». La prise au vent ne semble pas non plus être un souci, « le MP40 vole confortablement même quand il est confronté à un vent de 20kt ».

Les deux jeunes ingénieurs sont en discussion avec plusieurs utilisateurs étatiques potentiels et travaillent à présent sur la mise sur le marché de leurs appareils.

Frédéric Lert

 

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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